Sans RAMQ (l’équivalent québécois de la sécurité sociale française), avoir un bébé peut coûter une petite fortune. Deux jeunes mamans nous racontent comment elles ont réussi à limiter la facture.
Selon l’Hôpital général juif, le coût total d’un accouchement oscille entre 14 784 $ pour un accouchement non compliqué) et 29 460 $ pour accouchement compliqué.
Grossesse surprise
Sitti n’avait pas prévu de tomber enceinte. Arrivée en PVT (permis de travail ouvert) avec son mari, elle savait qu’elle n’avait pas droit à la RAMQ et que son assurance privée, valide pour la durée de son permis de travail, ne couvrait pas les frais liés à une grossesse et un accouchement. « Comme j’étais arrivée [quelques mois plus tôt], je n’avais pas trop d’informations sur le fonctionnement de la santé au Québec », explique-t-elle.
Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle appelle donc le 811, qui la redirige vers le service Ma Grossesse. « Ils m’ont envoyé une liste de médecins qui prennent les patients sans RAMQ, se souvient-elle. J’ai appelé deux médecins dont les honoraires étaient parmi les moins chers, environ 60 ou 70 $ la consultation. »
L’un des deux professionnels de santé est affilié à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’autre à l’Hôpital général juif. Sitti opte pour ce dernier, après avoir entendu de bons échos sur la qualité des soins qui y sont prodigués. « J’avais comparé les frais dans les deux hôpitaux pour un suivi de grossesse et un accouchement, et ça s’équivalait », explique-t-elle.
Le premier rendez-vous lui coûte 200 $ tandis que les suivants, qui ont lieu environ une fois par mois, sont à 60 $. Pour ses premières analyses, la médecin la dirige vers les laboratoires CDL, où les prix sont plus bas qu’en clinique.
Entre-temps, le couple contacte l’organisme Médecins du monde, qui aide les personnes en situation précaire à obtenir des soins de santé. Bien qu’ils ne soient pas éligibles à la prise en charge des frais médicaux, ils bénéficient tout de même d’une réduction de 50 % sur les analyses. « Comme elles coûtaient environ 1000 $, ça a été très bénéfique », précise Sitti.
Elle parvient aussi à faire couvrir certains frais, notamment les échographies, par l’assurance privée liée à son emploi.
Grossesse prévue
Lorsque Mathilde et son conjoint arrivent au Québec en PVT à la fin de 2021, ils ont respectivement 29 et 31 ans. « On avait une meilleure situation ici qu’en France, on se sentait bien alors on s’est dit “pourquoi pas faire un enfant” », se souvient-elle. Après avoir envisagé de déménager dans une autre province, ils trouvent une solution leur permettant de rester au Québec : elle transfère sa sécurité sociale française à la CFE (Caisse des Français de l’Étranger) et souscrit à l’assurance privée française Malakoff Humanis, qui couvre notamment les frais liés à la grossesse et à l’accouchement, après un délai de carence de trois mois. « C’est l’équipe de Malakoff Humanis qui s’est occupée de transférer ma sécurité sociale à la CFE, se souvient-elle. J’avais un seul versement à faire [pour le CFE et l’assurance privée], et un seul interlocuteur. »
Elle opte pour le forfait à 4 500 € par an, qui prend en charge les frais de grossesse jusqu’à 15 000 €, y compris en cas de césarienne. « Il faut toutefois avancer les frais au Québec et envoyer la facture via la plateforme, prévient-elle. Le remboursement a lieu environ un mois plus tard ».
Elle se rappelle aussi que son assurance exige des factures très détaillées, listant tous les actes réalisés. « Ici ça ne se fait pas, j’ai [parfois] dû me battre pour avoir des factures plus détaillées, et les remboursements ont été faits trois à six mois plus tard pour certains », confie-t-elle. Elle reconnaît qu’il est important de disposer d’une bonne trésorerie et de se préparer à avancer certains frais.
Après plusieurs fausses couches, elle parvient enfin à tomber enceinte. La maison de naissance affiliée à l’Hôpital général juif accepte d’assurer le suivi de sa grossesse. Le forfait couvrant la grossesse et l’accouchement est estimé à 8 000 $.
« On est tombé sur des gens adorables, à l’écoute, se réjouit-elle. Je leur ai expliqué que j’avais besoin de factures détaillées, ils ont été très compréhensifs. » L’échographiste leur a même facturé une seule échographie au lieu de trois.
Accoucher à l’hôpital
Avant le jour J, Sitti et son mari ont dû avancer les frais liés à l’accouchement : environ 15 000 $, qu’ils ont pu régler en plusieurs versements à l’Hôpital général juif. Ces frais comprenaient les jours d’hospitalisation ainsi que les honoraires des médecins présents ce jour-là, entre autres.
Au départ, Sitti souhaitait un accouchement physiologique, sans péridurale, dont le coût s’élevait à 2 000 $. Finalement, des complications l’ont conduite à recevoir une péridurale et à accoucher par césarienne. « On ne sait pas encore si on aura des coûts supplémentaires, on attend la facture », confie-t-elle.
Mathilde, de son côté, a finalement dû être transférée à l’hôpital pour son accouchement. Son conjoint a donc contacté leur assurance pour passer en forfait « urgences », qui permet de ne pas avancer les frais. « Nous n’avons jamais reçu la facture, donc la communication s’est bien faite, comme prévu », assure-t-elle.
Même si tout s’est bien passé, Mathilde reconnaît que tomber enceinte sans avoir accès à la RAMQ peut représenter une lourde charge mentale et financière. « Je conseillerais d’attendre d’avoir un autre permis qui donne accès à la RAMQ, ou la résidence permanente si c’est possible », ajoute-t-elle.