À Montréal, les colocs se vident… mais les loyers résistent

À Montréal, les colocs se vident… mais les loyers résistent

Par Garance De Carvalho / Le 13 mai 2025 / Logement

« J’ai perdu deux colocs en deux mois, tous deux étudiants étrangers obligés de rentrer chez eux. On est trois à devoir couvrir le loyer pendant que la quatrième chambre reste vide… » Depuis quelques mois, les annonces de colocation se multiplient dans les groupes Facebook. Des chambres se libèrent en plein trimestre, souvent à la suite du départ précipité d’un étudiant étranger. En toile de fond : un changement brutal des politiques d’immigration, et un système qui semble ne plus savoir accueillir.

Le PEQ gelé, des visas refusés, et des chambres qui se libèrent

La décision du gouvernement québécois de suspendre le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) pour les diplômés jusqu’au 30 juin 2025 a jeté un froid sur la communauté étudiante étrangère. À cela s’ajoute la réduction drastique du nombre de permis d’études délivrés par Ottawa : environ 360 000 de moins en 2024. Résultat, des centaines, peut-être des milliers d’étudiants doivent écourter leur séjour ou renoncer à venir.

Et dans une ville comme Montréal, où la colocation est reine pour les jeunes adultes et les étudiants, ce mouvement migratoire inversé a un effet immédiat : des chambres vides là où, quelques mois plus tôt, il fallait se battre pour obtenir une place.

Une offre qui grimpe… mais des prix qui ne bougent pas

Si l’on pourrait s’attendre à une baisse des prix avec plus de chambres disponibles, ce n’est pas exactement ce qui se passe. Selon la plateforme Quoloc, les loyers pour une chambre en colocation à Montréal varient toujours entre 350 $ et 800 $, avec une moyenne autour de 690 $ par mois. Pas de chute spectaculaire.

Pourquoi ? Parce que la demande reste forte. Étudiants québécois, jeunes travailleurs, nouveaux arrivants : tous peinent à trouver un logement abordable, et la colocation reste souvent la seule option réaliste. Le marché est tendu, la crise du logement perdure, et les colocs vides se remplissent parfois vite… ou pas du tout, selon le quartier et le prix affiché.

Des colocs en déséquilibre

Autre effet secondaire : l’impact financier sur les colocataires restants. Si une personne quitte un logement dont le bail est solidaire, les autres doivent assumer sa part jusqu’à ce qu’un remplaçant soit trouvé.

« On n’a pas les moyens de payer 1000 $ chacun. On fait visiter, mais les gens ont peur des loyers trop hauts ou des conditions pas claires », confie Younès, 29 ans, qui cherche à combler une chambre à Parc-Extension depuis mars.

Et après ?

Si les politiques migratoires ne changent pas rapidement, le visage des colocations à Montréal pourrait se transformer durablement. Moins d’étudiants étrangers, c’est aussi moins de diversité, moins de vitalité dans les quartiers, et un rééquilibrage instable entre offre et demande.

En attendant, les jeunes Montréalais naviguent entre incertitude, recherche d’un nouveau colocataire et hausse générale du coût de la vie. Un cocktail qui ne donne pas forcément envie de trinquer dans la cuisine commune.

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