Sur l’Avenue Mont-Royal Est, au 1574 exactement, le drapeau breton (Gwenn ha Du pour les intimes) virevolte fièrement. Un « BZH » gravé sur le haut de la porte cerné par deux triskell confirme notre intuition : derrière la devanture boisée, le beurre coule à flot… et l’huile de coude aussi. On a testé (et adoré) pour vous.
« Avant c’était une onglerie, mais elle a déménagé juste en face. On a profité de l’occasion pour ouvrir notre Palais. C’est une affaire de famille ! », raconte André, le pâtissier originaire de Concarneau, formé à La Maison du Kouign Amann à la Ville Close. « En arrivant ici, j’avais envie de toucher un nouveau public, de faire découvrir le kouign, le « vrai », aux palais québécois : c’est un vrai challenge ! ».
Mais c’est quoi « un kouign, un vrai » au juste ? « Quand le kouign a l’épaisseur d’un bras, c’est mauvais signe ! Il faut respecter un minimum la recette quand même (rires) », explique le pâtissier breton sans viser personne.
Et si ça sent aussi bon au Palais Breton, c’est grâce à André et son rouleau. « Je suis seul en cuisine, je fais tout à la main ! Chaque pâtisserie est donc parfaitement imparfaite, unique et authentique », lance le pâtissier qui fait du 4h-15h tous les jours. « On a l’impression que c’est notre grand-mère qui a cuisiné parce que tout est artisanal, il n’y a pas de laminoir ni de machine. Le robot, c’est André ! (rires) », raconte Philippe, le beau-frère d’André, à l’origine du projet familial.
Au Palais Breton, la part de kouign amann s’élève à 5$ « toutes taxes comprises », un détail important par les temps qui courent. « On nous a déjà dit que c’était cher mais quand on explique le processus de fabrication, les gens comprennent et découvrent le goût mais aussi le prix du vrai », précise Andrey, co-propriétaire du Palais avec Philippe.
« On ne retrouvait pas les saveurs qu’on avait en Bretagne, et on trouvait ça dommage de ne pas pouvoir voyager gustativement. Souvent c’est bon, mais ça ne nous fait pas voyager ! Alors on a voulu se lancer », explique simplement le trio.
Pas de palets au Palais mais des délices bretons à foison
Et contrairement aux apparences, on ne trouve pas de palets bretons au Palais Breton. « Il nous faudrait une machine pour ça mais on tient à ce que tout soit fait main chez nous ». Mais les kouign amann, gâteaux bretons, fars aux pruneaux ou nature, et autres minis bretons ne manquent pas ! Cela fait à peine deux semaines que la pâtisserie bretonne est ouverte mais le bouche-à-oreille tourne déjà à plein régime (sur les réseaux sociaux notamment).
« Notre petite touche personnelle : les échantillons de dégustation. Dès que les gens rentrent, on leur propose de goûter nos produits avant de les acheter, comme en France ! Ça plait beaucoup », constate l’équipe bretonne qui ne manque jamais une occasion de régaler sa clientèle et de la dépayser le temps d’une bouchée.
« Quand tu franchis le pas de la porte du Palais Breton, tu n’es plus au Canada : t’es en Bretagne ! », lance André, pressé à l’idée d’afficher bientôt des images de Concarneau, entre autres paysages bretons, partout sur les murs.
Leur plus grand rêve ? Ouvrir des boutiques ailleurs à Montréal, mais aussi à Québec, Toronto, et même New York. « Mais notre meilleur challenge, ce serait de finir par ouvrir une boutique à… Concarneau, en Ville Close ! La boucle serait bouclée. Revenir d’où on vient avec la fierté d’avoir réussi, ce serait exceptionnel », avoue André qui s’y voit déjà.
« En quelques jours d’aventure, on nous a déjà dit que c’était le meilleur kouign-amann de Montréal… Ça fait plaisir ! Mais c’est vrai surtout ! (rires) », soutient le pâtissier qui espère que les Québécois délaisseront les pâtisseries surgelées des supermarchés au profit des délices confectionnés par les petits artisans comme eux. « Ce n’est pas compliqué : si vous voulez des goûts traditionnels et d’antan, venez nous voir. Vous ne serez pas déçus… ».
Preuve que les nouvelles vont vite : des restaurateurs montréalais se fournissent déjà au Palais Breton pour ajouter un petit supplément d’âme bretonne à leur carte…
Montréal n’a jamais été aussi proche du Finistère. Kenavo !