Si vous croisez un homme avec une chemise et une cravate violettes dans Montréal, il s’agit peut-être de Kent ! Chanteur, auteur, compositeur, dessinateur… L’artiste pluridisciplinaire est cette semaine au Québec et présente, demain, jeudi 7 novembre, son nouveau roman, “Peine perdue“, ainsi que sa bande-dessinée “Elvis. Ombre et Lumière“. Rencontre.
Lors de son dernier passage au Québec, en 1996, Kent venait faire découvrir ses derniers titres au festival Coup de Coeur Francophone. Cette fois, s’il a traversé l’Atlantique, c’est avant tout pour apporter sa contribution aux Entretiens Jacques Cartier. Fort de son expérience dans l’industrie de la musique, l’artiste a participé, ce mercredi 6 novembre, au colloque Déconstruction et reconstruction de l’industrie de la musique : « Le monde de la musique a été à la pointe de la révolution numérique, ça a vraiment changé notre manière de travailler. Ça nous a permis de faire des choses qui étaient jusque-là impossible d’un point de vue créatif, mais ça nous a aussi fait perdre beaucoup, d’abord avec le piratage, puis maintenant avec le streaming qui rémunère mal les artistes », explique le chanteur et compositeur engagé, qui profite de son séjour québécois pour présenter ses nouvelles créations.
« J’aime bien changer »
Jeudi 7 novembre, dès 18h, Kent présentera son nouveau roman, “Peine perdue“, ainsi que sa bande-dessinée “Elvis. Ombre et Lumière“, à la librairie du Square d’Outremont. « Les romans, c’est quelque chose que je fais en pointillé, je les avance souvent pendant mes tournées. Il y a toujours des moments où il ne se passe rien. » Kent ne se souvient plus exactement du moment où lui est venue l’envie d’écrire “Peine Perdue”. « L’idée m’est venue d’un souvenir, je venais en vacances au Québec justement et j’ai appris le décès brutal d’une amie très proche. » “Peine Perdue” nous emmène à la rencontre de Vincent Delporte, jeune veuf qui doit composer avec les sentiments que lui inspire le décès tragique de sa compagne. Vincent Delporte est musicien, tout comme son créateur, mais ni voyez pas le reflet de Kent : « Si je cherchais à me raconter, je ferais une autobiographie. Quand on écrit, tous les personnages sont, de toute façon, un prolongement d’idée que l’on a en soit. »
Pour ce qui est d'”Elvis” là encore, n’y voyez pas une expression des goûts de Kent : « Je connaissais très peu Elvis, c’est plus Patrick Mahé, avec qui j’ai réalisé la bande-dessinée, le spécialiste. Moi je me suis beaucoup documenté. » Au fil des pages griffonnées par Kent, il est toutefois possible d’entrevoir la patte de l’artiste : « Tout au long de l’histoire, le style de dessin change légèrement en fonction de l’évolution du personnage. Je suis comme ça aussi, j’aime bien changer. Je ne rejette pas les choses, mais je change souvent d’avis. Je peux aimer un chanteur pendant quelques semaines puis passer à autre chose. Une chose est sûre, il faut toujours être critique même avec ce qu’on apprécie, c’est plus sérieux. » Riche de ces nouvelles créations, et devenu un artiste “touche à tout”, Kent s’inspire de ses multiples expériences avec un optimisme qui semble couler dans ses veines : « En fait, je m’épanouis en tout même en ne faisant rien. »
Une belle rencontre
Son passage au Québec lui aura aussi permis de rencontrer le dessinateur québécois Jimmy Beaulieu : « J’ai lu “Comédie sentimentale pornographique“, ça m’a beaucoup plu », ou encore Émilie Proulx : « Je ne la connaissais pas non plus, mais j’apprécie beaucoup également. C’était une joie de la rencontrer au Colloque Jacques Cartier ». Parmi les chanteurs québécois, Kent a sa petite préférence pour Pierre Lapointe : « Il a un talent fou. »
Seule regret de son séjour montréalais ? « Ça aurait pu être sympa de faire les friperies, admet-il. Je suis à la recherche d’une énième cravate seventies. »