Les enveloppes qui circulent entre collègues, vous vous souvenez ? Oubliez. En 2018, les cagnottes pour acheter des cadeaux groupés à l’occasion de pots de départ, d’anniversaires, de mariages ou de fins de semaine au chalet s’organisent en ligne.
Depuis 2010, le modèle a fait ses preuves notamment en France, avec la florissante start-up Leetchi, sans parler du Pot commun. Au Canada, désormais, il faudra compter avec Tiing, la start-up lancée à Montréal par Nicolas Goutaudier et Lucas Rivoire. Cette nouvelle “FinTech” montréalaise propose une solution de paiement participatif visant à simplifier la collecte d’argent à plusieurs. “Le paiement participatif est, en quelque sorte, le cousin du socio-financement, que nous connaissons tous, mais touchant plus à la sphère personnelle”, expliquent les co-fondateurs français.
Nicolas, installé au Canada depuis 6 ans, a passé 4 ans en tant que directeur de magasins d’une filiale parisienne spécialisée dans la photographie, YellowKorner. “J’ai monté une succursale à Toronto et Montréal. (…) Rapidement, j’ai eu envie de monter mon propre truc avec un pote qui est devenu mon associé”, raconte le trentenaire qui a décidé de lancer un site de cagnottes en ligne, à l’image du juteux Leetchi qui compte désormais 8 millions d’utilisateurs en Europe.
“On est partis d’un constat simple : tous nos potes participent chaque année à 2 ou 3 cagnottes Leetchi alors qu’ils vivent à Montréal ! On a creusé et on s’est rendus compte qu’il n’y avait pas de plateforme équivalente ici'”. En 2017, après étude de marché, brainstorming et réunion de consommateurs, ils se lancent. Entre temps, Nicolas a suivi une formation à l’École des entrepreneurs du Québec et a aussi appris à y pitcher. “Ça m’a permis de réseauter et de mettre les deux pieds dans l’entreprenariat”.
Leur ambition ? Un produit très local made in Montréal visant toutes les thématiques qui n’existent pas encore : cadeaux, baby shower, listes de mariages, week-end entre amis, etc. “On n’a rien inventé mais il fallait le faire !”, confie modestement le “marketeux” qui compte déjà 450 utilisateurs sur sa plateforme et 35 cagnottes créées en 3 mois.
Pour l’instant, leur cible principale est le Canada — il faut d’ailleurs un compte en banque canadien pour profiter de Tiing. Leur clef d’entrée ? “Les Français qui vivent au Canada”, affirme l’entrepreneur qui connaît sa cible et ses compatriotes sur le bout des doigts. “Ils comprennent tout de suite le concept et savent que ça marche. Avec les Québécois, il va y avoir une phase de sensibilisation pour leur faire découvrir notre produit, ce sera un peu plus long”, raconte Nicolas, confiant, qui prend 4% de commission sur le montant total de chaque cagnotte collectée.
Leur autre cible à atteindre : les étudiants. “Leetchi s’est fait connaître comme ça. La fondatrice a commencé à faire une cagnotte en ligne au sein d’une association étudiante”, explique celui qui s’apprête à contacter les universités de Montréal.
D’ici 3 ans, le duo prévoit déjà de développer son propre sytème de paiement, à la Paypal. “C’est beaucoup d’argent à lever pour parvenir à nos fins mais cela nous permettrait de ne plus avoir d’intermédiaires de paiement, et d’obtenir une meilleure marge.” Entre temps, ils espèrent d’abord faire grossir leur “business” et offrir, dans les mois qui viennent, une offre B2B avec des partenaires locaux. “De cette manière, on pourrait offrir les 4% à nos utilisateurs : ils dépenseraient la somme collectée directement chez un partenaire de leur choix présent sur notre plateforme”, raconte Nicolas, serein vis-à-vis de ce système d’affiliation à cheval avec le B2C.
Au fait, vous n’aviez pas une collecte de cadeau d’anniversaire à organiser ? Vous allez faire des heureux…