Les “Bretonophiles” vont être contents. Maïna Le Glatin, une trentenaire installée à Montréal, a fait de la promotion de la langue bretonne sa bonne résolution 2019. Après avoir lancé un groupe Facebook, elle organise des rencontres mensuelles gratuites à l’Anticafé. Objectif ? Jaser entre brittophones et bretonnants. Rendez-vous début février pour les prochaines leçons.
Selon un sondage commandé par le Conseil régional de Bretagne en 2018, 5,5 % de la population française interrogée parle (assez bien ou très bien) le breton, soit 207 000 personnes. La majorité d’entre elles sont retraitées et ont, en moyenne, 70 ans. Autrement dit, la langue bretonne est amenée à s’éteindre dans les années à venir. Sauf si la nouvelle génération décide de s’y (re)mettre, même depuis l’étranger. Une Française de Montréal a décidé d’ouvrir la voie.
“Je veux apprendre à parler breton depuis que je suis ado mais j’étais trop fainéante pour m’y mettre ! Et je le regrette maintenant”, raconte Maïna qui a grandi dans le Morbihan et dont la famille vient du Centre Bretagne et des Côtes-d’Armor. “Mes grands-parents et arrières-grands-parents maternels parlaient breton, j’ai grandi dans un environnement brittophone sans jamais rien comprendre à leurs conversations”, confesse celle dont la grand-mère n’avait pas ressenti le besoin de transmettre sa langue natale, pour des raisons historiques et culturelles. “Elle fait partie de cette génération qui a connu l’époque où il était interdit de parler breton à l’école avec les sanctions qui allaient avec, physiques notamment. Un sentiment de honte s’est donc logiquement installé”, raconte la Française qui a choisi Montréal pour développer son initiative. “Je n’aurais peut-être pas pu lancer l’initiative à Toronto (NDLR: elle y a vécu 5 ans et demi) car il y a moins de francophones là-bas”.
Créer un “échange d’immersion”
Si vous n’êtes pas Bretons mais que vous voulez apprendre le breton, vous êtes aussi les bienvenus ! “Les cours sont ouverts à tous ceux qui veulent apprendre et transmettre. Cela permet également aux non-Bretons de découvrir notre culture”, explique la diplômée en histoire de l’art et préservation du patrimoine culturel. Concrètement, il s’agit d’une démarche individuelle et collective. “Le groupe Facebook existe pour s’entraider et organiser les rencontres dans le réel. On y poste aussi des vidéos ou des articles intéressants sur le breton, tout ce qui permet de faire avancer l’apprentissage de la langue”.
Pour l’heure, son but à atteindre est simple : créer un “échange d’immersion” avec des rencontres régulières entre les vrais bretonnants et les débutants qui ne demandent qu’à apprendre. À terme, elle espère que ce petit groupe de personnes avides de converser en breton prenne de l’ampleur, en créant des sorties (à la crêperie) ou des pauses-cafés aux quatre coins de la métropole.
Si le breton est plus difficile à apprendre que l’anglais ? “Probablement !”, lance la jeune femme en riant. “La langue bretonne a une structure très différente des langues latines. C’est une langue celtique, la façon de penser et de construire la phrase est différente. Le COD est souvent placé avant le verbe (…). Autrement dit, on ne tourne pas autour du pot !”, explique Maïna qui rêverait qu’une école Diwan ouvre à Montréal. “Il faudrait connaître le nombre de parents, pas forcément bretons, qui seraient intéressés par l’idée d’apprendre le breton en plus du français et de l’anglais”, précise la Bretonne qui estime que les Québécois pourraient bien être séduits par le concept d’autant que la Bretagne fait partie de l’histoire du Québec.
“Les Québécois, dans leur combat pour défendre la langue française, rejoignent les Bretons dans leur défense de la langue bretonne. Sauf que le breton est en voie de disparition, pas le français. Les Québécois ont su réagir à temps, avant”, explique celle qui considère que la situation du breton s’apparente un peu à celle des langues autochtones du Canada. “Ces langues sont en voie de disparition, et les cultures qui s’y rattachent aussi. Il n’est jamais trop tard pour changer les choses.” Kenavo !