Amélie Jean-Louis pousse un soupir de soulagement : « Ouf! On a réussi à sauver l’entreprise! ». L’entreprise? Une librairie spécialisée dans la vente de bandes dessinées japonaises qu’elle soutient à bout de bras depuis 2015 avec son associée Coralie Cressent. Il s’en est fallu de peu pour qu’elles soient emportées par la crise sanitaire.
« Je ne pensais pas vivre ça dans ma vie; j’ai trouvé ça roffe… » dit cette jeune Française qui n’hésite pas utiliser un mot de sa patrie d’adoption pour décrire cette épreuve à la fois pénible et difficile. Car le concept de O-Taku Manga Lounge – un café-lecture/librairie où l’on peut tranquillement dévorer ses mangas préférés moyennant un tarif horaire, tout en sirotant un thé gratuit à volonté- était bien mal adapté aux années de pandémie.
Il a donc fallu changer pour tenir le coup. Sa meilleure idée? Un service de livraison de bd à domicile! « Nous avons fait des livraisons sur toute l’île Montréal. Nous mettions les livres dans un sac et, trois ou quatre fois par semaine nous les livrions chez les particuliers! ».
Mais cette tension permanente provoquée par les annonces gouvernementales successives de fermeture et de réouverture a été une source d’épuisement professionnelle dont elle se serait bien passée. « On faisait un plan marketing pour rouvrir notre boutique et tout pouvait tomber à l’eau au même instant », explique-t-elle.
Pour peu, elle a bien cru perdre en une seconde ce qu’elle avait pu construire en cinq ou six ans. « Nous avons réuni nos employés et nous avons fermé. C’était la fin de l’aventure. Nous ne savions pas si nous aurions des aides pour passer au travers. Il y avait un côté définitif. Pendant toutes ces années, j’avais travaillé pour rien ». dit-elle.
La crise sanitaire s’est pointée au mauvais moment. Quelques mois auparavant, à la fin de 2019, la propriétaire avait pris la décision avec son associée de prendre de l’expansion après avoir constaté que le marché du manga était en pleine croissance ce qui risquait de mettre à mal sévèrement l’entreprise. Alors que tout allait de l’avant, le projet a été compromis par l’arrivée du coronavirus dans nos vies.
En l’en croire, l’idée de quitter le Québec pour retourner vivre définitivement en France comme le firent bon nombre de ses compatriotes ne l’a pas effleurée. Attachée à la Belle Province, elle estime davantage son appartenance québécoise plutôt que française. Elle a d’ailleurs récemment obtenu sa citoyenneté canadienne .
Pour l’heure, il reste beaucoup à faire. En temps normal, O-Taku avec son salon de lecture est un lieu de vie très animé. Cependant, la crise a modifié le comportement de la clientèle qui préfère demeurer chez elle.
Amélie ne baisse pas pour autant les bras et a lancé de nouvelles activités depuis la réouverture en avril avec « des soirées, jeux, jeux vidéo et quizz, des cours en présentiel également ainsi que les camps de jour! ». En espérant que cet horrible cauchemar devienne un lointain souvenir…