Nourrir la culture d’entreprise, ou repenser les pauses-repas entre collègues en respectant les goûts de chacun : tel est le credo de FoodRelay dont la mission repose sur un savant mélange d’expériences clients mémorables et de lutte contre le gaspillage alimentaire. On a discuté avec le co-fondateur français et CEO, Benjamin Chalier.
“J’ai toujours su que je voulais faire une école de commerce”, lance Benjamin Chalier, 24 ans, passionné de hockey et diplômé de HEC Montréal qui a trouvé sa vocation dans l’entrepreunariat. Après s’être impliqué au Startup Weekend côté logistique pour veiller au bon déroulement de l’événement, il a pris goût à savoir tout faire, ou presque. “Le plus dur c’est de gérer la bouffe !”, confie le jeune homme originaire de Grenoble. “Là, je devais m’assurer que les participant·es mangeaient de manière diversifiée et équilibrée pendant plusieurs jours matin/midi et soir, c’était tout un défi”, se souvient Benjamin Chalier qui a passé des mois à se préparer.
Une expérience formatrice qui lui a donné des idées : dans la foulée, il décide de monter un club entrepreneurial à HEC Montréal. Son idée ? Permettre aux étudiants de “bien manger” pendant qu’ils participent à des événements récurrents dans le cadre de leur cursus. “On avait bidouillé un fichier Excel qui nous permettait de connaître à l’avance les repas choisis par les étudiants”, raconte l’entrepreneur qui s’est très vite entouré de traiteurs et de partenaires locaux. “On a fini par pousser le concept et par l’améliorer au point de pouvoir régaler les 600 participants du Startup Fest mais aussi les festivaliers de MUTEK”, explique Benjamin Chalier, passé maître en l’art de l’événementiel, volet gastronomique.
Pourquoi ne pas adapter le système aux entreprises ? C’est la question qu’il se pose en compagnie de son acolyte de toujours, Alexandre Hogan, une fois leur Baccalauréat en poche. “On a fini par intégrer l’accélérateur Banque Nationale / HEC Montréal et on a décidé de pivoter en faisant du corpo”, se souvient le Français dont le projet a germé rapidement.
C’est aussi une rencontre qui permet aux deux amis d’accélérer les choses, en la personne de Jérémie Lafortune qui fait toujours partie de l’équipe. “Il possédait une entreprise de traiteur végétarien-végane, on lui a proposé de faire un test et on ne l’a plus quitté depuis”. Pari réussi. Seule ombre au tableau : “The FoodRoom, le coworking alimentaire qui nous hébergeait à l’époque a fait faillite ! On a perdu un énorme dépôt”, raconte le CEO qui a rebondi en trouvant rapidement un restaurant à louer. “On a signé un bail d’un an et on a réellement commencé à bâtir le business à la rentrée 2017”, confie le jeune entrepreneur qui se rappelle encore de “la pression” ressentie à l’idée de devoir sortir un loyer chaque mois.
“Notre niche c’est les PME, les entreprises technologiques et celles des jeux vidéo. Parce qu’on sait qu’elles ont du mal à embaucher, qu’elles sont donc plus ouvertes à prendre soin de leurs employés et à focaliser sur le bonheur au travail qui passe notamment par les repas partagés entre collègues !”, lance Benjamin Chalier, qui connaît sa cible par coeur. Sa technique de base : aller chercher toutes les compagnies qui offrent le lunch au moins une fois par semaine. “Ça donne une demande récurrente !”
En 2 ans, FoodRelay a signé de plus en plus de “grosses” entreprises (plus de 250 personnes). “Et on gère toujours tout de A à Z ! On a une trentaine d’entreprises qui utilisent notre service maintenant”, raconte le chef d’entreprise qui gère déjà une dizaine d’employés. Marché ultra porteur oblige, la concurrence fait rage. “On nous compare souvent à Foodora ou Ubereats mais notre vocation à nous c’est vraiment de simplifier la commande de groupes et non des individus”, tient à rappeler Benjamin Chalier. “Ce n’est pas la même gamme de clients du tout, il faut s’y connaître”.
Quant à Montréal, sa ville d’adoption, il avoue qu’il s’y passe un “truc spécial”. “C’est l’esprit créatif qui circule dans la ville. Cela incite les entreprises à fort potentiel de croissance à venir chercher des talents ici : ça nous met au coeur d’un marché qui pourrait s’apparenter aux marchés comme New York et San Francisco”, lance le Français content d’être dans son “cocon” montréalais. “On veut créer notre monopole ici et conserver la qualité de notre service”.
Enfin, si le concept de commander de la nourriture en ligne (autre que des pizzas ou des sushis) est encore très récent au Québec, c’est que tout reste à faire. “Cela fait seulement 3 ou 5 ans que ça commence à boomer ici”, raconte l’entrepreneur conscient que tout et n’importe quoi s’achète déjà en ligne. “Tout notre enjeu c’est de comprendre les besoins d’une personne et d’y répondre. Ça change toute la dynamique du service alimentaire tel qu’on le connaît”, lance le CEO de FoodRelay qui espère apporter sa pierre à l’édifice sur le terrain du bien-manger. Bon appétit !