À Montréal, on le sait, les Français sont de plus en plus nombreux: plus de 40 000[1] d’entre eux ont déjà succombé au charme de la grande île. (Re)connus pour leur accent français et leur capacité à transformer Le Plateau en “Petite France”, les Français de Montréal forment une communauté francophone plus vivante que jamais. C’est pour eux que le webzine Maudits Français espère devenir une référence autant qu’un repère affectif dans cette métropole qui fait souvent battre le cœur des frenchies à l’unisson. Quelle prouesse.
Si French Morning existe depuis plus de dix ans à New-York ne cessant de faire des adeptes et de rassembler les Français aux quatre coins des États-Unis (éditions à New York, Miami, Los Angeles, San Francisco, Washington et au Texas), c’est qu’il y a un “truc”. Un “truc” qui va au-delà d’un banal sentiment d’appartenance. Ce même “truc” qu’on sent pointer le bout de son nez au Canada. Pourquoi un tel engouement pour un support qui s’évertue à réunir une communauté d’humains qui partagent la culture d’un pays qu’ils ont pourtant quitté?
Il y a quelques temps, Lucie Piqueur, une journaliste du magazine québécois Urbania (ex parisienne), s’interrogeait elle aussi: “(…) c’est comme si la vie voulait tout le temps me faire penser à la France, ces temps-ci. Comme si quelque chose se préparait. Et si les Français finissaient par en avoir marre tous en même temps du chômage, des manifestations et de la montée du FN, et qu’ils débarquaient ici tout d’un coup?”
“Avec des si, on mettrait Paris en bouteille”, certes. Mais c’est parce qu’on partage cette même intuition qu’on a décidé de lancer une “gazette francophone” et de suivre les traces de French Morning en s’ouvrant à Montréal. Comme si on pressentait qu’une partie de cette France qui s’expatrie -ici ou ailleurs- ne serait jamais contre l’idée de se retrouver, de se reconnaître dans les histoires d’autres qui leur ressemblent un peu.
Outil d’information traitant d’actualités, de politique, de culture et de bons plans, on espère voir Maudits Français devenir ce phare de l’information locale qui servirait de guide aux expatriés en questionnements et/ou en quête de divertissements.
C’est aussi notre façon de prévenir celles et ceux qui s’apprêtent à tout quitter pour vivre le “rêve canadien” que la vie d’expat’ à Montréal n’est pas plus rose que noire mais teintée des nuances qu’on lui donne, comme partout ailleurs.
Enfin, Maudits Français c’est le moment qu’on a choisi pour avouer à Montréal qu’on est bien chez elle, qu’on va essayer de la chouchouter autant qu’elle le fait avec nous depuis des décennies. Et puis c’est l’occasion qu’on saisit pour remercier ses habitants d’être aussi fins à notre égard quand bien même il leur arrive de sacrer contre ces “maudits français”. Personne n’est parfait. À part Montréal…
[1] Donnée fournie par Statistique Canada/ Gouvernement du Canada en mars 2017