Depuis quelques mois, il est désormais possible de s’évader dans un coin de Provence tout en restant à Montréal. En passant la porte d’Un instant en Provence, ce café créé par le pâtissier provençal Nans Roche, on entendrait presque les cigales chanter.
Des affiches qui représentent des lieux typiques de la Provence, des chaises bistrots, des bouquets de lavande suspendus au plafond.. Sur la rue Notre-Dame, dans le quartier de Saint-Henri, Nans et son équipe ont su créer un lieu authentique, à l’image des endroits dans lesquels il a travaillé dans sa région natale. Il a même reproduit la façade d’un fournil provençal au fond de son café.
Mais ce que l’on remarque surtout, ce sont les différents objets emblématiques qui décorent le lieu, comme les livres de recettes, le pichet de Ricard, ou encore, les cigales en céramique qui ornent un des murs. « Tous ces objets ont une histoire, explique Nans. Par exemple, les cigales appartenaient à ma grand-mère maternelle et derrière chacune d’entre elles, il y a la date et le lieu où elles ont été achetées et l’occasion qu’elles représentent. » Il ajoute que l’une d’entre elles a même été offerte par sa mère à sa grand-mère quand il est né.
Nans confie que, depuis tout petit, il a toujours été fasciné par les objets de brocante. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a inclus un montant à son budget pour faire venir par un conteneur maritime la plupart de ces objets qui étaient chez ses grands-parents.
« J’ai vu beaucoup de clients avoir de l’émotion en voyant ces objets, et c’est un peu ce que je cherchais en les ramenant ici », ajoute-t-il.
Même les cageots dans lesquels sont présentées les viennoiseries ont été ramassés par le propriétaire au marché d’Aix-en-Provence.
Mais l’ambiance n’est pas seule à nous transporter dans le Sud. Navettes à la fleur d’oranger, latte et éclairs à la lavande, tropéziennes… c’est aussi le goût de la Provence qu’on peut y déguster. Et c’est à partir de lavande séchée québécoise, qui provient de Maison Lavande, dont le champ se trouve sur la rive nord de Montréal, que Nans crée ses arômes. Il concocte lui-même ses propres infusions qui serviront à la confection des desserts qu’il propose. Depuis peu, on peut même y retrouver le goût du Sud-ouest puisque son café est devenu un des points de vente du Canelé Montréalais.
Même si les débuts de son commerce sont un véritable succès, ce n’était pas gagné d’avance. Arrivé à Montréal en 2015, il commence par travailler comme pâtissier dans une chaîne de boulangerie québécoise. « Quand je disais aux gens que je venais de Provence, ils avaient des étoiles dans les yeux », confie-t-il.
Il décide alors de créer un lieu à l’image de sa région natale. Après avoir suivi la formation de l’École des entrepreneurs du Québec, il fait appel à quatre organismes de financements. Parmi eux, trois refusent son projet. « On m’a clairement dit que mon projet sur la Provence ne marcherait pas », se souvient-il.
Finalement, l’un des organismes accepte son projet, et après de longues démarches et quelques travaux, sa boutique ouvre à l’automne 2023. C’est notamment grâce au réel de @lefrenchexplorer qui a permis de le faire connaître très rapidement, que désormais, son café ne désemplit pas. Il a aujourd’hui six employés et son local est devenu trop petit durant le week-end. Mais le pâtissier a déjà d’autres projets pour Un instant en Provence : parmi ceux-ci, avoir un permis de restauration en plus de son permis d’épicerie, qui lui permettra de proposer davantage de places assises, et l’ouverture d’un deuxième café à partir de 2025.
« Quand je vois comme c’est toujours plein le samedi, j’en ai les larmes aux yeux », avoue-t-il.