À l’occasion des élections présidentielles françaises, le Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM) et le Centre de recherches en politiques (CEVIPOF) de Science Po Paris se sont associés à une équipe de dessinateurs et dessinatrices pour en analyser les grands enjeux en BD. À quelques jours du premier tour, on a discuté avec Anne-Laure Mahé, à l’origine du projet, aussi doctorante à l’Université de Montréal.
Depuis 2014, Anne-Laure Mahé tient un blogue intitulé « Dessinons la science politique » sur lequel elle vulgarise la science politique en BD. “Il y a quelques temps, j’ai visité le blogue américain intitulé « The Nib » qui avait fait un suivi des élections américaines. J’ai bien aimé le concept, j’ai pris contact avec d’autres personnes intéressées par la vulgarisation en politique et on a lancé « Dessinons les élections »“, explique la jeune femme, rapidement soutenue par Frédéric Mérand, directeur du CÉRIUM, qui lui a proposé de créer un partenariat avec Science Po Paris.
Le but du blogue-BD? Faire de la diffusion de connaissances en rapport avec l’enjeu présidentiel dans une dimension citoyenne. “Dans une période comme celle-ci où les choses sont en train de se transformer, cela me paraissait nécessaire.” Avec « Dessinons les élections », elle ne prétend pas éduquer la population mais plutôt mettre des outils à la disposition des gens. “On ne voulait pas faire de réflexion politisée ni de la satire ni du journalisme. D’autres le font déjà mieux que nous”, confie Anne-Laure en faisant notamment référence à « Battre la campagne » qui fait du journalisme en BD et qui produit aussi du contenu avec Mediapart.
Chaque semaine depuis janvier 2017, un.e chercheur.euse et un.e bédéiste s’attèlent donc à disséquer la campagne en travaillant dans un souci de rigueur d’analyse et de neutralité. Sans parti pris, les sujets, souvent complexes, sont traités simplement mais pas simplistement! “Notre rôle n’est pas de donner notre avis mais d’apporter des éléments d’analyse au grand public, on se situe davantage dans le recul sur l’analyse. On sort une publication chaque jeudi.”
À l’image du cinéma qu’elle considère comme un médium illimité et assez libre, Anne-Laure est convaincue du pouvoir de l’image transmis par son blogue. “On ne s’imagine pas toutes les idées complexes qu’on peut faire passer par la BD ! Pour notre sujet sur l’outre-mer, on a touché aux questions de la colonisation par exemple, c’était un peu plus tendu que le reste, c’est sûr. De même que notre deuxième BD sur les femmes en politique…”
Ses pronostics pour les présidentielles? “Aucun, j’ai peur d’être aussi inutile que certains sondages.”