La saison des impôts s’en vient. L’occasion de vous pencher d’ici le 30 avril (ou le 15 juin si vous êtes travailleur indépendant) sur cette année si particulière qui a affecté le travail et les finances de la plupart d’entre vous. Quel traitement fiscal réserver aux aides gouvernementales liées à la Covid-19 ? Le télétravail depuis le domicile donne-t-il droit à des déductions ? Deux experts-comptables nous ont aidé à répondre aux questions que vous vous posez concernant ces deux changements majeurs en 2021.
L’impact des mesures d’aide économique
Ceux d’entre vous – très nombreux – qui ont reçu un coup de pouce gouvernemental lié à la pandémie ont en principe reçu un formulaire T4A ou T4E. Vous devrez inscrire les aides suivantes comme revenu imposable sur votre déclaration 2020 :
-la PCU (Prestation canadienne d’urgence) et la PCUE (étudiants). L’Agence du Revenu du Canada (ARC) indique qu’aucun prélèvement n’a été effectué sur ces sommes donc préparez-vous à éventuellement devoir payer des impôts dessus, en fonction de votre situation globale.
-la PCRE (Prestation canadienne de relance économique), la PCMRE (maladie) et la PCREPA (proches) ont fait l’objet d’une retenue à la source de 10%. Mais cela ne veut pas dire qu’elles n’impacteront pas votre impôt car le montant final retenu sera peut-être différent.
«Il faut vous attendre à payer de l’impôt sur la PCU et la PCUE, surtout si vous avez un salaire ou revenu assez élevé», estime Benoît Poudrette, CPA auditeur et CGA au cabinet Poudrette & Associée, qui prévient que les aides auront un impact sur la déclaration mais aussi sur certaines mesures sociales comme l’allocation canadienne pour enfant, car la prestation s’ajoutera au revenu, ce qui pourra diminuer le montant des allocations pour certains.
Attention aux erreurs
En principe, Revenu Canada et Service Canada ont envoyé tous les relevés T4A et T4E au plus tard le 10 mars 2021. Selon Benoît Poudrette, il y a eu des erreurs. «J’ai eu des clients qui ont reçu un feuillet erroné ou qui n’ont rien reçu», précise le CPA. «Il faut faire très attention», abonde Marie-Madeleine Lochet, expert-comptable française et CPA CA canadienne au Cabinet Consulting MMCA, qui recommande de vérifier attentivement le contenu des relevés. «C’est très important car les dossiers des gouvernements et les redressements se feront à partir de ceux-ci», souligne l’experte.
Si vous êtes victime d’une omission ou d’une erreur, appelez Revenu ou Service Canada sans tarder pour demander une modification et attendez la rectification avant de déclarer vos revenus, conseille Marie-Madeleine Lochet pour qui cette année, votre diligence et votre responsabilité en tant que déclarant sont particulièrement mises à l’épreuve.
Travail à domicile
C’est la bonne nouvelle de l’année. Certaines dépenses de bureau seront déductibles si vous avez travaillé au moins 50% de votre temps à domicile pendant une période d’au moins 4 semaines consécutives en raison de la Covid-19. Vous pourrez choisir entre deux méthodes de calcul. Selon la méthode à «taux fixe temporaire», vous pourrez déduire 2$ par jour pour chaque jour de travail à domicile jusqu’à un montant maximum de 400$. Aucune facture ne vous sera demandée. Si vous pensez que c’est plus intéressant, vous pouvez opter pour la méthode détaillée, mais préparez-vous à retrousser vos manches car il vous faudra éplucher vos factures et obtenir un formulaire T2200S ou T2200 signé par votre employeur.
«C’est un sujet chaud !», lance Benoit Poudrette qui reçoit plusieurs appels par jour de clients sur cette question avec la grande interrogation du moment : quelle méthode adopter ? «Je conseille souvent la méthode à 2$ qui est simple et facile. Mais pour certains, il est plus avantageux de calculer toutes les dépenses (internet, téléphone, autres frais liés au domicile comme assurance, entretien etc.)», précise le CPA. C’est à vous de le calculer – et non à votre employeur – et cette méthode peut s’envisager par exemple lorsqu’on est locataire selon Benoît Poudrette, car une fraction des dépenses de loyer est déductible alors que le remboursement des intérêts d’emprunts ne le sont pas lorsqu’on est propriétaire.
«Il y a de la job pour la méthode détaillée !, avertit Marie-Madeleine Lochet. En plus des signatures de l’employeur, il faut justifier la superficie (si on est en couple chacun doit calculer sa pièce). Il y a beaucoup d’étapes pour calculer les déductions», prévient celle qui rappelle que même si on peut confier les calculs à un comptable, il ne faut pas oublier que la responsabilité incombe au déclarant. Son conseil : évaluez le rapport coût/bénéfice que vous avez entre le montant forfaitaire de 400$ (ajusté en fonction du nombre de jours en télétravail) et passer 2h à plancher sur vos calculs ou payer quelqu’un pour les faire. Cela ne vous paraîtra pas forcément avantageux si à l’arrivée vous faites baisser votre déclaration de 100$… «Si vous êtes contrôlés, vous devrez fournir vos justificatifs», rappelle l’experte.
Pour plus de détails sur la méthode détaillée, l’Agence du revenu du Canada (ARC) met à disposition un calculateur en ligne.
Un dernier conseil trop souvent méconnu : comme chaque année, n’oubliez pas de déclarer vos biens à l’étranger d’une valeur supérieure à 100.000$ «C’est une question extrêmement importante avec des pénalités lourdes en cas d’omission, qui peuvent être appliquées plusieurs années plus tard», prévient Marie-Madeleine Lochet. Pour un rappel des principales règles à connaître lorsqu’on remplit sa déclaration de revenu au Québec, vous pouvez consulter notre article ici.