Le film Monsieur Aznavour, réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade, ne se contente pas de retracer la vie du légendaire chanteur franco-arménien, il en explore l’âme. Pour incarner Charles Aznavour à l’écran, les réalisateurs, Mehdi Idir et Grand Corps Malade ont fait appel à l’acteur Tahar Rahim, un choix audacieux qui prouve que les deux artistes ont plus en commun qu’on ne le pense. À l’occasion du festival CINÉMANIA à Montréal, Tahar Rahim nous raconte comment il a réussi à se glisser dans la peau de cette légende de la chanson.
Lui qui est pourtant connu pour sa capacité à endosser les rôles complexes n’en fait pas mystère: ce rôle est « sans hésiter à la première place sur le podium des rôles les plus compliqués ». Pour se préparer, Tahar a dû non seulement s’imprégner de l’histoire d’Aznavour, perdre près de 20 kilos, mais surtout apprendre à chanter et à jouer du piano, des compétences jusque là touchées du bout des doigts dans quelques films, mais qu’il n’avait jamais vraiment maîtrisées auparavant. « Je ne suis pas chanteur, je suis un acteur », précise-t-il, mais le défi de chanter pour la vérité du personnage l’a poussé à donner le meilleur de lui-même.
Tahar Rahim n’a pas seulement dû apprendre à chanter. Il a plongé dans un processus minutieux pour reproduire la voix d’Aznavour, une tâche à la fois technique et émotionnelle. « Ce qui m’a fait le plus peur, c’était sa voix parlée », explique-t-il, « si on n’entend pas Aznavour dès la première seconde, c’est foutu ». Pour se rapprocher du timbre unique du chanteur, Tahar a travaillé intensivement pendant des mois, utilisant même une gouttière pour modifier sa posture et sa façon de parler, mimant les moindres détails de la diction d’Aznavour. « Je vivais comme lui, je parlais comme lui, je l’étudiais en permanence », raconte-t-il.
Le plus grand défi était sans doute de capter l’intimité d’Aznavour, un homme complexe et réservé. En plus de ses recherches techniques, Tahar Rahim a eu accès à des documents privés directement issus de la famille d’Aznavour qui l’a accueilli « avec une bienveillance infinie », lui permettant de comprendre le côté plus intime du chanteur. Ces rencontres avec les proches de l’artiste ont été cruciales pour humaniser le personnage et l’approcher de manière authentique.
« Il y a trois Charles Aznavour : celui des médias, celui de la scène et celui intime. C’est ce dernier qui était le plus difficile à atteindre, et c’est là que la famille d’Aznavour nous a vraiment aidés », confie l’acteur.
Comme il le fait systématiquement, Tahar Rahim a aussi travaillé avec une psychologue. « J’y vais avec mon personnage », explique-t-il. Ce processus lui permet d’explorer la psyché du personnage, de comprendre ses failles et ses contradictions, afin de mieux en saisir l’essence. « On échange sur ce qu’il aurait pu être, ce qui me permet de construire l’ADN du personnage et de laisser son âme parler à travers moi. » Il précise : « Je ne veux pas être totalement grimé en lui, et je ne veux pas non plus qu’il n’y ait rien de lui. Je veux qu’on se retrouve ensemble au milieu ». Grâce à cette approche intime et ce travail psychologique approfondi, Tahar Rahim parvient à offrir une interprétation à la fois fidèle et profondément humaine, où chaque nuance du personnage prend vie.
Tahar Rahim nourrit une relation particulière avec la ville, qu’il décrit comme un « New York à la française », une ville chaleureuse et décontractée. Cette affection pour le Québec (et sa poutine!) se partage avec le chanteur, qui y a trouvé un public fidèle et un lieu propice à sa carrière. « Montréal a joué un rôle capital dans la carrière de Charles Aznavour », souligne Tahar Rahim. C’est ici qu’Aznavour a fait ses premiers pas décisifs sur scène, un fait que le film met en lumière et qui donne une dimension particulière à la projection en sol québécois.
À travers Monsieur Aznavour, Tahar Rahim incarne non seulement un homme, mais aussi une époque, un héritage. Le film ne se limite pas à une biographie classique : il est une ode à l’artiste et à son parcours, à ses luttes, à ses triomphes. « Charles Aznavour n’était pas qu’un grand chanteur, c’était un homme avec une identité, un charisme unique », explique Tahar Rahim. C’est ce charisme que l’acteur a cherché à retranscrire, dans toute sa complexité et sa richesse.
Bien plus qu’un simple biopic, Monsieur Aznavour réussit, sans sombrer dans une tentative vaine d’imitation, à capturer l’âme artistique, profonde, singulière, du chanteur. Et nous offre une rencontre unique entre un acteur et une légende, une immersion dans l’univers d’un homme qui a marqué l’histoire de la musique et des arts, un film à ne pas manquer pour tous ceux qui souhaitent revivre la magie d’Aznavour.
Monsieur Aznavour sort en salle partout au Québec le 29 novembre.