Depuis mai, l’entrepreneur français Yves Delnatte s’est donné un défi : faire entrer les babyfoots Stella sur le marché québécois.
Originaire du Nord de la France et installé au Québec, Yves Delnatte a fondé plusieurs sociétés des deux côtés de l’Atlantique. Spécialisé dans les technologies, il avait comme projet de digitaliser les babyfoots de la marque Stella, une entreprise du Nord et une référence dans le domaine. « On avait un projet fou, celui de développer un babyfoot connecté », raconte Yves Delnatte. Le projet n’a finalement pas vu le jour, mais Nicolas Chantry, l’actuel président de l’entreprise, et Yves Delnatte ont eu une idée : donner une chance aux babyfoots sur le marché nord-américain.
Yves Delnatte est désormais le vendeur exclusif des babyfoots Stella sur les terres québécoises. Il s’est promis d’en écouler 28 en trois mois, avant son retour en France prévu cet été. « Je ne fais pas ça pour gagner de l’argent, c’est mon petit défi avant de partir, je sais qu’il y a de la demande et ce sont de très beaux objets », explique-t-il.
Derrière ce projet singulier se cache une histoire captivante qui lui donne tout son sens. Tout remonterait selon l’entrepreneur à une rencontre entre le Québec et la France.
Les premiers babyfoots Stella ont vu le jour en 1928 dans le Nord de la France grâce à leur inventeur Auguste Sarrault. Cela fait près d’un siècle que les joueurs s’affrontent autour de ces jeux qui occupent de nombreux bars et cafés.
Selon Yves Delnatte, le fondateur aurait rencontré au cours d’un voyage d’affaires un Québécois du nom de Jacques. La passion de cet homme pour le hockey lui aurait inspiré le baby-hockey, un jeu similaire au baby-foot imprégné de l’esprit du hockey canadien.
Légende ou fraction d’histoire ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’un baby-hockey est exposé dans le musée de l’usine Stella, dans le Nord, et qu’un autre existe quelque part au Canada. Si elle n’en est qu’au stade de prototype, la commercialisation de la version hockey reste un rêve pour Stella.
« On a les plans, la patente, tout ce qu’il faut. Mais faire un baby-hockey en France, ça ne marcherait pas », affirme Yves Delnatte.
« Nicolas Chantry m’a dit ‘on tient le pari, si tu vends tous les baby-foots, je regarde pour venir m’installer au Québec’ », relate Yves Delnatte qui espère à travers ce défi voir Stella produire ses objets emblématiques de l’autre côté de l’Atlantique, mais aussi développer le baby-hockey qui fait partie intégrante de l’histoire de la marque.
Les 28 pièces du « projet québécois » ont été produites par l’usine Stella en un temps record au début de l’année : « C’est un beau projet d’entreprise pour eux. Ils ont travaillé comme des fous. Ils ont mobilisé tous leurs salariés et ont fabriqué les 28 baby-foots en quatre semaines avant de nous les envoyer dans le conteneur. »
Les baby-foots importés par Yves Delnatte sont numérotés et estampillés, c’est une édition limitée Québec. Ils se déclinent en cinq différents modèles : l’historique jaune et rouge, la version tout en chêne, des noirs laqués, un autre personnalisé pour l’entreprise Fizz et un spécial québécois bleu et blanc arborant la fleur de lys. Celui-ci, vous l’avez peut-être aperçu lors du Sommet de l’Innovation organisé par French Tech Montréal ou encore lors du C2 Montréal.
Yves Delnatte a de multiples casquettes. Il est notamment l’ancien président de French Tech Montréal, co-fondateur d’Altruwe, un réseau social tourné vers l’altruisme, et de INEAT, entreprise précurseuse en matière de bonheur des employés en France. Selon lui, toutes les start-up devraient intégrer l’achat d’un baby-foot à leur business plan.
« Pour moi c’est un réseau social, mais réel. Les gens naturellement viennent pour se connecter, se marrer, jouer, organiser des tournois, ça change des écrans et ça crée des liens très facilement », assure ce dernier.
Il souligne que ses premières ventes ont porté leurs fruits très rapidement. Il raconte que lorsqu’il a livré un baby-foot à la compagnie Lallemand, le temps qu’il déjeune avec le patron, l’avaient déjà monté, avaient organisé un tournoi et déjà commencé à jouer : « On est revenus et le patron a dit ‘ça marche’ ! »
Sur les vingt-huit baby-foots importés, Yves Delnatte affirme en avoir déjà vendu treize. Pour les reconnaître, rien de plus simple. Chacun possède plusieurs cendriers sur lesquels apparaissent la ville de fabrication, Tourcoing, un numéro de téléphone, et le nom Stella.