Et si la contraception devenait une responsabilité partagée ? À Montréal, le collectif Les Contracepté·e·s anime des ateliers pour faire découvrir la contraception thermique, une méthode naturelle destinée aux hommes créée en France et encore peu connue ici.
Une méthode née en France
La contraception thermique est née en France il y a plusieurs décennies, dans les années 1980. La méthode consiste à bloquer la production de spermatozoïdes grâce à la chaleur, aussi simple que ça.
Concrètement, l’anneau thermique est un dispositif en silicone porté à la base de la verge. Il fait remonter les testicules, ce qui augmente leur température et finit par bloquer la fertilité. Certains utilisent l’anneau seul, d’autres préfèrent un sous-vêtement avec anneau intégré. Celui-ci est surnommé avec dérision le « remonte-c**lles toulousain », car il a été développé à Toulouse.
Une méthode encore contraignante
Comme toute contraception, cette méthode ne convient pas à tout le monde. Et au-delà des aspects médicaux, la méthode thermique demande de la rigueur et se heurte à plusieurs obstacles.
D’abord, pour vérifier si la méthode fonctionne, il faut réaliser des spermogrammes, analysent la qualité et la quantité du sperme et des spermatozoïdes. Mais l’accès à cet examen médical est difficile au Canada, car le système de santé est engorgé, et comme la méthode n’est pas reconnue par la santé publique, la plupart des médecins sont réticents à l’idée d’en prescrire. L’accompagnement et le suivi médical des utilisateurs de l’anneau contraceptif est donc limité.
Ensuite, ceux qui passent ces étapes doivent faire preuve de discipline. L’anneau ou le sous-vêtement doit être porté environ 15 heures par jour, et il faut attendre trois mois d’utilisation régulière avant d’obtenir des résultats fiables.
Une méthode méconnue
Si la méthode reste marginale au Québec, c’est d’abord parce qu’elle l’est encore en France, où elle a vu le jour. Elle compte seulement plusieurs milliers d’utilisateurs dans le monde. La méthode est pourtant efficace, comme l’affirme la Dre Jeanne Perrin, médecin de la reproduction et membre de la Société d’andrologie de langue française.
Pourquoi n’est-elle pas reconnue par la santé publique ? Selon Jeanne Perrin, les laboratoires ont mis du temps à imaginer qu’il puisse y avoir un marché pour ces produits.
Et pourquoi ne s’est-elle pas imposée au Canada, dans un pays où les avancées sociales sont souvent plus rapides qu’ailleurs et où la vasectomie est monnaie courante ? Il s’avère que la réponse est dans la question.
Comme la vasectomie n’est autorisée en France que depuis 25 ans, ce qui est très récent par rapport aux pays anglo-saxons, les groupes militants et les médecins ont développé leurs propres solutions. « En France, c’était considéré comme une mutilation génitale. Donc les hommes français, bien avant ça, se sont tournés vers d’autres méthodes de contraception », explique la Dre Jeanne Perrin.
« Comme la vasectomie n’était pas légale en France, il a fallu essayer de penser à d’autres solutions, et donc ça a un peu stimulé la créativité je pense », poursuit la médecin qui a oeuvré aux côtés du Dr Roger Mieusset, à l’origine du sous-vêtement contraceptif thermique, le fameux « remonte-c**lles toulousain ».
Le Canada, très à l’aise avec la vasectomie, reste en revanche peu familier avec les méthodes réversibles. Qu’elles soient hormonales ou non hormonales, ces options sont encore en phase d’étude clinique, mais elles finiront par arriver sur le marché, assure la Dre Jeanne Perrin.
L’équité contraceptive
Les ateliers du collectif Les Contracepté·e·s veulent bousculer les habitudes en proposant une alternative réversible et naturelle, qui ouvre la voie à une vraie équité contraceptive, celle où la responsabilité ne repose plus uniquement sur les épaules des femmes.
Le reportage vidéo est disponible sur notre chaîne Youtube :
