L’expatriation en Amérique du Nord réussit plutôt bien à l’imaginaire de Victor Dixen. De la jungle urbaine new-yorkaise aux grandes étendues de l’Ouest américain, en passant par la Mauricie et son célèbre duché de Bicolline… chaque lieu devient pour le romancier français un portail vers d’autres mondes.
De passage au Salon du livre de Montréal, il raconte comment ces terrains bien réels alimentent ses univers fantastiques, et pourquoi, pour créer, il faut parfois accepter de se perdre un peu.
Double lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, Victor Dixen est notamment connu pour ses séries littéraires Phobos et Vampyria.
Figure majeure de la littérature de l’imaginaire, il revendique ce terme sans hésiter : « J’aime quand on décolle du réel pour partir ailleurs. » Sa science-fiction naît de « signaux faibles » observés dans notre société, comme la privatisation de la conquête spatiale qui lui a inspiré Phobos. La fantaisie, elle, vient d’envies plus sensorielles : des rêves, des ambiances, comme celui qui a donné naissance à Animale. Chez lui, les personnages arrivent en dernier, presque comme des rencontres.
Publié principalement en littérature « jeune adulte », le romancier voit pourtant ses lecteurs traverser toutes les générations : « J’ai parfois trois générations d’une même famille devant moi. On a besoin d’imaginaire à tous les âges. » Il cite volontiers ses propres influences, des contes de Grimm à Tolkien, jusqu’à À la croisée des mondes qu’il a relu récemment.
Installé à Washington, il puise aussi dans l’énergie démesurée des États-Unis : « larger than life », dit-il en souriant. Et le Québec ? Il l’associe spontanément aux grands espaces… et au Duché de Bicolline, dont il est déjà tombé sous le charme : « Le Québec est lié à l’imaginaire pour moi. »
Dans sa vieille maison victorienne, perché dans une tourelle qu’il transforme en atelier nocturne, Victor Dixen écrit au milieu des craquements du grenier. Un décor qui semble tout droit sorti de son univers.
Et aux jeunes qui rêvent d’écrire ? Il glisse deux conseils simples, presque essentiels : écrire régulièrement, comme on s’entraîne pour un marathon, et accepter que le premier jet ne soit jamais parfait. « Il faut réussir à sanctuariser le temps d’écriture », insiste-t-il, bien conscient de la difficulté de s’arracher aux écrans qui nous « tirent de l’imaginaire et de l’écriture ».
Nos collègues de French Morning avaient échangé avec lui en 2023 sur son succès aux États-Unis.
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