Le nom de Frédérick Baron vous est peut-être inconnu. Pourtant, le parolier français a été récompensé du prix Stéphane Venne, ce lundi 16 septembre, lors du gala annuel de la Société Professionnelle des Auteurs Compositeurs du Québec (SPACQ). Un prix prestigieux remis par la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN) qui vient saluer ses 18 ans de contribution à la musique québécoise.
Ses parents écoutaient Diane Dufresne, Robert Charlebois, etc. Frédérick Baron a été bercé par les voix du Québec durant toute son enfance. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 1997, l’auteur choisisse de quitter Carcassonne pour la Belle Province afin de se consacrer pleinement à sa passion pour la musique.
Après trois ans d’étude en psychologie, dont deux en France et une au Québec, rien ne présageait pourtant que Frédérick Baron, parolier, interprète dans une moindre mesure et professeur depuis quelques années, dédierait sa carrière à la musique. Il y a 20 ans, l’auteur n’en était pas encore un à proprement parler. ”Je faisais des petits shows dans les cabarets, reprenant des classiques et parfois quelques uns de mes textes”, nous a confié le passionné.
Vincenzo Thoma, Céline Dion, Roch Voisine…
C’est une rencontre déterminante avec le compositeur (re)connu Vincenzo Thoma que tout s’accélère. Les commandes de textes se multiplient et le Français commence à écrire sa vie en chansons dès 2001. Il abandonne alors son idée de devenir psychopédagogue et entame la carrière qu’on lui connaît aujourd’hui. “Mes parents avaient du mal à comprendre mon métier au début. Quand je leur ai appris que je voulais quitter mes études pour la musique, ils étaient catastrophés ! D’autant que je ne leur parlais que de stars québécoises qu’ils ne connaissaient absolument pas”, se souvient celui qui a fini par montrer à sa mère une photo de lui en compagnie de Céline Dion. “Là c’est devenu concret ! Et puis quand je lui ai parlé de mon contrat avec Roch Voisine, elle était plus excitée que moi (rires)”.
Il écrit pour IMA, Roch Voisine, contribue au deux premiers albums de Chimène Badi, entre autres. Mais sa collaboration favorite reste sans aucun doute celle avec Marc Dupré, grâce auquel il rencontre Céline Dion. En 2010, il co-écrit avec elle “Entre deux mondes”, un titre interprété par Marc Dupré, pour lequel ils remporteront tout deux le prix de la chanson de l’année 2011, décerné par la SOCAN.
“En France, c’est certain, je n’aurais jamais pu percer”
Ce succès fou, c’est en partie au Québec qu’il le doit. “Je ne parle pas de l’immensité canadienne dans mes textes (rires), mais vivre au Québec m’a libéré au niveau créatif : (…) on m’a fait confiance, ça m’a inspiré”, raconte Frédérick Baron qui a également travaillé pour de nombreuses personnalités françaises, mais toujours grâce à sa terre d’accueil. ”À chaque fois que j’ai travaillé pour des artistes français, c’était grâce à mon réseau québécois. Ici c’est beaucoup plus simple de rencontrer des stars. En France, c’est certain, je n’aurais jamais pu percer, et rencontrer des personnalités de cette ampleur”.
Ce lundi 16 septembre, ce n’était pas seulement un titre qui était récompensé, mais l’ensemble de la carrière de l’auteur. Pas étonnant que le parolier ait versé une larme à l’annonce de la bonne nouvelle. “J’étais comme un enfant, mon travail était reconnu et j’ai tout de suite pensé à mon grand-père”, confie-t-il. Issu d’une famille d’immigrés espagnols, son grand-père paternel s’apprêtait à intégrer l’Opéra de Madrid et à vivre de sa passion pour la musique quand il a été contraint de fuir la dictature de Franco et de rejoindre la France. “Mon grand-père chantait tout le temps, se remémore-t-il. Moi, j’ai réussi à vivre de mes chansons et en recevant ce prix prestigieux j’ai eu l’impression de réparer une injustice”.
En plus de sa carrière d’interprète, Frédérick Baron se fait aussi un plaisir de transmettre sa passion en donnant des cours en techniques d’écriture de chansons à l’Ecole Nationale de la chanson de Granby, depuis bientôt 4 ans. Le parolier multiplie également les ateliers d’écriture, surtout dans les provinces anglophones où il défend sa langue natale. “J’ai à coeur le français, et je parle trop peu anglais pour me permettre d’écrire dans cette langue“.
Frédérick Baron fait partie des rares chanceux à pouvoir vivre de l’écriture de chansons. “On doit être 4 ou 5 dans ce cas à pouvoir vivre de nos royautés (aussi appelé “royalties” par les maudits Français que nous sommes), sur les passages télévisés, radio, scéniques et les ventes d’albums”, avoue l’artiste qui n’hésite pas à s’investir pour ses camarades de galère. “Déjà que ce n’était pas facile de vivre de ce métier avant, alors avec le streaming c’est de plus en plus difficile. Les plateformes rémunèrent mal les chanteurs, encore moins bien les paroliers”.
Membre de la SPACQ et du Regroupement des artisans de la musique (RAM), Frédérick Baron espère chaque jour que le travail des paroliers sera mieux valorisé. Même s’il a quitté la France, le parolier espère que le Québec suivra l’exemple de sa terre d’origine qui, d’après lui, protège davantage les droits des artistes.
Sa nouvelle distinction en poche, Frédérick Baron entame un nouveau couplet de sa vie. Il mobilise actuellement ses talents sur un nouveau projet, une comédie musicale historique (on n’en saura pas plus). Pleinement satisfait, il s’est engagé sur ce travail de longue haleine qui lui permet de développer ses textes tout au long d’une histoire que vous pourrez découvrir, il l’espère, en automne 2021. À suivre…