Entrée dans l’univers du luxe par la petite porte, l’artiste Isaure Beau de Loménie se fait peu à peu un nom sur les scènes artistiques montréalaise et parisienne, où elle enchaîne les collaborations. Celle qui a grandi dans une famille de créatifs a finalement trouvé sa voie à Montréal, après plusieurs années à travailler en production dans des projets artistiques.
Tout commence alors qu’elle vient de perdre son emploi pour cause de pandémie de Covid en 2020, après huit années de salariat en publicité puis en production audiovisuelle. Elle décide alors de développer son style graphique pour occuper son temps. « Je me suis consacrée à faire quelque chose que j’aimais, j’ai réfléchi à ce qui m’inspirait ; les tableaux de David Hockney, le travail de Bottero et les formes rondes pour trouver un style qui me corresponde », se souvient-elle.
Elle réalise alors son premier tableau, Le dernier plongeon, puis publie sa photo sur la page Instagram Isaure Atelier qu’elle crée pour l’occasion. Deux jours plus tard, des amis lui achètent sa toile.
« De fil en aiguille, j’ai fait une deuxième toile, des potes me l’ont achetée et depuis, je n’ai jamais réussi à garder une toile en stock », raconte Isaure.
Quelques mois plus tard, grâce aux conseils de sa sœur qui est styliste, elle décide de faire imprimer ses œuvres sur des carrés de soie. « C’est un accessoire un peu intemporel, bon chic bon genre, voire un peu dépassé. J’ai pensé que ce serait intéressant de leur donner un nouveau souffle », se souvient-elle.
C’est à partir des œuvres qu’elle dessine sur l’application Procreate de son iPhone, que sont réalisés ses premiers foulards. En février 2023, une acheteuse de la Samaritaine à Paris découvre son travail et en juillet de la même année, ses foulards prennent place sur les étals du grand magasin. « C’est là qu’Isaure Atelier a pris une tournure un peu plus business », précise-t-elle.
Ayant déjà mis un pied chez LVMH, elle décide de démarcher Cheval Blanc, une marque qui appartient au groupe, pour leur proposer une collaboration. Leur hôtel de luxe à Saint-Barth l’invite en mars dernier dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, pour réaliser des toiles en live painting pour quelques clientes du palace : « J’étais dans un cadre paradisiaque et j’avais beaucoup de liberté artistique. »
L’artiste se lance aussi dans de plus grands formats. Alors qu’elle peint de plus en plus de toiles, peu de temps après le lancement de sa page Instagram, les propriétaires du restaurant Le petit Sao, dans le vieux port de Montréal, lui proposent de réaliser dans leur établissement sa première murale intérieure.
En documentant son travail sur les réseaux sociaux, elle développe son portfolio. Depuis, les collaborations artistiques se succèdent : un étui pour la marque de téléphone Samsung, des affiches pour des évènements et plus récemment, une murale pour l’hôtel Four Seasons à Montréal : l’artiste ne s’arrête plus.
« Montréal est une ville propice à faire de l’art et vivre au Québec m’a permis d’exploiter ce côté-là. En travaillant dans la pub, j’ai vu que cette ville pouvait être un vrai terrain de jeu », confie-t-elle. Aujourd’hui, elle affirme être inspirée par tout ce qui l’entoure au quotidien : « Un plat que je vais goûter dans un restaurant, un voyage, une exposition, des paysages, etc. ». Isaure a désormais trouvé sa patte artistique, dans laquelle on observe la présence de couleurs vives, de formes rondes et de corps féminins.
Isaure précise tout de même que pour vivre de son art, il ne suffit pas d’être talentueuse. « Il est nécessaire d’avoir une vision business, de parler chiffres et ce n’est pas incompatible avec le côté artistique du métier », explique-t-elle. Elle s’est d’ailleurs associée avec un de ses amis, Benjamin, notamment pour le démarchage et les négociations : « Quand il a embarqué, Isaure Atelier a pris un tournant 360. Il me permet de me ramener quand je m’égare et de me concentrer davantage sur le volet créatif ».
À l’avenir, Isaure aimerait faire davantage de collaborations avec le monde du luxe en France. « Ils sont très avant-gardistes et aiment tester de nouveaux concepts », précise-t-elle. Elle rêve aussi de développer une petite collection de chemises, notamment avec la marque Casablanca Paris.
Mais ce qu’ambitionne surtout l’artiste franco-canadienne, c’est de se faire une place sur le marché new-yorkais. « Il y a beaucoup de sièges de marques intéressantes qui font des collaborations avec des artistes » Elle espère même un jour laisser sa trace sur les murs de la grosse pomme.