Cela fait longtemps que nous avions envie d’y goûter, et ça y est, c’est fait ! Certains crieront au sacrilège. Comment ? Un alcool de tomate ? Du vin mais sans raisin, quel délire ! Comment c’est possible ? Quel sacré outrage infligé à Saint-Vincent, protecteur des vignerons. D’ailleurs de mémoire de viticulteurs on n’a jamais vu ça.
Comme quoi tout arrive. Le tout premier vin de tomate au monde existe, et il est fabriqué au Québec depuis 2011. C’est plus précisément à Baie-Saint-Paul, dans la région de Charlevoix, que Pascal Miche produit avec ses tomates locales, les vins Omerto. Des nectars pas comme les autres, qui, malgré nos maudites réticences françaises, sont très agréables à siroter.
Ce Belge d’origine est installé dans la Belle Province depuis plus de 20 ans. C’est donc dans la Belgique de la fin des années 1930 qu’il faut aller chercher les origines de ce cru surprenant.
« En pleine crise économique, mon arrière grand-père, qui s’appelait Omer, a eu une idée. Pour ne pas gâcher les tomates de son potager, il les a transformé en alcool afin de les conserver plus longtemps. Tel un alchimiste, je le voyais chaque année essayer d’améliorer son breuvage. Mais malheureusement il est mort avant de réussir à atteindre son but. Je lui ai toujours promis que j’allais continuer son travail. Le nom “Omerto”, c’est pour lui rendre hommage. Il m’a fallu 32 années de recherche et de développement pour y arriver », raconte avec passion Pascal Miche.
Un jolie histoire de famille, d’autant plus que Pascal Miche, oenologue de formation et ancien charcutier, a dû se battre des années pour pouvoir faire reconnaître par la SAQ que la tomate était bien un fruit, botaniquement parlant. Un prérequis avant de pouvoir commercialiser son vin.
C’est là que les choses sérieuses commencent. Alors, quel goût ça a le vin de tomate ? Ou plutôt les vins, car plusieurs ont été mis au point. D’abord, il faut savoir que ce vin nouveau genre n’est pas rouge comme le fruit. Sa robe est plutôt dorée, et surprise, il n’a pas non plus le goût de la tomate en tant que telle.
Pour bien initier son palais à ces nouveaux arômes, Pascal Miche conseille de commencer par l’Omerto sec. Attendez-vous à vivre une expérience alcoolisée différente de ce que vous connaissez. Même s’il ressemble à un Porto avec un côté Xérès ou Saké, et des notes d’agrumes, c’est vraiment une saveur inédite. « C’est bien de le déguster avec des sushis, des huîtres, des plats asiatiques à base de gingembre, du poisson grillé… Et même des desserts au chocolat noir ou des fruits acidulés », recommande Pascal Miche.
Il y a également la version moelleuse, florale et fruitée, mais avec des arômes de fleurs d’oranger, de melon miel, de litchis… « À servir avec un foie gras, des fruits de mer, des fromages… », poursuit Pascal.
Sa recette est bien gardée et quand il se rend sur des foires viticoles, le Belge est souvent le pôle d’attraction de l’évènement. « J’ai beaucoup d’audace d’aller dans les salons avec les vignerons. Mais quand ils goûtent à l’Omerto, ils sont souvent séduits ! »
Pascal Miche cherche d’ailleurs à distribuer son élixir en Europe. Pour cela, il devra changer de nom, car contrairement à l’Amérique du Nord, le règlement interdit d’appeler « vin » les alcools issus de fruits. Et pourquoi pas “blanc de tomate” ? À suivre…
Omerto Sec, Domaine de la Vallée du Bras Prix SAQ : 24,70$
Omerto Moëlleux, Domaine de la Vallée du Bras Prix SAQ : 24,70$