Le choix était audacieux: ouvrir une librairie indépendante au coeur des Laurentides, loin des villes. Mais cinq ans plus tard, le pari semble gagné: Christian Huron a fait sa place dans la vie locale et L’Arlequin est devenu une référence.
Parti de France il y a 30 ans, Christian Huron avait soif de découvrir le monde en arrivant au Québec. Il y découvrit aussi le monde du livre, d’abord comme représentant. Et en 2015, il décide de se lancer et ouvre la librairie L’Arlequin à Saint-Sauveur. “Comme représentant sur le territoire des Laurentides, j’avais pris conscience du potentiel de la région, où vivent beaucoup d’artistes, d’universitaires et une population très diverse”.
Les premières années sont rudes financièrement, mais la petite librairie trouve sa clientèle, les lecteurs reviennent et adhèrent à la philosophie du maître des lieux. «Je n‘achète pas pour moi, j’achète pour les clients, confie-t-il. Qui suis-je pour dire aux gens quoi lire ?Donner des conseils ou des prescriptions, partager nos coups de coeur oui… mais juger les lectures, c’est horriblement sectaire. C’est une question d’éthique aussi et en plus commercialement c’est niaiseux. »
Pour la conséquente communauté de Français installée de longue date dans la région, L’Arlequin offre aussi bien Le Monde Diplomatique que Gala, ou le Canard enchaîné. “La diversité fait la richesse de la communauté”, dit-il.
Auteurs locaux
Que ce soit l’achat local ou la curiosité pour l’autre, il y a un mouvement pour la lecture d’auteurs locaux. Un réel engouement pour l’envie de tisser une réelle relation, que ce soit avec les commerçants locaux ou les auteurs locaux. Il souligne l’essor de la littérature autochtone très riche. « Nous devons collectivement prendre conscience de ce qui s’est passé, il y a eu trop de déni. Les gens sont prêts. Nous sommes en train de nous redécouvrir et la littérature est un beau lien,» dit-il enthousiaste.
La crise de la Covid-19 n’a bien sur pas épargné Christian Huron. Mais à la réouverture les clients “étaient en manque”, ils étaient au rendez-vous. Pendant le confinement étrangement il a gagné plus de clients qu’il n’en a perdus. Les gens avaient réellement besoin de lire et le site des Librairies indépendants du Québec a valorisé le commerce local. une preuve de réussite pour le libraire, qui veut continuer à proposer des littératures méconnues, multiplier les partenariats avec des clubs de lecture, et renforcer la présence de la littérature anglophone plus riche que ce qu’il fait actuellement.Il avait tenté une mise en place de littérature africaine qui n’avait pas eu le succès escompté, mais Christian Huron garde l’envie de proposer des littératures différentes, des partenariats avec des clubs de lecture, et également de la littérature anglophone, plus riche que ce qu’il fait actuellement. De beaux projets en devenir… avec le livre comme trait d’union.
Trois suggestions de lecture de Christian Huron pour les Français arrivant au Québec: