Française de sang mais Québécoise de cœur, Léa Lord est une artiste peintre débordante d’imagination. Peinture, sculpture (par accumulation), cartes Pop-Up… Maudits Français a mis les pieds dans l’antre du « détournement artistique » de Léa Lord, qui prépare sa première exposition en solo à Montréal.
Diplômée des Beaux-Arts de Angers, Léa Lord a fait sa première exposition à Montréal en 1992, pour les 350 ans de la ville, avec une dizaine d’artistes français. Une première rencontre avec le Canada qui ne sera pas la dernière. Elle vient vivre dans la Belle Province de 1999 à 2002, s’attache à un cercle d’amis et participe à quelques expositions collectives. L’artiste avoue avoir eu un coup de cœur immédiat pour Montréal depuis le premier jour. « Ici, ça a toujours été notre deuxième patrie depuis 99, on a toujours eu le sentiment quand on venait ici, de retourner chez nous » dit la créatrice qui, quinze ans plus tard, avec son mari, s’installe définitivement au pays des caribous. Le couple apprécie de plus en plus chaque jour leur nouvelle vie. « On se sent à l’aise ici, on a toujours aimé Montréal ! La qualité de vie, la simplicité du rapport avec les gens, la campagne en ville (quasiment), on a l’impression que beaucoup de choses sont plus faciles ici qu’en France, au niveau professionnel, au niveau des contacts… »
« J’adore jouer avec les limites »
En s’installant à Montréal pourtant, Léa Lord se rend compte du risque pris étant une artiste française. « Quand je suis arrivée ici, j’ai démarché une trentaine de galeries, je n’ai eu aucune réponse, ils ont leurs artistes et n’ont pas toujours la curiosité d’aller voir ailleurs. » Mais elle persiste. Et si cette artiste aux multiples facettes regorge d’idées toutes plus originales les unes que les autres, c’est sûrement grâce à son parcours professionnel. « J’ai toujours fait des métiers à coté parce que ce n’est pas évident de vivre de ses créations… J’ai travaillé dans le design, dans la PLV (publicité sur le lieu de Vente), les décors de théâtre… ça a toujours été en rapport avec l’art. J’estime être chanceuse de ne pas avoir fait des métiers qui n’ont rien à voir ! »
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que Léa Lord se confie sur sa première exposition seule à l’Espace Galerie, qui débute le 12 mars prochain. « Je vais présenter pour la première fois des sculptures par accumulation et non par soustraction : c’est une accumulation d’objets, de beaucoup de jouets. Je suis une grande collectionneuse, donc je garde tout et rien depuis des années, j’adore ça, je suis très chineuse de bazar ! »
Elle puise son inspiration dans tout ce qui l’entoure : la faune, la flore, les cabinets de curiosité… L’artiste confesse qu’il y a beaucoup de détournement dans son travail. « J’adore jouer avec les limites, celles du bon goût comme du mauvais goût », dit l’artiste dont la série d’œuvres Têtes à têtes est en plein dans le thème. « J’ai détourné des têtes à coiffer ». En plus de ses drôles de têtes, elle ajoute en rigolant qu’elle s’est tout particulièrement amusée à produire une série de tableaux avec son chien aux côtés de la reine d’Angleterre, de Jésus ou encore la Vierge, qu’elle appelle « des peintures clin d’œil ».
Une rencontre qui a donné naissance aux cartes Pop-Up
En parallèle, Léa Lord s’est associée avec Lucie Bélanger, elle aussi artiste diplômée des Beaux-Arts, pour lancer des cartes Pop-Up sur le thème du Québec et de Montréal. La Poutine, le château Frontenac à Québec… Leurs créations célèbrent leur pays. Les deux femmes se sont rencontrées en 2000 grâce à une amie commune. Partageant les mêmes passions, Lucie raconte : « Quand Léa est revenue habiter ici en 2017, je lui ai mis le grappin dessus pour collaborer avec elle. » Grande fan des pop-up, Lucie a même une collection de livres. Elle avoue ne pas être une bonne dessinatrice, c’est pourquoi elle avait besoin des petites mains de Léa pour les illustrations pendant qu’elle, s’occupe de faire la mise en volume des cartes.
Dans un esprit bon enfant, Lucie partage avec joie tous les moments passés avec Léa. « On passe des journées complètes à rire, on découpe, on colle ensemble et on fait tout à la main, il y a des petites choses qu’on fait avec des machines qu’on a mais ce ne sont pas des machines professionnelles ! »
Mises sur le marché depuis 2019, on retrouve cinq modèles de cartes Pop-Up différentes. Mais les deux femmes ne s’arrêteront sans doute pas là. « On se disait qu’on pourrait faire un livre pour enfant mais on a chacune des activités différentes à coté des cartes, on ne vit pas de ça ! » explique Lucie. « Pour l’instant, c’est du fun », acquiesce Léa.