« Être heureux, c’est avoir foi dans la vie. » Cette phrase illustre parfaitement la pensée de Frédéric Lenoir. On a philosophé à ses côtés avant sa conférence sur “L’art d’être heureux” à l’Union française le 5 février. Leçon de vie.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien directeur du journal du Monde des Religions vient au Québec. « J’étais venu une première fois à Montréal il y a 25 ans pour réaliser un documentaire. Depuis, je viens tous les ans pour parler de mes livres, faire des conférences et animer des ateliers de philo pour les enfants », nous a confié l’homme heureux.
“En France, si on a l’air de se sentir bien, on passe pour quelqu’un de naïf “
Interrogé sur ce qu’est réellement le bonheur en 2019, sa réponse coule de sens. « C’est la même chose qu’en l’an -2025, qu’en 672, et ce sera la même chose en 4027. Le bonheur c’est aimer la vie de manière inconditionnelle », explique le penseur contemporain. Impossible de ne pas lui demander son avis sur le mouvement des Gilets jaunes en France : manifestent-ils pour plus de bonheur au quotidien, pour aimer la vie inconditionnellement ? Vaste question.
« Historiquement, la France a une identité malheureuse : une vision très pessimiste où tout va très mal. Alors qu’à l’inverse, lorsqu’on interroge les personnes individuellement, 70 % d’entre elles affirment être heureuses. » Cela s’oppose radicalement à la vision américaine du bonheur. « Aux États-Unis, c’est l’inverse : les gens sont remplis d’optimisme », rapporte le philosophe selon qui le Canada serait un bon “équilibre” entre le pessimisme français et l’optimisme parfois “fatigant” des Américains.
“Je pense que collectivement c’est plus facile d’être heureux au Canada, il y a de l’entraide. Les gens sont plus optimistes et moins cyniques qu’en France, et au niveau professionnel c’est plus facile de (re)créer son réseau ici !“, lance Frédéric Lenoir qui ajoute que dans l’Hexagone, l’esprit “cartésien” et “voltairien” incitent aussi les Français·es à la critique perpétuelle. “En France, si on a l’air de se sentir bien, on passe pour quelqu’un de naïf !”, confie le philosophe qui, malgré tout, adore son pays. “La France est le plus beau pays du monde, on a la sécurité sociale, l’école est gratuite, etc. Ce n’est pas le cas partout, n’est-ce pas ?”
Pour répondre complètement à notre question, Frédéric Lenoir avoue que le mouvement des Gilets jaunes a permis au gouvernement de prendre conscience des souffrances réelles de certains Français. “Mais on ne peut pas revendiquer toujours plus. En politique, on ne peut pas faire des compromis éternellement, les Gilets jaunes qui s’obstinent dans le mouvement vont finir malheureux. » Parole de sage.
Avant de terminer notre conversation, le philosophe ne peut s’empêcher de nous relancer sur une maxime inébranlable : “Le bonheur c’est la foi dans la vie. Si on sait que la vie est bonne, la vie nous aide à avancer même dans les moments difficiles”, prêche le convaincu. À méditer. Et comme l’écrivait Voltaire : “J’ai décidé d’être heureux car c’est bon pour la santé.” Alors heureux ?
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