On y pense moins qu’à la différence de température, pourtant la gestion du temps est une des thématiques interculturelles majeures qui touchent la vie des néo-québécois, que ce soit dans la vie sociale ou en entreprise. En effet, la manière dont on vit le temps révèle toute l’importance, petite ou grande, que l’on accorde au respect de l’agenda, des échéanciers, la “priorisation” des tâches à effectuer. Notre rapport au temps est en lien avec notre histoire, nos origines géographiques (pensez seulement aux différences entre les Parisiens et les gens du Sud, alors imaginez au Canada), parfois notre religion, ou encore notre vision du monde et nos valeurs.
Un temps linéaire au Québec, comme en Amérique du Nord
Ici, le temps, c’est de l’argent, il s’agit d’une gestion structurée pour ne pas perdre son temps. On tend vers l’efficacité, même dans la vie sociale. Il y a le temps au travail, le temps avec la famille, pour le sport, la formation continue ou d’autres activités. Mais il n’y a pas de superposition des temps. On perd son temps ou on en gagne, ici on rentabilise notre temps. Même les enfants peuvent avoir des agendas dignes de ministres. Peu de place pour la spontanéité, le flou, le flot. On organise, planifie les sorties, on optimise les activités de loisirs avec autant d’efficacité qu’au travail. Chaque case de notre agenda est réservée à une activité spécifique où on se concentre sur l’objectif et sur le résultat attendu.
Cela peut être un peu déstabilisant pour des Français de prendre rendez-vous des semaines, voire des mois à l’avance pour une sortie restaurant avec des amis tant tout le monde est ultra occupé, même pour les loisirs.
Comprendre les approches différentes, pour adapter son rythme
Dans certaines cultures, en France y compris, les temps peuvent se superposer et s’entremêler. On peut donner parfois plus d’importance à la relation qu’à la tâche. Le temps peut être plus souple, on profite des occasions et le mélange des activités offre une expérience très différente. La société québécoise avec l’apport des vagues d’immigrations successives cumule une approche temporelle très nord-américaine mais avec des individus qui peuvent avoir un cadre de références très différent. Alors il faut trouver un équilibre pour que la dynamique, sociale et professionnelle, puisse fonctionner avec tout le monde.
Dans ce contexte, comment allier les impératifs culturels nord-américains très cadrés et un possible besoin de spontanéité, pour suivre le flot ? Par exemple, il est surprenant pour des Français de voir débarquer des copains québécois à 19h précise pour un souper, quand en fait 19h n’était qu’heure indicative très floue…
Au travail, comment trouver le tempo juste ?
Voici quelques pistes si vous avez la charge d’un projet ou d’une équipe :
Si vous n’êtes pas en charge, les actions de demander une rétroaction, des précisions, un feedback et la nécessité d’être explicite, de reformuler s’applique tout autant !
Mettre les pendules à l’heure
Dans certaines cultures, arriver quelques minutes voire plus, en retard à un rendez-vous est tout à fait acceptable comme avec le « quart d’heure marseillais’’. Personne ne s’en offensera et vous ne penserez même pas à téléphoner pour prévenir du retard. Au Québec, de votre ponctualité dépendra aussi votre sérieux professionnel. Ici, le retard passerait comme irrespectueux au travail, que ce soit avec vos collègues, employés, clients ou fournisseurs.
Se faire désirer, une mauvaise stratégie
Les imprévus peuvent arriver mais on doit prévenir et proposer une autre alternative que l’on va honorer en temps et lieu. Si vous êtes trop « créatifs » avec les horaires, vous pourrez sans le savoir perdre de la crédibilité professionnelle. Il est peu probable que vos homologues ruent dans les brancards à cause de vos retards, mais vous perdrez des points, c’est certain.
Autant comprendre, pour mieux trouver vos marques et prendre votre place !