Le choc des CV : ce que les recruteurs québécois attendent vraiment

Le choc des CV : ce que les recruteurs québécois attendent vraiment

Par Carla Geib / Le 21 novembre 2025 / Travail

Vous débarquez à Montréal avec votre CV français sous le bras. Vous l’envoyez à des dizaines d’entreprises, mais c’est le silence radio. Le problème vient peut-être de votre CV. L’avez-vous adapté aux codes du Québec ? Voici comment le transformer pour séduire les recruteurs d’ici.

1. Ce qu’il faut éviter

Le premier réflexe français est d’ajouter une jolie photo, votre âge, votre statut matrimonial, le nombre d’enfants que vous avez… Bref, tout ce qu’on considère « normal » dans un CV en France. Au Québec, il va falloir oublier.

Selon Emilie Metge, consultante en recrutement international, ces informations sont non seulement inappropriées, mais peuvent aussi être « choquantes ». Ici, les recruteurs cherchent à éviter les biais de sélection. Tout ce qui peut mener à une discrimination (âge, apparence, situation familiale) doit disparaître de votre CV.

Votre document doit donc se concentrer sur vos compétences et vos réalisations, pas sur votre vie personnelle.

➤ Ce qui doit apparaître

  • Nom + ville (Montréal, QC)
  • Numéro de téléphone canadien
  • Courriel
  • Votre domaine ou titre professionnel

Un détail important : oubliez votre numéro français. Si un recruteur voit un +33, il ne rappellera presque jamais. Obtenir un numéro local doit être une priorité. C’est aussi important qu’avoir un numéro d’assurance sociale (NAS).

➤ Ce qu’il faut vraiment éviter

  • Photo
  • Âge, situation familiale, nombre d’enfants
  • Adresse complète

Enfin, pensez à mentionner votre niveau d’anglais, même si vous visez une entreprise francophone. C’est une norme canadienne.

Le CV québécois se veut plus « pragmatique ».

Enfin, pensez à mentionner votre niveau d’anglais, même si vous visez une entreprise francophone. C’est une norme canadienne.veau d’anglais, même si l’entreprise que vous visez est francophone.

2. Format et présentation

Au Québec, le CV doit être simple, clair et rapide à lire. Pas besoin de mise en page complexe ou de design hyper créatif : les recruteurs veulent aller droit au but. On mise donc sur une structure épurée, avec des sections bien identifiées :

  • Profil
  • Compétences
  • Expérience professionnelle
  • Formation
  • Certifications (si pertinent)

Pour la longueur, on reste sur la même règle qu’en France : une page, ou deux seulement si c’est vraiment nécessaire. Par contre, un point change au Québec : les compétences et les expériences pèsent plus lourd que les diplômes. Mettez-les en avant.

L’objectif est simple : permettre à un recruteur de comprendre votre parcours en quelques secondes. Emilie Metge le rappelle : « Ce serait naïf de croire que les recruteurs lisent tout le CV. »

Et si vous avez des créations à montrer (designer, journaliste, photographe…), rien n’empêche d’ajouter un portefolio à côté du CV.

3. Un ton pragmatique, direct… et québécois

En France, on aime les formulations élégantes ou soutenues. Ici, ça peut desservir. « Si vous utilisez trop de mots compliqués, le recruteur pourrait se dire : cette personne ne s’adaptera pas à l’équipe », explique Emilie Metge.

Côté style, Emilie Metge insiste : « On ne va pas faire des grandes phrases comme en France, on va utiliser des verbes d’action, des mots clés, des bullet points. » Le CV québécois se veut en effet plus « pragmatique ».

L’objectif ? Action + clarté.

  • Utilisez des verbes d’action : coordonner, analyser, optimiser, superviser, rédiger.
  • Organisez vos expériences en 3 à 5 bullet points chacune.
  • Intégrez des mots-clés liés au poste convoité : communication, gestion de projet, service à la clientèle, marketing numérique…

La section « Profil » : votre meilleur allié

Écrivez quelques lignes, juste sous votre nom, pour résumer qui vous êtes et ce que vous apportez. Cette section, très nord-américaine, permet selon Emilie Metge d’être « efficace, pragmatique, et de bien cerner le profil du candidat », et ce en quelques secondes.

L’exercice peut sembler difficile, mais il est redoutablement formateur. Une section profil bien écrite donne déjà un aperçu de votre personnalité, de votre façon de penser et même de votre aisance à vous présenter. C’est votre première impression… avant même l’entretien.

4. Parler québécois sur son CV

Il y a quelques trucs à connaître pour employer un vocabulaire adapté au Québec. Voici quelques exemples :

  • Manager → Gestionnaire
  • Licence → Baccalauréat
  • Master → Maîtrise
  • Stage → Stage, oui … mais précisez s’il était à temps plein (c’est important pour le marché québécois)

Et surtout :
Le baccalauréat français (le diplôme du lycée) n’a pas d’équivalent réel au Québec. Évitez de le traduire. Mettez simplement : Diplôme d’études secondaires – France.

5. Dernier conseil : adaptez votre CV à chaque offre

Au Québec, adapter son CV à l’annonce est non seulement conseillé… c’est attendu. Les mots-clés de l’offre doivent se retrouver dans votre CV. Oui, c’est plus de travail, mais ça change tout.

Enfin, comme toujours : ne survalorisez pas votre CV, n’inventez rien et, oui, on le précise, évitez d’utiliser l’intelligence artificielle pour le rédiger à votre place.

Comme le résume Emilie Metge :
« Ton CV c’est ta personnalité, c’est ta carrière, c’est ton parcours. Tu dois être très à l’aise de l’expliquer, de le décortiquer, de le défendre parce que c’est une vente en entretien. »

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