Sur le boulevard St-Laurent, le Café Melbourne ne passe pas inaperçu : un brin d’Australie à Montréal, cela se remarque. Lancé il y a quelques années par deux Australiens, l’endroit appartient maintenant (depuis janvier 2018) à un collectif de Français installés à Montréal, bien décidés à en faire un repère d’habitué·es où les saveurs se mélangent autant que les accents.
“On est cinq Français débarqués à Montréal et cette ville nous colle à la peau”, répond Anisha Patel, la porte-parole originaire de Paris, quand on lui demande qui se cache désormais derrière le comptoir du Café Melbourne. Une photographe, un peintre, un designer, des DJs, tels sont les profils de cette “bande de potes français” devenus propriétaires d’un café montréalais.
“Sébastien Valvo, qui fait partie de notre collectif, travaillait déjà au Café Melbourne lorsque l’ancien propriétaire a décidé de mettre la clef sous la porte. On a sauté sur l’occasion pour reprendre l’établissement !”, raconte simplement Anisha qui réalise un peu le rêve de sa grand-mère. “Elle avait acheté un immeuble à Biarritz et elle devait y aménager un espace café à l’intérieur mais elle n’a jamais eu le temps de le faire”, raconte celle dont le grand-père était chef et la mère traiteur.
The Waiting Room + Café Melbourne
En plus du Café Melbourne, les cinq amis français sont déjà propriétaires d’un loft d’artistes sur Durocher. “C’est un peu notre espace de co-working où on fait de la musique, des photos, de la peinture. On organise des soirées aussi, The Waiting Room c’est nous. On veut que The Waiting Room renvoie au Melbourne et vice versa même si ce sont deux entités bien différentes”, confie la Française de 26 ans.
Leur but ? S’investir dans un commerce “transparent” où tous les produits sont testés et approuvés par l’équipe avant d’être proposés aux client·es. “On a passé des soirées au Melbourne avec notre boucher de la boucherie Grinder : il venait nous proposer des échantillons de viandes pour mettre en place un burger unique”. Résultat : le Jungle Bird. Un burger avec une viande marinée au café, du bacon cuit au thym, une petite salade avec confiture de mûres et sauce barbecue, des tranches d’ananas marinées au piment et préparées à la plancha, avec un peu de cassonade. “Un plat sucré, salé, pimenté, c’est mon préféré !”, lance Anisha.
S’il propose des brunchs (parfois électroniques, le dimanche entre 9h et 15h), le collectif souhaite surtout que le Café Melbourne soit digne de son nom et que les client·es y reviennent. “On veut que les gens se sentent comme à la maison. On peut préparer n’importe quoi en fonction des intolérances de chacun. On veut que ce soit adapté à tous, on a même des sièges pour bébés. Le client est roi !”
Si la carte reste à peu près identique à celle d’origine, un nouveau chef, Jay, fera bientôt son entrée au Melbourne. “Il a déjà travaillé à Toronto, en Australie, au Mexique, etc. Il est vraiment talentueux, on va commencer une nouvelle carte avec lui pour l’été”, raconte Anisha qui veut conserver la “vibe” australienne, ne serait-ce que pour la culture du café qui lui tient à coeur. “On apprécie aussi la clientèle australienne que le café nous ramène, les Australiens sont trop chill !” Voilà pourquoi le Flat White (café typiquement australien) et les biscuits Anzac seront toujours à la carte.
Pour ce qui est du café, les Français travaillent avec Traffic Club Café qui torréfie son café à Québec. “On veut faire travailler l’économie locale et s’entourer de partenaires qui respectent l’environnement et les conditions de travail des petits producteurs”, souligne la diplômée en cinéma, avant de préciser qu’à chaque sac de café Traffic acheté, c’est un petit déjeuner offert à un enfant dans le besoin. “Ça nous motive encore plus de collaborer avec eux”.
À terme, Anisha et ses acolytes espèrent ajouter encore un peu de “peps” à Montréal. “Les gens sont très chill ici, j’adore ça mais j’aime aussi quand ça bouge. J’ai besoin de relever des défis! C’est pour ça que je veux créer des événements avec notre collectif. Mon but c’est que les Montréalais n’aient plus le temps de dormir ! (rires)”. Et si l’avenir appartenait aux habitué·es du Melbourne ? (R)éveillez-vous.