Depuis quatre ans maintenant, le 12 août est une date culte pour les libraires québécois. Chaque année, il renvoie au mouvement intitulé “Le 12 août, j’achète un livre québécois” initié par les auteurs Amélie Dubé et Patrice Cazeault. L’objectif? Stimuler la lecture et les ventes d’ouvrages québécois. On a profité de l’occasion pour vous suggérer de lire quelques ouvrages recommandés par des libraires et éditeurs de la Belle Province. Il n’y a pas que Proust dans la vie…
Suggéré par Anne-Marie Villeneuve des Éditions Druide
–À qui la faute? de Chrystine Brouillet
Talentueuse et prolifique, l’auteure a écrit plus d’une cinquantaine de romans, surtout policiers. Sa série mettant en scène la détective Maud Graham connaît un énorme succès, avec plus de 650 000 exemplaires vendus. Cette héroïne, que la romancière décrit comme “une femme ordinaire exerçant un métier hors de l’ordinaire”, est une enquêtrice de grande expérience au flair et à la ténacité redoutables. Aussi impatiente que généreuse, elle cultive, à l’image de son auteure, un doux penchant pour la gourmandise…
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Suggérés par Camille Simard des éditions du remue-ménage
Suggérés par L’Euguélionne, librairie féministe
Considéré comme le “premier grand ouvrage féministe québécois” quand il a été publié en 1976, il a sombré dans l’oubli par la suite. Le livre est volumineux, pour ne pas dire costaud, et pour cause: il accomplit beaucoup en même temps. C’est à la fois un roman de science-fiction, un plaidoyer pour la féminisation du langage, une parodie très érudite de la Bible, une réactualisation des figures historiques de femmes, une prise de parole forte du genre féminin. Il raconte la visite d’une extraterrestre, L’Euguélionne, qui arrive sur Terre à la recherche de sa planète positive. Elle y est confrontée, à sa grande stupeur, à la société patriarcale. Tout au long du roman, elle la découvre, la décrit, la dénonce, avec le regard unique que lui offre son statut d’étrangère. Ce qui rend le livre unique et particulièrement marquant, c’est qu’il s’agit d’une oeuvre littéraire qui défie toutes les catégorisations classiques.
–Les belles-soeurs de Michel Tremblay
Un classique des classiques, la pièce de Tremblay publiée en 1968 a été jouée de nombreuses fois au théâtre, et traduite en plusieurs langues. Cette pièce évoque les réalités des femmes de l’époque, d’un quotidien répétitif en passant par l’omniprésence de la religion à la dénonciation des viols maritaux.
Le premier roman de cette étoile filante de la littérature québécoise. Nelly Arcan a eu une trajectoire fulgurante, aussi brûlante, immédiate et vive que son écriture. Il s’agit d’un roman soliloque, avec de longues phrases rappelant un flux de conscience, écrit du point de vue d’une jeune femme travailleuse du sexe qui attend ses clients dans une chambre. Si le livre a choqué à sa sortie, il faut passer par-dessus son côté sulfureux pour découvrir une oeuvre d’une qualité littéraire sans contredit.
-Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière
Avant d’être un noble académicien, Dany Laferrière a été un jeune immigrant haïtien fraîchement arrivé au Québec. Dans ce premier roman largement autobiographique campé autour du Carré Saint-Louis, on suit les pérégrinations et réflexions de Vieux, le narrateur, et Bouba, son colocataire, qui vivent la bohème, écoutent du jazz et draguent des filles sous la chaleur écrasante de l’été. À travers ces chroniques du quotidien, il s’agit surtout d’un portrait de la Montréal blanche à travers un regard Noir, qui en révèle le racisme latent.
-Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais
Dans ce roman de Marie-Claire Blais, on suit notamment la vie d’Emmanuel, le cadet d’une famille pauvre d’une quinzaine d’enfants élevés par Antoinette, leur grand-mère. On suit aussi la vie de quelques-uns de ses frères et sœurs: Jean qui veut devenir poète après une tentative de suicide, Héloïse toujours prises de crises de mysticisme ainsi que Jean Le Maigre et le septième qui raffolent tous deux de l’onanisme et de l’alcool. Ces portraits, parodiant un peu la famille “traditionnelle” québécoise catholique souvent décrite dans les romans de terroir, annoncent la fin d’une époque au Québec avec notamment les constantes allusions à la mort qui entourent la famille.
Si ça ne vous suffit pas, la rédaction des Maudits Français vous suggère humblement:
–L’avalée des avalés de Réjean Ducharme
–Un petit pas pour l’homme de Stéphane Dompierre
–Oscar De Profundis de Catherine Mavrikakis
-Le carnet écarlate d’Anne Archet