Cela fait bientôt deux ans que Pauline Dougé s’est installée à Montréal. Depuis, elle prend petit à petit ses repères avec Lépidoptère, une marque spécialisée dans les chemises féminines. Mais surtout, une marque responsable, qui va à l’encontre de la surproduction. Explications.
Tout débute il y a dix ans, lorsque Pauline Dougé pose ses valises au Québec pour un stage en stylisme et modélisme, et dont elle revient totalement séduite. « Je viens du Finistère et j’adore ma région. Nous, les Bretons, sommes des voyageurs et nous nous entendons bien avec tout le monde en général. Ici, j’aime la gentillesse des Québécois, les gens s’écoutent. À Paris, où j’ai fait mes études, c’était plus compliqué. » En 2018, la Bretonne décide donc de revenir dans la Belle Province, pour y installer son entreprise, Lépidoptère, fondée quelques années plus tôt, mais qu’elle avait mise de côté pour reprendre ses études.
Un nom mystérieux
“Lépidoptère” ? Ce nom bien mystérieux désigne les papillons et Pauline Dougé ne l’a pas choisi à la légère : « J’adore les papillons, je trouve ça très poétique, l’évolution de la larve qui se transforme, les couleurs… Ce mot n’est pas commun. Les gens se demandent souvent ce qu’il veut dire. Cela permet de créer du dialogue et d’expliquer les valeurs de la marque. »
Car avec sa marque, Pauline Dougé défend une certaine idée de l’industrie textile en prenant le contre-pied de la surconsommation : ses pièces ne sont produites qu’après commande. « En général, les enseignes produisent en quantité, puis font le nécessaire pour écouler tout le stock. Chez Lépidoptère, on ouvre une période de précommande, puis on prépare les chemisiers pour chaque cliente », explique la Française, qui évite ainsi la surproduction. Il faut compter 2 à 3 mois pour recevoir votre commande, avec la garantie toutefois de contribuer à une production plus juste et responsable. Malgré cette production adaptée en fonction du nombre de commandes, ne vous y trompez-pas, la rupture de stock existe et les collections sont éphémères, à l’image des papillons : « On commande des rouleaux de tissus au mètre et quand il n’y en a plus, il n’y en a plus. »
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Une démarche responsable
Pour s’offrir un haut Lépidoptère, il faudra débourser entre 135$ pour un t-shirt et 195$ pour une chemise. Un prix que Pauline Dougé justifie par les valeurs qu’elle défend : le respect des employés, la qualité des produits… Les rouleaux de tissus restants sont toujours exploités pour fabriquer d’autres pièces et la marque travaille actuellement sur un projet de recyclage des chutes :« Dans les collections à venir, toutes les chutes de tissus seront utilisées pour faire des bandeaux ou des “tote bags” (sac en toile souple). ». La marque apporte également un soin particulier au choix des matières et aux finitions, en faisant appel à des fournisseurs locaux et à des couturières montréalaises : « Nous prenons des couturières qui font un travail minutieux et de qualité et que je souhaite bien rémunérer, ce sont les petites mains de Montréal. »
Des envies de développement
À Montréal, la marque prend un tout nouveau départ et importe un peu du style français que la créatrice affectionne tant. « On trouve actuellement peu de références spécialisées dans les chemises pour femmes et encore moins de qualité, explique la créatrice. Et le marché québécois est différent du marché français et européen en général. Il est divisé entre les grandes enseignes et les petites marques vendues une fortune. Avec Lépidoptère, j’ai voulu me placer à mi-chemin entre les deux concepts, en apportant un regard plus européen, une élégance et une attention particulière aux détails. »
Seule aux commandes de Lépidoptère, Pauline Dougé a l’habitude de travailler avec une photographe et une patroniste mais espère bien agrandir son équipe dans les années à venir afin de repousser les frontières de la marque, et pourquoi pas, d’ouvrir ses bureaux : « Mon projet serait d’avoir des petits bureaux pignon sur rue où les clientes pourraient venir constater la qualité des produits et toucher les matières. L’idéal serait de se développer en France et au Canada, un marché situé entre les deux pays, comme mon cœur. »