Musicien de talent, Erik Truffaz s’initie au jazz grâce à son père saxophoniste. ‘‘J’ai d’abord appris à lire les notes, et à six ans j’ai appris à jouer de la trompette’’, explique-t-il. Compositeur renommé, celui qu’on compare parfois à Miles Davis pour son approche avant-gardiste du jazz était à Montréal pour le Festival de jazz pour un rendez-vous avec l’histoire. Aux côtés du rappeur NYA, il a célébré le 20ème anniversaire de son mémorable album ‘‘Bending New Corners’’.
La musique d’Eric Truffaz mélange les genres. ‘‘Je m’inspire de tout, mais surtout de ma vie’’, déclare le trompettiste. Musique jazz, rock, pop, musique classique ou Massive Attack : ses inspirations sont multiples. ‘‘Ce qui me plait dans la musique, c’est la possibilité de faire des mélanges. Je ne veux pas me cantonner à un style prédéfini. Notamment parce que le jazz traditionnel ne fait pas partie de ma culture’’, continue-t-il. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a décidé d’inclure du rap dans ses morceaux. ‘‘La trompette et le rap, ça fonctionne bien ensemble’’, conclut-il.
Reprendre son premier album a permis au quartet de ‘‘rejouer une musique qu’on aime et qui nous a fait connaître.’’ Si les morceaux sont les mêmes, Erik Truffaz estime que le groupe est aujourd’hui ‘‘plus maître de cette musique’’, et plus ‘‘libre dans l’interprétation.’’
Si certains voient le jazz comme une musique ‘‘un peu démodée’’, cela ne pose pas de problème à Erik Truffaz. Le musicien estime d’ailleurs ‘‘remettre le jazz au goût du jour’’ : le nouvel album a des inspirations soul, électro et rock expérimental. Mais ce n’est pas son objectif principal. Le trompettiste cherche avant tout à ‘‘faire de la musique le plus honnêtement possible’’, en fonction de ce qu’il ‘‘ressent’’.
‘‘Le jazz change avec le temps, c’est une musique qui évolue en permanence.’’ Selon l’artiste, ce sont les médias qui feraient que le jazz perde de sa renommée. ‘‘Le public s’intéresse plus ou moins au jazz. Mais ça ne vient pas des artistes, plutôt des médias qui consacrent peut-être moins de temps à la musique jazz.’’ S’il estime qu’aujourd’hui, le jazz est loin du succès du rap, Erik Truffaz reconnaît que de nombreux festivals permettent toutefois de faire rayonner la musique jazz.
‘‘Les musiques au goût du jour, ce sont les adolescents qui les choisissent’’, détaille Erik Truffaz. Pour le musicien, le jazz était ‘‘au goût du jour’’ dans les années 1950. Parfois on a la chance d’être à la mode, il faut en profiter, estime-t-il. ”Mais par définition, c’est changeant, c’est fait pour naître et mourir. Il faut savoir l’accepter. C’est comme ceux qui veulent rester toujours jeunes. Ils se font refaire pour se donner l’illusion de la jeunesse mais ça crée des monstres…’’
‘‘La trompette est un instrument difficile à maîtriser’’, explique Erik Truffaz. La faute aux muscles des lèvres, très fragiles. ‘‘Travailler son souffle, sa respiration, le centrage sur soi-même… Faire de la musique est finalement assez proche du yoga’’, estime le trompettiste. ‘‘C’est un excellent moyen de rester en bonne santé !’’
Le trompettiste ne s’arrête d’ailleurs pas de travailler. Entre les interviews et son concert, il travaille déjà sur son nouvel album, ‘‘Lune rouge’’, qui sortira en octobre. Le quartet a décidé de confier la direction artistique à un jeune batteur. ‘‘Il a 28 ans, et nous emmène dans des univers dans lesquels nous sommes moins familiers’’. Avec des rythmes plus complexes, ce nouvel album aura des sonorités différentes de celles auxquelles nous étions habitués. ‘‘Avec “Lune rouge”, on voyage grâce à la musique électronique des années 1970’’, conclut Erik Truffaz. Affaire à suivre !