Jusqu’au 4 août 2017, la Comédie-Française est de retour au Canada après neuf ans d’absence. Pour la première fois en Amérique du Nord et à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, c’est le drame de Victor Hugo, Lucrèce Borgia, qui sera présenté dix fois au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) cet été. Une occasion rêvée pour découvrir cette oeuvre mythique mise en scène par Denis Podalydès, qui a remporté un Molière en 2006 pour son Cyrano de Bergerac à la Comédie-Française.
Côté acteurs, on retrouve Elsa Lepoivre pour interpréter la passionnée Lucrèce Borgia, tandis qu’Éric Ruf, également scénographe pour la production, joue le rôle de Don Alphonse d’Este.
La présentation de Lucrèce Borgia, c’est aussi une occasion en or pour faire résonner les mots de Victor Hugo, offrant un symbole fort des échanges culturels entre la France et le Canada. Lors de son dernier passage dans la métropole, en 2008, la troupe avait présenté Le Malade imaginaire de Molière, également au TNM.
D’après Michel Pierssens, professeur de littératures de langue française à l’Université de Montréal, la mise en scène de Podalydès a eu beaucoup de succès en France pour plusieurs raisons. “Il faut souligner que ce n’est pas dans le style démodé trop souvent servi par la Comédie-Française. Personnellement, je trouve qu’il y a certains rapprochements à faire avec Game of Thrones: la violence, le rôle des femmes, la complexité de l’intrigue. C’est une pièce très actuelle notamment dans les errances psychiques de Lucrèce, sans que ce soit forcé ni artificiel… Les spectateurs doivent s’attendre à de la vraie modernité.”
Sur Ferrare règne la vénéneuse Lucrèce Borgia, femme de pouvoir aux mains tachées de sang, au corps coupable d’inceste, ajoutant aux crimes des Borgia celui de fratricide. Gennaro, fruit de son union avec son frère, ignore l’identité de ses parents. Lors d’un bal à Venise, il courtise une belle masquée, avant de découvrir avec horreur le visage de Lucrèce, tremblante d’amour pour ce fils qu’elle approche en secret, dissimulée dans la féerie du carnaval. Piquée par l’affront des amis de Gennaro qui l’ont démasquée, et soupçonnée d’adultère par son mari Don Alphonse, Lucrèce enclenche une vengeance déchirante dont l’implacable dessein ne peut être qu’inextricablement lié à la destinée de son fils.