Grâce à nous, vous êtes normalement imbattables en matière d’élections provinciales. Place maintenant aux élections fédérales : les Canadien·nes sont invité·es à se rendre aux urnes ce 21 octobre 2019 pour élire la 43e législature, à l’issue de 40 jours de campagne pour les 6 partis en lice. Décryptage.
Comment ça fonctionne ?
Le but des élections fédérales canadiennes est d’élire la prochaine législature fédérale et de déterminer quel parti politique formera le gouvernement. Le pays est divisé en plusieurs circonscriptions, où différents candidats de différents partis se présentent pour être élus. Le parti qui aura remporté le plus de circonscriptions sera invité à former le gouvernement. Il ne s’agit pas d’un système proportionnel, ce qui veut dire qu’un parti pourrait obtenir le plus grand pourcentage de voix sans toutefois former le gouvernement en raison de la concentration de ses appuis. En fonction du nombre de sièges obtenus, le gouvernement élu peut être soit majoritaire (ce qui implique qu’il a une majorité de sièges à la chambre des communes et qu’il a, dans une certaine mesure, les coudées franches), soit minoritaire (ce qui veut dire que le gouvernement est plus fragile et qu’il devra travailler avec les partis de l’opposition s’il souhaite rester au pouvoir). Une fois les députés élus, le Premier ministre choisira certains de ceux qui ont été élus sous la bannière de son parti afin qu’ils deviennent ministres et qu’ils fassent partie de son Cabinet.
Où et comment voter ?
Il n’est pas possible de voter par bulletin électronique. Les citoyen·nes canadien·nes sont invité·es à se rendre dans un bureau de vote pour voter par anticipation entre le 11 et le 14 octobre, et par bulletin spécial avant le 15 octobre dans un bureau d’Élections Canada. Ils peuvent aussi voter par la poste (mais la demande doit être faite avant le 15 octobre). Il existe également certaines procédures pour les individus en résidences pour personnes âgées, étant membres des Forces canadiennes, ou étant dans un établissement correctionnel. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur le site d’Élections Canada.
Quels partis se présentent aux élections ?
Sans surprise, les deux partis politiques qui ont le plus de chances de former le prochain gouvernement canadien sont le Parti Libéral du Canada ou le Parti Conservateur du Canada. Une “projection du vainqueur”, qui établit que ce sont les deux seuls partis ayant de réelles chances de constituer le prochain gouvernement, est d’ores et déjà disponible ici. Le Parti Libéral, dont le chef est Justin Trudeau, est un parti centriste et progressiste, qui rappelle à certains égards la troisième voie (ndlr : un mouvement politique cherchant à allier les meilleurs éléments du libéralisme et de la social-démocratie). Justin Trudeau vient de terminer son premier mandat en tant que Premier ministre, et certaines analyses démontrent que son gouvernement a tenu la vaste majorité de ses promesses électorales. Par contre, si les libéraux semblaient destinés à une victoire facile il y a un an, l’affaire SNC-Lavalin a eu un impact sur les intentions de vote, et les libéraux devront trouver une façon de s’affranchir de cet épisode s’ils souhaitent former le prochain gouvernement. Le Parti Conservateur, actuellement dirigé par Andrew Scheer, est résolument plus à droite que le Parti Libéral, et ce tant moralement qu’économiquement. Le précédent chef du parti, Stephen Harper a, lors de ses années au pouvoir, réellement façonné cette formation politique, et il est fort à parier que les priorités du parti demeureront les mêmes sous la gouverne d’Andrew Scheer. Depuis le début de l’été, le Parti Conservateur a notamment été attaqué pour sa gestion de la question de l’avortement ainsi que pour son approche face aux changements climatiques.
Quant aux autres formations politiques, le Nouveau Parti démocratique, dirigé par Jagmeet Singh, se situe résolument à gauche, et fait écho à la tradition “travailliste” britannique qu’incarne aujourd’hui Jeremy Corbyn. Le Parti vert du Canada, dirigé par Elizabeth May, a pour principal programme la lutte contre les changements climatiques. Le Bloc québécois, dirigé par Yves-François Blanchet, est un parti souverainiste qui est très proche du Parti québécois, et qui se donne pour mandat la défense des intérêts du Québec à Ottawa. Enfin, le Parti populaire du Canada est un nouveau parti créé par Maxime Bernier (un ancien ministre conservateur qui était nez-à-nez avec Andrew Scheer lors de la dernière course à la chefferie du Parti Conservateur). Ce dernier semble vouloir s’inspirer de la mouvance populiste observable à l’échelle planétaire, et s’attaque à l’immigration, au multiculturalisme, et à la lutte contre les changements climatiques.
Qui peut voter ?
Tous les citoyens canadiens de plus de 18 ans ont le droit de voter lors des élections fédérales. Ce droit est protégé par l’article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui protège aussi le droit de vote lors des élections provinciales et territoriales. Comme ce droit n’est réservé qu’aux citoyens, les résidents permanents ne peuvent pas voter.
Le Québec a-t-il une carte à jouer dans ces élections canadiennes ?
La population québécoise joue un rôle très important lors des élections canadiennes parce que le Québec a un poids considérable au sein de la fédération. Sur 338 circonscriptions à travers le pays, 78 sont situées au Québec, ce qui en fait la deuxième province la mieux représentée au parlement fédéral (après l’Ontario, qui compte 121 circonscriptions). Enfin, si quelques provinces sont traditionnellement associées à un parti politique (l’Alberta, à titre d’exemple, est considérée comme étant un bastion conservateur), on ne peut affirmer la même chose du Québec, qui constitue un territoire où pratiquement tous les partis politiques peuvent faire des gains importants.
Quant au gouvernement québécois, il a un rôle à jouer dans la mesure où plusieurs des enjeux qui risquent d’être discutés lors de la campagne touchent directement le gouvernement provincial (comme la Loi 21 et les questions relatives aux pipelines, par exemple).
Quels candidats devrions-nous surveiller et pourquoi ?
Le candidat à surveiller cette année est sans aucun doute Steven Guilbeault, qui s’est récemment joint aux libéraux de Justin Trudeau, et qui sera candidat dans la circonscription de Laurier—Sainte-Marie. Il s’agit d’un environnementaliste très respecté qui a fait le saut en politique active après plusieurs années passées en tant qu’activiste, conseiller et conférencier.
Un autre candidat à surveiller : Pierre Nantel, qui a récemment rejoint le Parti vert du Canada après plusieurs années passées en tant qu’élu néodémocrate dans la circonscription de Longueuil—Saint-Hubert. Si ce dernier a récemment fait les manchettes pour une déclaration controversée concernant la souveraineté du Québec et qu’il est en 3e place dans les sondages, sa candidature témoigne néanmoins de l’importance grandissante du Parti vert, et sa victoire représenterait une percée importante pour ce parti au Québec.
Enfin, la course qui oppose l’ancien président de la Fédération québécoise des municipalités, Richard Lehoux (Parti Conservateur) à Maxime Bernier (Parti Populaire) sera à suivre, alors que les deux candidats sont pratiquement à égalité dans les intentions de vote. Maxime Bernier a représenté la Beauce en tant que député conservateur pendant très longtemps, et le Parti Conservateur semble déterminé à préserver cette circonscription. Cette course est très importante car elle dictera l’avenir de la formation politique crée par Maxime Bernier ainsi que, par extension, la place qui sera accordée au populisme sur la scène politique canadienne.