Rentrée compliquée : le Québec perd ses étudiants étrangers

Rentrée compliquée : le Québec perd ses étudiants étrangers

Par Carla Geib / Le 8 septembre 2025 / Immigration

C’est une rentrée pas comme les autres pour les universités québécoises. Les demandes d’admission d’étudiants étrangers ont diminué de 46 % cette année au Québec. Une chute libre. La cause ? Les restrictions d’Ottawa et de Québec, mais aussi l’image ternie des études au Canada à l’international, selon les établissements. Même la pandémie n’avait pas freiné autant les arrivées.

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Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

À l’Université de Montréal, les étudiants étrangers, qui font pourtant d’ordinaire partie des murs, désertent les salles de cours. Au 1er cycle, les inscriptions ont plongé de 37 %, et aux cycles supérieurs, la baisse atteint 13 %, selon la porte-parole Geneviève O’Meara. Côté demandes d’admission, la tendance est la même : –33 % au 1er cycle et –28 % aux cycles supérieurs par rapport à l’an dernier à pareille date.

À l’Université de Sherbrooke, le recul est tout aussi net. Les inscriptions au 1er cycle chutent de 36 %, tandis que les programmes de 2e cycle perdent 30 % de leurs effectifs côté recherche, et 39 % côté cours, indique la vice-rectrice aux études et à la vie étudiante, Isabelle Dionne.

Mais le vrai choc à l’Université de Sherbrooke se trouve dans les demandes d’admission. Tous cycles confondus, elles se sont effondrées de 56 %. Une chute spectaculaire. Pour donner un repère concret : l’an dernier, Sherbrooke accueillait 1 471 étudiants français et 100 belges.

Quand les délais freinent la rentrée

De nombreux étudiants attendent toujours qu’Immigration Canada leur délivre un permis d’études. Les délais s’allongent et, sans ce document, impossible d’intégrer officiellement les rangs de l’Université.

La vice-rectrice de l’Université de Sherbrooke, Isabelle Dionne, garde néanmoins espoir de voir certains étudiants rejoindre leur cohorte en cours de session : « Les informations dont nous disposons actuellement indiquent, sans équivoque, que des arrivées tardives ou des absences sont à prévoir parmi nos étudiantes et étudiants internationaux. »

L’effet direct des restrictions migratoires

Le gouvernement fédéral a mis un coup de frein à l’immigration ces deux dernières années. L’ancien premier ministre Justin Trudeau a estimé que le pays n’avait plus besoin de combler sa main d’oeuvre. Et du côté du gouvernement provincial, dirigé par le caquiste François Legault, même son de cloche. Dans une période de crise – du logement notamment – l’immigration est pointée du doigt. Résultat : gel de plusieurs programmes d’immigrations permanente, dont le plus prisé des étudiants, et ordre aux universités de réduire de 20% le nombre d’étudiants étrangers. Entre autres.

Pour Geneviève O’Meara, porte-parole de l’Université de Montréal, le message envoyé ne fait pas de doute. « Indirectement, les gouvernements disaient, d’une certaine façon : vous n’êtes plus tant les bienvenus ici. Cela a sans aucun doute plombé notre recrutement et les inscriptions des étudiants internationaux. »

Un vide qui se fait sentir

Les universités s’inquiètent de cette diminution drastique, et pas seulement pour l’argent. C’est côté recherche et innovation que la perte se fait le plus sentir. À l’Université de Sherbrooke, Isabelle Dionne est catégorique : « Les étudiantes et étudiants internationaux de l’UdeS contribuent à l’avancement du savoir et à sa mise en application. » Même son de cloche à l’Université de Montréal : « Ces étudiants jouent un rôle crucial dans le soutien des activités de recherche de pointe, souvent comme assistants de recherche ou doctorants, et contribuent directement à l’avancement scientifique », renchérit Geneviève O’Meara.

Mais leur apport ne s’arrête pas aux laboratoires. Leur contribution dépasse les frontières, selon Isabelle Dionne : « Ceux qui retournent dans leur pays deviennent d’excellents ambassadeurs de nos programmes et de notre culture, et de précieux collaborateurs pour divers milieux professionnels. Ceux qui restent ici renforcent la main-d’œuvre qualifiée. » Une position qui contredit cette peur constante d’assister à une fuite des cerveaux.

Et puis il y a tout ce que leur présence change au quotidien. L’ouverture culturelle et l’attractivité du Québec : voilà un autre héritage de ces étudiants venus d’ailleurs. « Ils ouvrent les horizons des étudiants québécois, confrontés à l’altérité, à de nouvelles façons de voir le monde », note Geneviève O’Meara. Leur présence rend le Québec plus vivant, plus attractif, et donne un vrai rayonnement aux universités, selon cette dernière.

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