Certains Français·es envisagent parfois de venir à Montréal pour parfaire leur anglais, voire même pour l’apprendre. Pourtant, on entend souvent dire que cela relève de l’impossible. Et si c’était faux ? Conseils et astuces de celles et ceux qui ont testé pour vous.
Si la langue officielle commune au Québec et dans toutes les grandes villes du Québec est le français, il n’en reste pas moins qu’à Montréal, il est possible de « switcher » de la langue de Molière à celle de Shakespeare en un clin d’œil. Faites le test par vous-même en allant commander un café : en anglais ou en français, c’est du pareil au même. Pour certain·es Français·es fraîchement arrivé·es, l’expérience en est même renversante voire sensationnelle. Comment font-ils pour passer aussi rapidement d’une langue à l’autre avec une aisance aussi déconcertante que notre niveau d’anglais ? Telle est la question.
Pour preuve, cette carte linguistique de Montréal éditée par nos collègues de Radio Canada en 2014. On y apprend que la grande majorité des Montréalais (57,7 %) disent maîtriser les deux langues officielles et que 28 % des résidents de l’agglomération de Montréal affirment parler le français uniquement, contre 11,8 % qui disent converser seulement en anglais. Les Montréalais ont donc des leçons d’anglais à donner aux « maudits français », encore faut-il savoir comment s’y prendre.
Entreprises anglophones, jobs à l’ouest de l’île, Netflix en VO & co
Alice Hosdain (dont on a parlé ici), installée à Montréal depuis 5 ans, n’est pas encore « 100% bilingue » mais s’est tout de suite donné les moyens d’apprendre l’anglais en arrivant au Québec. Si elle n’a pas choisi la méthode la plus facile, elle ne regrette rien. « J’étais nulle en anglais en arrivant ici. Mais j’ai choisi de travailler dans une boîte anglophone dès le début pour m’y mettre à fond. Heureusement, Google Translate était là pour me soutenir (rires) », avoue la Française qui a appris à ne plus avoir honte de son accent. « Il faut réussir à passer la barrière où l’on s’auto-juge et accepter que notre anglais n’est pas très bon mais que cela va s’améliorer. ».
Si elle reconnaît que c’était parfois « violent » (de ne rien comprendre) et qu’elle a douté plus d’une fois de ses capacités réelles à maîtriser une autre langue que le français, elle conseille l’expérience à tout le monde. « À la fin, j’étais capable de parler au téléphone à des clients en anglais. Ça m’a pris un an et demi pour être plus à l’aise », se souvient l’illustratrice qui travaille maintenant dans une entreprise francophone. Là encore, elle a dû gérer une petite période d’adaptation linguistique pour comprendre ses collègues francophones. « Je ne comprenais plus mes collègues québécois, surtout ceux originaires de Québec ou du Saguenay, ni même certains mots. J’ai mis deux ou trois mois à me réadapter. »
L’autre aspect à prendre en compte, selon elle : le côté « taquin » de certains Québécois vis-à-vis de l’accent de leurs cousins français lorsqu’ils se mettent à parler anglais. Il faut apprendre à ne pas trop en tenir compte, plus facile à dire qu’à faire. « C’est toujours drôle d’entendre un Québécois dire qu’il ne parle pas bien anglais et l’écouter parler couramment la minute d’après. C’est intense pour l’ego ! », raconte Alice, en riant, avant d’ajouter que dans sa tête elle parle « super bien anglais » mais qu’en réalité « c’est autre chose ». « Ça ne sort jamais comme dans ma tête. Ce n’est pas aussi fluent que ça devrait l’être ».
Même son de cloche pour Marc Chabid, originaire de Marseille et installé à Montréal depuis 2 ans. « Dans l’entreprise où je travaille, à Laval, je n’ai pas le choix : je dois communiquer et écrire en anglais. Le fait de parler régulièrement à des anglophones m’a aussi beaucoup aidé », confie celui qui ne se sent pas encore totalement à l’aise mais dont la majorité des contenus (environ 90% d’après lui) qu’il produit sont désormais en anglais.
Pour Anisha Patel, installée à Montréal depuis 5 ans (dont on a déjà parlé ici), c’est grâce à l’Université de Montréal (pourtant francophone) que son niveau a bien progressé et qu’elle a pu s’améliorer grâce aux lectures de certains ouvrages et articles dans leurs versions originales. Comme elle l’a aussi expliqué ici : « Le fait que tout le monde parle anglais et français à Montréal, ça m’avait beaucoup attirée : je voulais venir pour pratiquer mon anglais et rencontrer des gens de tous les horizons. »
Certains petits emplois étudiants l’ont également aidée à (se) pratiquer. « J’ai travaillé dans beaucoup de boîtes de nuit et de cafés montréalais, dans l’ouest de l’île ou au Vieux-Port où il y a beaucoup de touristes, c’est là que ça parle le plus anglais. » Aujourd’hui, la jeune femme avoue avoir autant d’amis et amies anglophones que francophones.
Enfin, les trois Français se rejoignent au sujet de Netflix : regardez ses séries américaines préférées en VO, cela aide ! Yes you can. Sinon vous pouvez aussi tomber en amour avec un.e Canadien.ne et réviser les bases ensemble. Ou alors payer pour apprendre l’anglais à votre rythme et selon vos envies, on vous dit tout ici. Enjoy.