Meubles en métal ou de métier, portemanteaux, chaises de bureau, luminaires vintage, cartes de géographie d’écoliers, etc : chaque pièce chinée a une histoire chez Style Labo. Aux manettes de la boutique du Mile End, qui fête ses 10 ans cette année, un couple de Corses, venu se lancer à Montréal dans la déco industrielle. Pour le plus grand plaisir des particuliers ou restaurateurs notamment, mais aussi des producteurs de cinéma, qui puisent dans les trouvailles de la boutique le temps d’un tournage.
“Ce portemanteau était dans un orphelinat en Roumanie“, nous montre Romain Castelli, le propriétaire, installé à Montréal depuis 12 ans avec sa femme, Anne Defay. Le couple, qui a inauguré sa boutique Style Labo en 2009, a choisi de quitter la France pour changer d’air. Attirés par le continent américain, ils ont choisi le Québec, plus facile que les Etats-Unis sur le plan des formalités d’immigration.
La déco, ils l’avaient dans la peau sans avoir travaillé dans ce domaine en France. Anne Dufay travaillait dans la bijouterie et le prêt-à-porter en Corse, sans mettre à profit sa formation d’architecte d’intérieur. Quant à son chineur de mari, diplôme de journalisme en poche, c’est dans l’hôtellerie qu’il a commencé sa carrière tout en parcourant assidûment les brocantes. Depuis dix ans, Romain Castelli en a fait son métier et parcourt les Etats-Unis pour y débusquer de belles pièces de mobilier industriel américain ou européen. Il nettoie et prépare ses trouvailles dans la partie atelier à l’arrière de la boutique, tandis qu’Anne Defay gère la logistique et la clientèle à l’avant.
L’aventure de Style Labo a d’abord commencé rue Bernard et dans le quartier de Petite-Italie, puis le couple a rassemblé ses collections dans la boutique de deux étages du boulevard Saint-Laurent il y a quatre ans. Un repaire d’objets vintage industriels — datant globalement de 1850 à 1950 — venus d’ailleurs. Pour une touche plus contemporaine tout en restant dans l’esprit loft et atelier, on y trouve aussi de magnifiques lampes Gras, accrochées au-dessus du comptoir.
Le couple vend environ 60% de sa marchandise à des particuliers. “On a des gens qui viennent depuis 10 ans”, souligne Romain Castelli. Les 40% restants sont une clientèle de professionnels variés : bars, restaurants, commerçants qui complètent la décoration de leur espace chez Style Labo. La boutique loue par ailleurs régulièrement ses produits pour des tournages de cinéma ou des shootings photos (catalogues, pochettes de disques…).
Si le couple corse a trouvé sa niche en proposant des produits d’importation rares sur le marché québécois, il reste néanmoins confronté à un challenge pour maintenir ses prix. “C’est un problème depuis deux ou trois ans, car avant il y avait la parité du dollar donc il n’y avait pas de différence de taux de change (…), déplore Romain Castelli. C’est embêtant depuis que le dollar canadien a chuté. On est obligés de mettre davantage dans notre investissement financier pour acheter le même produit”.
Sans compter la concurrence des grandes chaînes. “Les ampoules incandescentes, il y a 10 ans, on était les seuls à les vendre, raconte par exemple le commerçant. Maintenant on les trouve chez Dollarama…“. La solution ? Le Corse ne livre pas de recette miracle, si ce n’est se renouveler et surtout garder la passion. “Regardez le nombre de gens qui ferment, commente Romain Castelli. Il n’y a pas de secret. Si on n’est pas passionné par ce que l’on fait, on ferme rapidement”.
Reste pour le commerçant une inconnue majeure avec la concurrence croissante d’internet. “Dans 4-5 ans, je serais bien curieux de voir l’état du commerce de détail de quartier, et pas qu’au Québec !”, lance le Corse qui s’est adapté au marché en vendant aussi ses produits en ligne. Une flânerie dans son repaire de trésors industriels reste néanmoins une expérience de charme qu’internet ne remplacera jamais…
Pour fêter ses 10 ans, la boutique propose jusqu’à 50% de réduction sur la majorité des articles jusqu’à fin mars. “C’est aussi une façon de renouveler un peu l’inventaire“, précise le Français qui prépare l’arrivée d’autres styles de produits, notamment des petits meubles impossibles à dénicher dans l’industriel (tables de chevet, meubles télé, etc). “On va essayer d’autres produits dans le registre loft ou maison pour compléter la gamme qu’on a (…). Des choses peut-être plus modernes“. De quoi inoculer du sang neuf à l’esprit “laboratoire de tendances” que souhaitait le couple en choisissant le nom “Style Labo”.