“Il faut attendre que Justin Trudeau puisse autoriser la marijuana et on pourrait presque s’imaginer être 50 ans en arrière“, s’amuse Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Du swinging London à mai 68, des Beatles à Jimmy Hendrix, l’exposition Révolution vous immerge dans l’univers subversif et musical de la fin des années soixante.
Lancée à Londres par le Victoria and Albert Museum sous le titre You say you want a revolution en référence à la chanson Revolution des Beatles, l’exposition s’offre une adaptation nord-américaine à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal. Casque sur les oreilles, le visiteur voyage dans le temps accompagné d’une bande-son musicale qui s’adapte automatiquement à sa localisation dans le parcours (une expérience immersive réalisée par Sennheiser). “Révolution nous propulse à rebours dans les années 1960 à travers la mode, la musique, le design, les technologies et les revendications de l’époque“, commente Diane Charbonneau, commissaire de l’exposition à Montréal.
Après avoir traversé successivement l’univers de la contre-culture à l’esthétique psychédélique et le Swinging London en clin d’oeil à Carnaby Street et King’s Road, on est bientôt happé par le vent de révolte qui souffle dans les rues de Paris et d’ailleurs. Un CRS grandeur nature rappellera quelques souvenirs aux lanceurs de pavés de l’époque… Les affiches et autres documents racontent les luttes menées sur différents points du globe: révoltes étudiantes, défense des droits civiques, droits des homosexuels et des femmes, protestations contre la guerre du Vietnam, sans oublier les manifestations de francophones au Québec.
Puis dans une ambiance plus “peace and love”, on assiste au Bed in, lorsque John Lennon reçoit les journalistes dans son lit à Montréal avec Yoko Ono. Au coeur de l’exposition, la scénographie la plus réussie est sans aucun doute la projection d’un film tourné au festival de Woodstock, sur écrans géants avec de gros coussins qui invitent à se laisser aller.
On termine par une salle consacrée notamment à la consommation, la publicité, le tourisme, le design, avec le développement des moulages en plastique, l’architecture moderniste et la technologie. L’exposition présente l’Apple 1, qui a permis aux ordinateurs de sortir de l’espace industriel pour intégrer l’espace de vie des familles.
Au total, ce sont 700 oeuvres et documents qui restituent le mode de vie, les aspirations et les revendications de l’époque: costumes de scène, objets de design, affiches, pochettes d’album, photos, extraits de films, etc. La visite est rythmée par les Beach Boys, les Beatles, David Bowie, les Doors, Jimmy Hendrix, les Rolling Stones, Neil Young, et bien d’autres, y compris quelques Québécois comme Leonard Cohen ou Robert Charlebois.
“On voit tous les prémices d’une jeunesse qui fait sa rébellion et qui va porter la société dans laquelle nous sommes aujourd’hui“, conclut Nathalie Bondil. Une génération secouée par des questionnements et espérances, notamment en matière de non-discrimination, qui résonnent encore à l’heure actuelle.