Non, les Canadiens ne sont pas comme leurs cousins du sud. Et, non, les Québécois ne sont pas des Français. Pour bien vivre à Montréal, voici quelques consignes à respecter.
1- Excusez-vous. La politesse canadienne est légendaire. S’excuser de demander pardon n’est pas une blague ici. « Quand vous aurez appris à dire “sorry” à tout propos, vous ne serez plus en train d’essayer de devenir Canadien, vous aurez bel et bien “rebranché” votre cerveau et serez devenu canadien », écrivent Will et Ian Ferguson, auteurs de How to be a Canadian. Ecrivant lui aussi à propos de l’usage de « sorry », le journaliste Joseph Brean conclut : « Les Américains ne le disent pas, les Britanniques ne le pensent pas et les Canadiens le disent trop… »
2– Positivez. En cela au moins, les Canadiens sont bel et bien des Nord-Américains. Oubliez votre manie de râler perpétuellement et forcez-vous à exprimer votre enthousiasme avec un peu plus que des « c’est pas mal ». Comme aux États-Unis, on vous expliquera volontiers ici que les longs discours sont ennuyeux et qu’on préfère l’action.
3- Écoutez. Ce n’est pas que les Canadiens n’aiment pas le débat, mais n’oubliez pas que vous arrivez – en particulier au Québec – avec une réputation de Français arrogant. Donnez à vos interlocuteurs une chance d’aller au-delà de ce cliché… Ici, on s’écoute.
4- Tolérez. Le consensus est une valeur cardinale ici. Beaucoup de Français y voient une forme de politiquement correct, qui les énerve. Peut-être, mais c’est aussi ce qui fait la douceur de vivre au Canada. Le goût du consensus peut être pris, par des Français notamment, pour de l’hypocrisie. C’est avant tout l’expression d’une culture peu encline à la confrontation. Cela n’empêche pas de faire passer les messages, mais mieux vaut être attentif. Après quelque temps ici, vous saurez qu’un oui ne veut pas toujours dire oui.
5- Séparez. Le travail et le reste de votre vie. On se méfiera du type qui raconte tout de sa vie à ses collègues. On préfère cloisonner. Au Québec, vous découvrirez des « 5 à 7 » qui n’ont rien à voir avec les galipettes que suggère l’expression en France. Ici, un 5 à 7 consiste simplement à boire un verre après le bureau, c’est l’happy hour. On y va avec des collègues ou avec des amis. Certains sont spécifiquement réservés au travail, on y pratique le réseautage.
6- Respirez. Ici encore moins qu’ailleurs, s’emporter contre un serveur ou une vendeuse ne vous mènera nulle part. La culture du s e r v i c e est tout américaine, et vous serez en général mieux servi à Montréal qu’à Paris. Et, profitons-en pour le rappeler: ici, comme aux États-Unis, le pourboire est de rigueur.
7- Ignorez. C’est le pendant (à moins que ce ne soit la condition) de la tolérance. Laisser-faire, laisser-être : « Tout se passe comme si nous avions appris à nous mêler de nos affaires, seulement de nos affaires, de peur d’être intrusifs et de voir les autres empiéter sur notre intimité », note Georges Letarte, consultant en organisation.
8- Touchez… Avec modération. La bise (une sur chaque joue) est courante au Québec, entre hommes et femmes mais principalement entre amis proches et membres de la famille. On ne l’a jamais vue pratiquée entre hommes. Et elle est totalement absente dans le reste du Canada, où on se contentera d’un bonjour lancé à la volée, ou d’une poignée de main dans un cadre formel. Mais pas la peine de faire la tournée du bureau chaque matin pour serrer les pognes, ça surprendrait.
9- Comparez. Les Etats-Unis avec le Canada. Il y a un peu du complexe du petit, forcément. Mais, en particulier avec les étrangers, les Canadiens passent un certain temps à expliquer qu’ils ne sont pas Américains (au sens d’habitants des États-Unis). Et en général à s’en réjouir. Du taux de criminalité trois fois moins élevé aux deux années d’espérance de vie supplémentaires. Même les statistiques sont avec eux.
10- Oubliez. La France. Ça devrait être évident, notamment à la lecture de ce qui précède, mais l’expérience nous conduit à vous le rappeler : parler français ne fait pas des Québécois des Français. Cousins, peut-être, fiers de leur langue, sûrement. Mais aussi excédés au plus haut point par ces « maudits Français ». Rappelez-vous la phrase du comédien québécois Anthony Kavanagh : « La différence entre Dieu et les Français, c’est que Dieu ne se prend pas pour des Français… »