Sophie Cluzel, secrétaire d’État française chargée des personnes handicapées, était en visite au Canada pour explorer les bonnes pratiques en matière de “société inclusive”. Avant qu’elle reparte en France, on lui a demandé ce qu’elle retenait de sa visite canadienne.
Très engagée au sujet de l’inclusion des personnes handicapées en milieu ordinaire (NDLR : sa fille de 22 ans est trisomique), c’est la thématique de l’école inclusive qui l’a particulièrement intéressée lors de son séjour. Elle a donc visité, entre autres, l’école secondaire De La Salle à Ottawa (un établissement pilote qui oeuvre pour l’inclusion à travers l’art notamment) et l’école primaire Saint-Anselme à Montréal où elle a pu échanger avec les équipes pédagogiques et observer une classe.
Comme le rappelle Le Devoir, “cette école primaire située en plein quartier défavorisé offre cinq classes réservées aux élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Une quinzaine d’autres élèves autistes sont intégrés dans les classes ordinaires, de la maternelle à la sixième année.”
“En France, nous voulons transformer nos écoles pour qu’elles deviennent de plus en plus inclusives notamment vis-à-vis des personnes handicapées. C’est déjà le cas au Canada, il était donc inspirant pour moi de voir concrètement ce qui était mis en place”, nous a confié la secrétaire d’État par téléphone, convaincue qu’en France aussi il est possible qu’enseignants et professionnels spécialisés travaillent ensemble pour rendre l’école inclusive possible.
Universités, logements supervisés et baluchonnage aussi
À l’Université d’Ottawa, elle a eu le temps de constater que des salles adaptées étaient à la disposition des personnes handicapées pour leur permettre de passer leurs examens. “C’est un dispositif essentiel à l’inclusion en milieu universitaire”, a-t-elle rapporté sur son compte Twitter.
Mme Cluzel en a aussi profité pour visiter des unités de logements supervisés pour personnes handicapées à la Karen’s place de la Corporation Salus d’Ottawa : une maison partagée qui offre un cadre de vie adaptée aux personnes souffrant d’un handicap mental. “Cette visite de résidence pour handicapés psychiques m’a permis de voir un autre modèle économique, encore une fois très inspirant”, a souligné la secrétaire d’État, qui en a pris bonne note.
Enfin, elle a pu échanger avec les membres de l’association “Baluchon Alzheimer” au sujet du baluchonnage, un système de soutien permettant de garder à domicile les personnes atteintes d’Alzheimer. “C’est très important pour l’aide aux aidants de reconstruire la relation aidant-aidé. En France, nous faisons justement des expérimentations qui s’appuient sur ce qui se fait ici.“
Ce qu’elle retiendra de son séjour canadien ? “Au Canada, il y a un vrai vivre-ensemble effectif et opérant mais aussi un très grand bien être et une très grande joie. Sans parler de cette belle énergie entre les éducateurs et les élèves”, a noté Sophie Cluzel, ravie d’avoir pu “décortiquer” les rouages du système inclusif canadien.
De retour en France, elle espère “pouvoir donner à voir” et “transmettre cette sociabilité”. “Il y a un vrai mouvement vers la société inclusive en France mais on a du mal à se représenter ce que cela peut donner au niveau de l’école. Il y a donc un énorme travail d’accompagnement au changement et un enjeu de transformation radicale de nos structures médico-sociales”.