“Nous avons commencé à contacter les déménageurs au cas où. On va se battre, même si je dois quitter le pays, on va le faire pour les autres.” Ce sont les mots d’Emmanuelle Robichou, une Française dont le dossier d’immigration a été annulé (comme 18 000 autres). De son côté, le gouvernement québécois invite les candidats à suivre le “Programme d’expérience québécoise” (PEQ), sans toutefois préciser ce que les personnes ne remplissant pas ces critères peuvent faire.
“Nous avons envoyé une nouvelle demande de PEQ. En revanche, le MIDI nous a fait savoir qu’on risquait de ne pas être remboursés si on suivait cette nouvelle procédure… Quand bien même c’est ce que le ministre a conseillé de faire !”, raconte Virginie De Martin, une Française installée au Québec avec sa famille depuis 2 ans qui a aussi reçu un nouveau message sur Mon projet Québec. “Ils nous expliquent toutes les possibilités qui s’offrent à nous, notamment la demande de PEQ, donc j’espère qu’ils rembourseront bien les dossiers annulés…”, lance celle qui garde espoir en avançant sans trop savoir où elle va.
Emmanuelle Robichou aussi tient le coup malgré le peu de certitudes qui se profilent à l’horizon. “J’ai écrit au ministre de l’Immigration et j’ai reçu une réponse bateau qui ne correspond en rien à notre cas ici. On essaie d’alerter les médias français et québécois. On continue”.
Pour d’autres, c’est la “goutte d’eau qui fait déborder le vase”. À l’image de Gary Gay-Perret, un Français installé à Québec avec sa compagne québécoise, qui a entamé une grève de la faim pour protester contre ce projet de loi, comme le rapporte Le Journal de Québec. Il a confié : “C’est un manque d’humanité complet. Je ne suis pas un numéro de dossier, je suis un être humain. Le 12 février, j’ai décidé d’entamer une grève de la faim tant et aussi longtemps que le projet de loi 9 ne sera pas annulé.”
Principe de non-rétroactivité questionné et pétition lancée
Pendant que le CPQ (Conseil du patronat du Québec) vante les mérites du nouveau projet de loi 9 considérant “qu’il s’agit d’une bonne mesure” tout en ayant “de la compassion pour ceux qui étaient sur la liste”, d’autres s’interrogent. “L’article 20 est rédigé de manière abrupte, il est d’ailleurs l’avant-dernier article du projet de loi. Et le vocabulaire utilisé est également surprenant : une demande mène nécessairement à une réponse, qu’elle soit négative ou positive, on ne peut pas «mettre fin» à une demande, l’arrêter. (…) Dans un souci d’équité et de respect du droit, les 18 000 dossiers en attente devraient être examinés sous le joug de la loi actuelle qui n’a pas été abrogée. Les «supprimer» revenant à nier une situation juridique qui, par ailleurs n’appartient pas encore au passé”, écrit Alexia Pécresse-Pedandola ici, “turlupinée” par cette affaire.
Face à la situation, les Colombiens Leonardo Rubio et Karen Caballero ont lancé une pétition citoyenne après avoir appris que leur dossier pourrait être annulé. “Ce projet de loi, affecte plus de 50 000 personnes qui ont investi pendant plus de trois ans sans aucune réponse de la part du ministère, du temps, des rêves et de l’argent dans le projet d’immigrer à la province du Québec. Nous cherchons que le ministère révise ces dossiers, parce que la plupart de nous avons les conditions nécessaires pour être part de la société québécoise”, peut-on lire dans le libellé. À suivre.