Cinemania, festival dédié aux films francophones, revient à Montréal du jeudi 7 au dimanche 17 novembre pour une 25e édition des plus inspirantes. Au programme : 51 films, 17 pays représentés, 24 invités et de nombreuses conversations en perspective.
Honneur aux femmes
Sur la cinquantaine de films projetés, quinze sont l’oeuvre de réalisatrices. Une thématique féminine qui s’est imposée en toute logique cette année : “Ce n’est pas nous qui avons créé ça, c’est une thématique qui est arrivée comme ça et c’est tant mieux“, convient Guilhem Caillard, directeur général de Cinemania.
Le festival s’ouvrira donc sur Portrait de la jeune fille en feu de la réalisatrice Céline Sciamma. Un film symbolique pour débuter cette 25e édition, un long-métrage imaginé par une femme, avec des femmes. Un scénario presque 100 % féminin (un seul homme dans le film) donc, mais qui souligne une présence masculine oppressante sur la destinée d’Héloïse, la jeune fille en feu. “Il y a un homme au début qu’on revoit à la fin et, comme dans un film d’horreur, tout le monde sursaute dans la salle à ce moment-là !”, a confié Céline Sciamma à Paris Match. On retrouvera la réalisatrice dans le documentaire Cinéma, au féminin pluri(elles) de Patrick Fabre dans lequel elle évoque ses réflexions sur le rôle des femmes au cinéma aux côtés d’autres telles réalisatrices Agnès Varda, Stéphanie Pillonca ou encore Tonie Marshall.
D’autres films prendront une place majeure dans cette thématique comme Papicha qui représentera l’Algérie aux Oscars alors même que la projection de ce film est interdite dans ce pays. Un paradoxe sur lequel la réalisatrice Mounia Meddour reviendra les 16 et 17 novembre à l’issue des projections du film. Un long-métrage “qui porte une voix importante”, selon les mots de Guilhem Caillard, et qui suit le parcours de Nedjma, une jeune Algérienne dans les années 1990 qui tente envers et contre tous de réaliser ses rêves en luttant par la même occasion contre l’oppression.
Les Hirondelles de Kaboul est le premier dessin-animé proposé à Cinemania mais aussi le premier long-métrage de l’actrice et maintenant réalisatrice Zabou Breitman, co-réalisé avec Eléa Gobbé-Mévellec. Des dessins à l’aquarelle plongent les spectateurs dans l’histoire d’un couple qui doit survivre durant l’occupation des Talibans à Kaboul.
C’est également une femme qui aura le droit à un “focus” cette année, du 7 au 9 novembre. L’actrice belge Marie Gillain sera mis en lumière avec la projection de quatre films dont elle est la tête d’affiche : Les affinités électives, Toutes nos envies, Marie et Ni pour, ni contre (bien au contraire).
L’an passé, quatre-vingt-deux femmes de l’industrie mondiale du cinéma montaient ensemble les marches du Festival de Cannes. Elles ont ébloui le monde par leur acte de protestation. Avec “Redescendues les marches du palais, que s’est-il passé ?“, Cinemania proposera un état des lieux des avancées récentes pour la parité dans le monde du cinéma, en présence du réalisateur Patrick Fabre et de plusieurs invités du festival. La table ronde suivra la projection du documentaire “Cinéma, au féminin pluri(elles)”, le vendredi 8 novembre, à la Cinémathèque Québécoise.
Un peu d’environnement
Nicolas Vanier est l’un des invités d’honneur de cette 25e édition. Donne-moi des ailes clôturera le festival. Un film avec lequel, une fois encore, le réalisateur alerte sur les dangers qui menacent la nature. Inspiré par l’histoire vraie de Christian Moullec, Nicolas Vanier donne à voir des paysages à couper le souffle et soulève la question de la sauvegarde des espèces en voie de disparition. Découvrez l’épopée de Christian, interprété par Jean-Paul Rouve, et son fils, survolant l’Europe à bord de leur ULM, le dimanche 17 novembre, dès 18 h 30, à Cinéma Impérial.
Luttes et revendications sociales
De nombreux films de cette nouvelle édition abordent des sujets sociétaux tel que l’intégrisme religieux ou la violence policière.
Le réalisateur Ladj Ly s’est particulièrement fait remarquer avec Les Misérables. Dans ce film choc, il aborde la question des violences policières et de l’injustice dans les banlieues défavorisées. “Cela fait plus de vingt ans que nous sommes les ‘gilets jaunes’, que nous sommes confrontés à des violences policières, à des tirs de flashball dans la gueule […]. Nous sommes prêts à une projection à l’Elysée“, avait asséné le réalisateur lors de la présentation de son film au Festival de Cannes 2019. Ladj Ly nous invite à suivre une patrouille de la BAC (brigade anti criminalité) arpentant les rues et les HLM de la banlieue parisienne de Montfermeil. Les acteurs Almamy Kanouté, Alexis Manenti et Steve Tientcheu seront présents pour discuter de cette projection.
Dans la thématique de l’extrémisme religieux dont font aussi partie “Les Hirondelles de Kaboul” et “Papicha” évoqués précédemment, on peut également citer Les Ébouis de Sarah Suco. Le film raconte l’histoire d’une famille nombreuse entrainée dans des convictions religieuses de plus en plus restreignantes, jusqu’à ce que Camille, 12 ans, soit contrainte de renoncer à sa passion du cirque. Une situation qui la poussera à lutter pour sa liberté et celle de ses frères et soeurs. Le film sera projeté en présence de l’acteur Éric Caravaca, incarnant le père de famille, devenu si l’on peut dire spécialiste de la question après son rôle dans le film “Grâce à Dieu” sorti la même année, et du producteur Dominique Besnehard.
Le coup de coeur
Tous les ans, Cinemania choisit un coup de coeur. Cette année, le film de Nicolas Bedos La Belle Epoque sera à l’honneur. “Si vous deviez revivre une époque, vous choisiriez laquelle ?” : c’est à cette grande question que Daniel Auteuil, incarnant Victor, à dû répondre pour qu’Antoine, joué par Guillaume Canet, puisse faire revivre ses plus beaux souvenir.