Il est la “coqueluche des collectionneurs français” selon le journal Le Monde. En collaboration avec la galerie d’art contemporain The Power Plant Toronto, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) dévoile la première exposition monographique canadienne consacrée au peintre sénégalais Omar Ba. Une oeuvre merveilleuse, délicate et forte, présentée jusqu’au 10 novembre 2019.
Le musée n’hésite pas à le présenter comme “l’un des artistes les plus influents de sa génération“. Critique de l’autoritarisme et de la corruption, célébration de la résilience de l’esprit humain et ode à la jeunesse s’entremêlent en couleurs vives sur fond noir.
Omar Ba a sélectionné, sur plus de dix ans de carrière, certaines pièces maîtresses aux techniques et supports variés (feuilles de carton ondulé, boîtes, toile, mur, application de la peinture à la main nue…). Exposées dans une salle au sous-sol du MBAM autour d’une grande murale créée in situ, elles évoquent avec une grande beauté des sujets difficiles et violents.
Alliant actualité et mythologie, bestiaire fantastique, modernité et tradition, Omar Ba joue avec les métaphores pour exprimer les réalités économiques et politiques de l’Afrique. Les dictateurs sont représentés en créatures hybrides, mi-humaines mi-animales, qui se fondent dans un décor de motifs végétaux inspirés par l’enfance sénégalaise du peintre. L’une des toiles, intitulée Visa pour terroriste, représente des jeunes tentés par le terrorisme qu’ils perçoivent comme un échappatoire.
Le peintre transmet avant tout un message humaniste et réparateur. “J’aimerais que l’on reparte avec l’idée qu’il faut remettre l’artiste africain au bon endroit. Et aussi, avec une image plus positive de l’être humain. Qu’on se dise qu’en dehors des conflits, des religions et des cultures, on est tous un. Je voudrais aussi transmettre l’idée d’une Afrique qui reprend sa place. D’un continent sans conflits ni dictateurs, que les gens ne sont pas obligés de quitter pour vivre bien“, a confié Omar Ba à la commissaire de l’exposition, Mary-Dailey Desmarais.
Exposé notamment à la Biennale de Dakar, à la Fondation Louis Vuitton à Paris et au Louvre Abu Dhabi, l’artiste – qui vit entre le Sénégal et la Suisse – s’est vu décerner le prix suisse d’art en 2011. Son oeuvre, magnifiquement esthétique, cartonne en France.
“Mes amis au Sénégal rigolent en me disant : tu es la coqueluche !”, nous a glissé l’artiste dans un éclat de rire lors du dévoilement de l’exposition à la presse. “Cela me met la pression car il faut assumer, mais en même temps cela me fait plaisir que les gens s’intéressent à mon travail. Je pense que les gens sont conscients de ces réalités. Ils ont aussi cette envie que les choses changent, et de réparation. Beaucoup d’artistes n’osent pas traiter certains sujets parce qu’ils ont peur, mais je pense que les gens en ont besoin”.
L’artiste annonce son intention d’orienter ses prochaines oeuvres sur une autre thématique essentielle : la place des femmes. À découvrir au MBAM.