Aurélie Tourte est l’une des (rares) arbitres de chaise française qui officie sur le circuit WTA. Alors qu’elle arbitrait les matches féminins de la Rogers Cup à Montréal pour la troisième fois, Maudits français s’est assis avec elle. Pour parler matches, maîtrise des joueurs, de ce qu’il faut pour devenir arbitre. Et comment balancer l’arbitrage avec son métier d’infirmière, qu’elle pratique quand elle est en France.
“C’est agréable de revenir dans des endroits qu’on connaît, avec des visages familiers,” confie l’habituée. “C’est particulier d’être dans un pays francophone, on peut parler français, même si on ne se comprend pas toujours !”, plaisante Aurélie Tourte. Les plus beaux moments du tournoi ? Ceux passés sur sa chaise, évidemment. “Arbitrer le quart de finale entre Svitolina et Mertens, en fait partie. Ou encore le gros match entre Wozniacki et Sabalenka, deux jours plus tôt, définitivement,” énumère-t-elle.
À 34 ans, Aurélie Tourte, est l’une des arbitres les plus haut gradées de France. Fin 2017, elle a obtenu son badge d’or, la plus haute distinction pour un arbitre de chaise. “Sur 7 badges d’or français, je suis la seule femme,” confie-t-elle. Dans le monde, seuls une trentaine d’arbitres ont cette promotion.
Le badge d’or permet à l’arbitre d’arbitrer n’importe quel match et même d’être professionnel sur les différents circuits. À noter d’ailleurs que seuls les badges d’or sont habilités à arbitrer les finales. “Depuis Janvier 2018, j’ai intégré l’équipe d’arbitres de la WTA,” explique Aurélie Tourte qui suit donc le circuit tout autour de la planète et passe 80 % de son année sur les routes.
Avant d’être choisi pour s’asseoir sur la chaise d’arbitre lors d’une finale, il faut accumuler beaucoup d’expérience. À cela s’ajoute une bonne dose de sérénité pour gérer les joueurs et le public. Un but que l’on atteint par la pratique et c’est d’ailleurs ce que la Française compte faire en arbitrant le plus de matches possibles. “Cette année, j’ai déjà été sur le tournoi de Los Cabos (Mexique), celui de Montréal, puis Cincinnati et New-York,” énumère-t-elle. Un emploi du temps qui lui laisse peu de temps pour souffler.
Ancienne joueuse de tennis, Aurélie Tourte ne se destinait pas à une carrière d’arbitre et encore moins d’arbitre internationale. “J’ai commencé l’arbitrage tard, à 20 ans,” raconte celle qui a débuté, un peu par hasard, via son club de la région parisienne. “Des amis m’ont demandé si je pouvais faire juge de ligne sur un match, j’ai dit ok,” explique-t-elle. En sortant du match, elle se jure qu’elle ne le fera plus jamais. “C’était une mauvaise expérience !”, raconte l’arbitre en souriant.
Le temps passe et elle prend finalement goût à l’arbitrage, passe les certifications nécessaires : 14 ans plus tard, elle arbitre des matches internationaux et voyage beaucoup. “Mon appartement me sert d’abord de garde-meubles !”. Quand elle est en France, entre deux visites familiales, pas question de ne rien faire. Elle exerce son métier premier d’infirmière, pour des remplacements. “Au début, j’ai réussi à concilier les deux mais en avançant dans les grades, c’était de moins en moins possible”.
Pour devenir arbitre international et voyager comme elle le fait, “il faut bosser dur”, prévient celle qui en sait quelque chose. “Les tests pour devenir arbitre international sont en anglais. Et puis, il faut le reconnaître, c’est d’abord et encore un métier d’homme, il faut se faire sa place”, lance-t-elle. Pari réussi pour Aurélie Tourte.