Le 8 septembre 2017, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) mariait symboliquement Miss Chief Eagle Testickle — alter ego non binaire de Kent Monkman — et Jean-Paul Gaultier. De cette union, une vidéo-performance est née : “Une autre plume à sa coiffe”. Projetée l’année dernière au Centre culturel canadien de Paris, elle est maintenant dévoilée en première canadienne au MBAM. La présentation intègre aussi l’installation “Théâtre de cristal” offerte par l’artiste d’ascendance Crie au Musée.
C’est sous le “Théâtre de cristal”, à savoir un tipi de perles de verre conçu par Monkman, que la performance s’est déroulée. Une mise en scène soignée qui scellait l’union inclusive et engagée entre “l’enfant terrible de la mode” et Miss Chief Eagle Testickle. “Les artistes échangèrent leurs vœux d’amitié et de respect en présence de deux témoins, Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, et Thierry-Maxime Loriot, commissaire de l’exposition “Love Is Love”. Le comédien Andrew Schiver jouait le rôle du célébrant, et la Québécoise Ève Salvail, muse et mannequin du couturier, celui de la demoiselle d’honneur”, stipule le communiqué de presse.
Pour ce mariage symbolique, Miss Chief portait une coiffe créée par le couturier, complément de la robe de mariée de la collection haute couture automne-hiver 2002-2003, “Les Hussardes”. Inspirée de celles qu’arborent les Premières Nations des Plaines, cette coiffe était également présentée dans l’exposition “Love Is Love : le mariage pour tous selon Jean-Paul Gaultier”. Dans un contexte où l’appropriation culturelle faisait (et fait encore) débat, la présence de cette même parure dans l’exposition “Love Is Love” exigeait une réponse.
“Le MBAM a alors demandé à Monkman d’émettre un commentaire par la voie artistique. Sa réponse : Miss Chief accepterait la demande en mariage de Jean-Paul Gaultier. Avec sa collaboratrice de longue date, Gisèle Gordon, Monkman a ainsi conçu une performance-cérémonie qui célèbre l’alliance symbolique entre deux artistes pour interroger la notion d’appropriation culturelle, et sceller une union artistique fondée sur l’amitié et une meilleure compréhension culturelle”, précise le communiqué.
“Grâce au mariage, nous apprenons à mieux appréhender et à pardonner les manquements de nos conjoints ainsi qu’à établir une connaissance authentique de l’autre. Le mariage stimule et nourrit une nouvelle vie et de nouvelles expériences. Aujourd’hui, Miss Chief accepte l’offre d’union artistique de Jean-Paul Gaultier comme une alliance esthétique sous le signe du respect mutuel et de la reconnaissance interculturelle », a déclaré Kent Monkman au sujet de cette union culte.
Par le truchement de Miss Chief Eagle Testickle, Monkman évoque aussi et surtout “les personnes au genre fluide et/ou bispirituel, vénérées et acceptées par la plupart des nations autochtones de l’époque précoloniale, dont les travestissements scandalisaient les colons venus d’Europe”.
« À l’invitation du Musée, Kent Monkman a créé cette performance avec Jean Paul Gaultier pour se réapproprier la coiffe. Évitant les impasses que sont l’indifférence d’un côté, l’autocensure de l’autre, le Musée imaginait une “troisième voie” constructive et créative par cette performance, un geste d’amitié et de dialogue entre deux créateurs. (…) Alors que le débat concernant l’appropriation culturelle agite notre actualité, cet exemple positif de réconciliation fait réfléchir », a affirmé Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM.
Petit aperçu de ce mariage-performance au MBAM en 2017 :
https://www.youtube.com/watch?v=tsBu2dqHpfc