Avez-vous déjà flâné du côté des Terrasses Roy ou de la Place Fleurs-de-Macadam sur le Plateau ? Respectivement architecte et architecte paysagiste, Jeanne Faure et Stéphanie Henry ont fondé l’agence Castor & Pollux qui crée des espaces publics verts, conviviaux et durables à Montréal avec la participation active des citoyens. Elles nous racontent leur vision, leurs actions et leur prochain projet qui s’installera en août 2019 : L’Ile aux Volcans, destinée aux enfants.
De la France au Québec pour un meilleur cadre de vie
Lorsque les deux architectes se sont rencontrées en 2014 à Montréal par un contact commun, elles ont réalisé sur le champ qu’elles partageaient la même vision du métier.
Jeanne Faure vivait au Québec depuis 2010 avec son conjoint mais ses expériences en agences ne la satisfaisaient pas : “Je ne me suis pas trop retrouvée dans ma pratique“, raconte la Française. Installée à son compte, elle prend un café avec Stéphanie Henry, fraîchement débarquée de France. “Avec deux enfants à Paris, notre famille avait besoin d’espace“, se rappelle cette dernière.
Une rencontre qui ne tarde pas à faire germer des idées. Un mois après seulement, les deux Françaises soumettent leur premier projet, puis lancent officiellement en 2016 leur agence au nom doublement imagé : Castor, l’animal constructeur et Pollux, l’étoile lumineuse porteuse d’une vision globale.
Déminéraliser la ville et faire participer les citoyens à des projets communs
L’action de Castor & Pollux comporte deux volets : des projets d’aménagement urbain pour déminéraliser l’espace public en s’appuyant sur l’environnement naturel, et l’implication citoyenne. “Nous faisons participer les citoyens à la fabrication de petits mobiliers, peinture de sol, plantations, tissages… C’est un peu notre distinction“, souligne Jeanne Faure.
À l’appel de la ville de Montréal, les deux Françaises ont ainsi façonné l’espace piéton des Terrasses Roy, sur le Plateau, entre les rues Coloniale et de Bullion. Quatre îlots conviviaux autour de l’agriculture urbaine — incluant un mini-potager planté par des citoyens et des fauteuils tissés par des écoliers — qui cassent la géométrie de la rue et définissent de nouveaux usages. Après une phase de test, le projet connaîtra son aménagement définitif à l’été 2020.
Plus récemment, la Place Fleurs-de-Macadam, installée sur le site d’une ancienne station-service du Plateau, a fait l’objet d’une importante concertation citoyenne. “Dans ce projet, il y a eu un gros processus d’urbanisme tactique, précise Stéphanie Henry. Nous sommes venues tester la place avec les citoyens pour savoir ce que les gens souhaitaient, nous avons finalisé avec eux le premier aménagement (…) et nous avons décidé du nom de la place collectivement“.
Leur prochain bébé ? L’Ile aux Volcans : un espace dédié aux enfants autour du jeu libre qui prendra place en août 2019 à l’intersection des rues de Drucourt et Marquette. “Le socle – une topographie et des éléments naturels imaginés – y deviendra un terrain de jeu“, promet Stéphanie Henry. Pour escalader, grimper, se cacher, jouer dans le sable et s’inventer des histoires.
Une vision française qui porte ses fruits
Les deux associées, à la tête d’une équipe de 6 personnes, apportent aux Montréalais leur vision globale reposant sur des analyses, questionnements et problématiques appris au cours de leur formation. “On vient avec notre vision d’architectes françaises, commente Jeanne Faure. Dans les écoles, on apprend à comprendre la vie en société, les logements les uns à côté des autres, le socle sur lequel ils sont construits, pourquoi la ville est orientée ou construite comme cela etc. On dézoome beaucoup”.
Leur plus gros challenge ? “Monter une boîte, écrire le projet de l’agence, faire un business plan, tout cela était très nouveau…“, dit Jeanne Faure.”On est deux mamans à la tête d’une entreprise, c’est challengeant !“, ajoute Stéphanie Henry. Mais le jeu en vaut la chandelle. “Depuis que l’été est là, chaque fois que je passe devant Fleurs-de-Macadam et qu’il y a plein de monde, c’est une fierté, confie Jeanne Faure. Le site est occupé sans animation ; il vit par lui-même par ce qu’il porte et propose”.