Insupportable. C’est le seul mot que Barbara Vigier (dont on a déjà parlé ici) trouve pour évoquer ce qui est en train de se tramer à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Là où des enfants sont séparés de leurs parents sans savoir quand ils les retrouveront. Depuis Montréal, elle a décidé d’agir.
“La vérité, c’est qu’on ne peut pas faire grand chose. Mais on peut demander à plein de petites mains innocentes d’envoyer une vague d’amour à tous ces enfants en écrivant et en dessinant sur des milliers de cartes postales, direction Washington”, écrit Barbara sur le mur de son événement Facebook.
Si l’initiative existait déjà ailleurs dans le monde via RAICES, un organisme américain qui offre une aide juridique aux familles migrantes (le site est en train d’imploser suite au trafic généré), rien n’avait encore été fait à Montréal.
Concrètement ? Comme expliqué ici, pour chaque carte photographiée et diffusée sur les réseaux sociaux avec le hashtag #postcards4families, un don de 5$ sera reversé à RAICES. L’argent récolté servira notamment à payer la “caution” nécessaire à la sortie de détention des parents migrants et à les accompagner dans leurs démarches judiciaires. “Aux États-Unis, il faut compter minimum 1500$ pour avoir un représentant, toutes les familles ne peuvent pas se le permettre”, lance la Française, fière de s’opposer à ce qui se passe de manière positive, à coups de cartes postales.
Dimanche matin, dans le Parc Laurier, les enfants et leurs familles seront invités à dessiner “ce qu’ils veulent” sur les cartes postales aux templates pré-édités. “Du moment que cela tourne autour de l’amour et de la famille, c’est l’essentiel”, lance Barbara, engagée au quotidien, mais pas au point de mettre en place une manifestation comme celle organisée ce vendredi à Montréal. “Je crois que permettre à des gens qui ressentent le même mal être de pouvoir se rencontrer est une première étape qui peut donner lieu à autre chose”, précise la jeune femme qui encourage d’autres Montréalais à faire comme elle, dans d’autres parcs ou ailleurs.
Si elle a lancé ce rassemblement au Parc Laurier, c’est aussi pour trouver des réponses. “Au Canada, à qui doit-on parler de l’horreur qui se déroule ailleurs ? Quels dirigeants seraient capables de parler à Trump ?”, s’interroge encore la jeune mère de famille, très sensible à la condition des enfants dans le monde. “C’est anormal ce qui se passe, les enfants sont victimes de tout. Séparer des enfants de leurs parents, sachant qu’ils sont déjà déracinés de leur pays, c’est l’enfer. Ce qu’ils fuient en arrivant à la frontière, bien souvent c’est la mort, on l’oublie”.
Si vous souhaitez prendre part à l’initiative, rendez-vous au Parc Laurier ce dimanche 24 juin dès 9h30. Une petite table (pleine de cartes postales) avec un parasol sera installée à côté du parc à jeux, Barbara y sera avec son petit Liam de 20 mois. Une contribution libre est prévue sur place pour les timbres. Le reste sera donné directement à RAICES.
“C’est aussi l’occasion de discuter avec les personnes intéressées et de réfléchir à nos moyens d’action. Le but n’est pas de dramatiser mais d’être dans l’action positivement, plutôt que de parler de l’horreur de la situation”, a confié Barbara qui prévoit aussi d’envoyer quelques cartes à Trudeau. “Cela arrivera plus rapidement que chez Trump et c’est une manière de le garder au courant des initiatives mises en place dans son propre pays.”
Si vous ne pouvez pas vous rendre au Parc Laurier, sachez que vous pouvez aussi prendre part à l’initiative de chez vous. Vous trouverez toutes les informations utiles ici.