Si vous vous demandez encore ce qu’est devenue la fameuse Taverne Normand au coeur du Plateau, ne cherchez plus : l’endroit a été récupéré par un Français, Maxime Fau, pour y établir un bar similaire à celui qui existe déjà sur le port de La Rochelle. Banquettes, tables hautes en bois, “Pink Floyd” incrusté sur le mur : après six mois de travaux, l’établissement ressemble en grande partie à la version française. En tout cas, l’âme y est.
Après des études à Sup de Co à La Rochelle, Maxime a rejoint son père pour développer l’entreprise familiale. “Il possède toujours Les Enfants du Rock à La Rochelle et une boîte de nuit“, raconte celui qui n’a pas hésité à saisir l’opportunité d’ouvrir un bar à Montréal au lieu de partir en PVT en Australie.
“Mon père a vu un reportage sur Montréal à la télé, il est venu visiter plusieurs fois et il a été séduit. À cela s’ajoute l’histoire de La Rochelle liée à celle du Québec : la rue où je vivais était très utilisée pour les visites guidées Parcours Québec par exemple. Le Québec était déjà partout dans notre vie !”, plaisante Maxime qui n’avait pas mis un pied à Montréal avant l’été 2016. “J’ai accroché tout de suite avec cette ville !”, confie simplement le jeune homme, maintenant à la tête d’un établissement montréalais de 108 places assises (sans compter la terrasse).
Le concept de son bar ? Tout est basé sur une émission de télé culte intitulée Les Enfants du rock, lancée par Pierre Lescure (frère de Roland Lescure) en 1982, qui a marqué une génération entière. “C’était axé sur le partage de la culture pop, on a essayé de faire ça à La Rochelle en diffusant un large choix de musiques. On veut transposer le concept ici : de James Brown au Beatles en passant par Bob Marley et Abba, on diffuse de tout ! Pas seulement du rock”, annonce le connaisseur selon qui le partage et la convivialité sont des mots-clefs. “Il y a une partie du personnel de La Rochelle qui est venu travailler ici et à terme, on prévoit de faire la même chose mais dans le sens inverse : que le staff montréalais puisse partir en vacances à La Rochelle aux frais de l’entreprise. (…) Le partage, c’est le coeur final du projet.”
L’établissement retransmet également toutes les compétitions sportives, quitte à ouvrir un peu plus tôt s’il le faut, comme c’est le cas actuellement avec la Champions League. Idem pour la Coupe du monde de soccer de cet été. “On a déjà noué des partenariats avec différents clubs sportifs comme le Rugby Club de Montréal, le Royal de Montréal, entre autres”, explique Maxime, ravi d’accueillir certains sportifs à l’issue de leur entrainement le vendredi soir.
Côté déco, le Rochelais a voulu y ajouter sa touche en conservant quelques souvenirs d’antan. “Des Français qui reprennent une mythique taverne du Plateau, c’était déjà assez fort alors on ne voulait pas trop chambouler l’intérieur !”, s’amuse Maxime qui a veillé à conserver l’enseigne d’origine et l’écran blanc dans l’entrée au dessus du rideau.
À boire et à manger
Qu’est-ce qu’on boit ? “À peu près de tout : vins, bières de micro-brasseries, whisky, rhum, gin, etc. On propose aussi des planches apéritifs avec des produits locaux : La Maison du Rôti pour la charcuterie, Bleu & Persillé pour le fromage, Odessa Poissonnier pour les produits de la mer”, annonce Maxime qui propose deux cocktails aux noms très rock comme le “Jimmy’s” et “God save the gin”. Au menu également : deux soirées à thème par semaine où même le staff joue le jeu. “On se déguise et on offre des cadeaux ! La totale.”
Ouvert depuis seulement trois semaines, Maxime a déjà pu accueillir certains anciens habitués de la Taverne Normand qui fréquentaient l’établissement depuis les années 70. “Je reçois plus de Québécois que de Français pour l’instant, quelques anglophones aussi”, confie Maxime, fier de faire partie d’une équipe à moitié composée de Français et de Québécois.
“On s’apporte beaucoup mutuellement. À leurs côtés, j’apprends à être plus avenant et aimable par exemple !“, lance l’heureux nouveau proprio qui ne se prive pas de demander à ses clients si “ça va bien” dès qu’ils rentrent. “Il y a une dimension de dialogue plus claire et plus importante qu’en France, tu peux discuter plus facilement avec le client, même s’il a bu. Ça enlève une épine du pied”, rapporte l’habitué qui a aussi constaté que les clients alcoolisés sont beaucoup plus “doux” ici. “C’est un bonheur ! Quand tu dis à une personne que tu ne la sers pas car elle a déjà trop bu et qu’elle acquiesce en te répondant qu’elle va juste prendre un verre d’eau… tu revis“.
À la vôtre (avec modération) !