Depuis le 1er février, les travailleurs étrangers temporaires et leurs conjoints ne peuvent plus accéder aux services publics d’aide à l’emploi au Québec. Une décision du ministère québécois de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), annoncée le 23 janvier, qui soulève des questions sur son impact pour ces travailleurs. Que signifie concrètement cette mesure et quelles sont les solutions alternatives ? On vous détaille la situation.
Exceptions à ces mesures : Les étudiants étrangers titulaires d’un permis de travail post-diplôme ne sont pas touchés par cette décision. Les personnes déjà inscrites et prises en charge peuvent continuer de recevoir les services.
Selon Émilie Bouchard, la coordonnatrice du Réseau national des organismes spécialisés dans l’intégration à l’emploi des nouveaux immigrants (ROSINI), cette décision aura un impact sur plusieurs services développés par les organismes à travers les années : « Ces services concernent tout ce qui touche à la recherche d’emploi, la préparation à une entrevue, faire son CV [à la manière québécoise], rédiger une lettre de présentation, [mettre à jour ou créer] un profil Linkedin, comprendre le marché de l’emploi et les normes du travail du Québec, mais aussi [apprendre] la communication interculturelle, par exemple », illustre-t-elle.
En effet, en dépit du gel temporaire de la délivrance de permis à certains travailleurs étrangers à Montréal annoncé en août dernier, 270 478 travailleurs étrangers temporaires sont déjà installés au Québec, selon Statistiques Canada. Et selon la coordinatrice, il faut continuer à les épauler dans leur processus d’intégration. « Même si on prévoit une diminution des travailleurs temporaires, ceux qui sont déjà là ont toujours besoin [de ces services] », assure Émilie Bouchard. De plus, cette mesure pourrait même forcer certains organismes à couper dans leurs services.
Selon les données du MESS, depuis 2019, les travailleurs étrangers temporaires et leurs conjoints représentaient entre 0,2 % et 0,9 % de l’ensemble des participations à ces services, toutes clientèles confondues. Le nombre de participants qui entrent dans la case « travailleur étranger temporaire » serait passé de 3472 en 2022-2023 à 617 en 2024-2025. Mais ces données laissent les acteurs du milieu quelque peu sceptiques. « Je ne sais pas comment ils ont calculé ces chiffres, car cela ne concorde pas avec les chiffres de nos organismes partenaires, poursuit Émilie Bouchard qui déplore cette décision prise sans consultation avec les organismes. C’est en contradiction avec le discours ambiant du gouvernement qui veut que les [immigrants] soient intégrés et qu’ils apprennent le français […]. »
Selon un article de Radio-Canada, les travailleurs étrangers temporaires et leurs conjoints étaient admissibles aux services publics d’emplois depuis 2019. Cette année-là, de nombreuses entreprises avaient eu recours au recrutement à l’étranger pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. Mais le gouvernement Legault a récemment indiqué que la hausse du taux de chômage au Québec donnait désormais la possibilité aux employeurs de recruter directement les travailleurs déjà disponibles dans la province.
En attendant que des solutions alternatives soient développées par les organismes d’aide à l’emploi, Émilie Bouchard conseille aux personnes de se rendre sur des sites comme Jobboom. En plus d’afficher des offres d’emploi à travers la province, la plateforme québécoise propose des articles de blogue avec des exemples de modèles de CV ou encore des conseils pour se préparer à une entrevue, entre autres.
Par ailleurs, d’autres services sont toujours proposés par des organismes aux travailleurs étrangers temporaires pour leur permettre de s’intégrer et de se créer un réseau. C’est le cas par exemple du volet Soutien aux familles de l’organisme PROMIS, qui propose des activités socioculturelles ainsi que des ateliers thématiques, pour établir un budget, par exemple.
La CITIM (Clé pour l’intégration au travail des immigrants) propose aussi régulièrement des sessions de la formation « Objectif intégration » dans lesquelles les travailleurs temporaires sont toujours admissibles, selon le Gouvernement du Québec. Cette formation de 24 heures met l’accent sur les valeurs démocratiques et les valeurs québécoises définies par la Charte des droits et libertés de la personne, les codes culturels en emploi et le cadre légal dans le monde du travail.