Pauline Loctin, alias Miss Cloudy, est “artiste du papier et guerrière de l’origami”. Elle décore le Musée des beaux-arts de Montréal et la foire The Artist Project Toronto avec ses installations monumentales. Son projet “PLI.É” – des photographies de danseurs et danseuses en vêtements de papier – a touché le monde entier en sublimant la diversité dans la danse. Rencontre avec cette Française au nom aérien, qui garde néanmoins les pieds sur terre.
On peut dire que les fées se sont penchées sur le berceau de Pauline Loctin. Violoniste, elle s’est formée en musique et au marketing à Tours puis HEC Montréal. “Les gens pensent souvent que j’ai une formation de designer“, raconte la musicienne dont les prédispositions artistiques sont héritées d’une mère peintre et d’une famille avec “beaucoup de créatifs“.
Sa vocation d’artiste du papier, elle la doit à une erreur d’achat sur Amazon. À 30 ans, Pauline Loctin travaille dans le domaine du marketing digital, organise des ateliers créatifs chez elle pour le plaisir et se demande ce qu’elle va faire de sa vie. Un ami lui offre un livre sur les origami, qu’il a acheté en double par erreur. “Je partais en France pour un mois de vacances, se rappelle la jeune femme. J’ai pris le livre sans rien en attendre, et j’ai plié pendant des heures chez ma mère sur sa terrasse ! Ça m’a vraiment fascinée“.
Alors que cette nouvelle activité n’est encore qu’un hobby, une amie lui demande en 2016 de réaliser une murale en papier noir de 10 pieds carrés pour son mariage. “Je n’avais jamais fait ça, confie Miss Cloudy. Quand j’ai posté ça sur Facebook et Instagram, ça a explosé !“. En quelques mois seulement, les contrats s’enchaînent. Un démarrage en beauté avec le Musée des beaux-arts de Montréal, puis Veuve Cliquot.
“Au début, je ne comprenais pas pourquoi on m’appelait ! À l’époque, c’était du freestyle complet“, raconte en riant Pauline Loctin. Depuis, la Française a collaboré avec l’Orchestre Symphonique de Montréal, travaille pour des magazines et des publicités, décore l’exposition Thierry Mugler au MBAM et a réalisé en février 2019 une murale de 85 pieds pour la foire The Artist Project à Toronto.
Avec la diffusion du projet PLI.É en 2018, Miss Cloudy acquiert une renommée internationale. Elle habille des danseurs et danseuses de vêtements de papier (tutus, écharpes…) pour une série de clichés pris par la photographe Melika Dez à Paris, Rome, New York, Montréal. Un mélange classique-rock aussi beau qu’original, qui fait mouche. “Cela a fait un buzz parce que les gens ne s’attendaient pas du tout à ce mariage là : mettre du papier sur des danseurs, personne n’avait vu ça venir ! (…) Et aussi parce que j’utilise des papiers un peu fous, comme les papiers miroirs !“, raconte-t-elle.
Novateur et follement esthétique, le projet PLI.É a également touché par sa mise en valeur de la diversité dans la danse ; un coup de projecteur inhabituel dans ce milieu. Lors de l’exposition des photos à Ausgang Plaza à Montréal, l’émotion était palpable. “Il y a des filles qui ont pleuré. Ça me donne des frissons. Elles nous disaient : “il n’y a personne qui nous montre comme ça !”“, raconte Miss Cloudy.
Le rayonnement de PLI.É doit beaucoup au marketing digital, en particulier grâce à Instagram. “Mon triple background m’a beaucoup aidée depuis le début, confie Miss Cloudy. La portée d’Instagram est mondiale. Avec PLI.É, on a touché la planète entière, tous les continents. Les gros journaux ont toujours du poids, mais quand tu es connu sur Instagram, cela aide énormément“.
Depuis son atelier montréalais aussi petit que ses réalisations sont imposantes, Miss Cloudy se fait désormais aider par une personne à temps plein. Elle animera un atelier d’origami 3D à Paris le 22 juin, aimerait décliner PLI.É dans quatre nouvelles villes et l’exposer en Europe. Son rêve ? Que G.F. Smith l’aide à éditer un livre. Ce serait sublime, ça ne fait pas un pli !