L’acteur français Éric Judor est venu présenter son dernier film “Roulez jeunesse” au Festival du Nouveau Cinéma (FNC), réalisé par Julien Guetta. Pour l’occasion, on en a profité pour discuter un peu avec lui de son dernier rôle et de ses projets. Interview culte.
C’est dans une ambiance décontractée à l’hôtel Hyatt, au 6e étage du complexe Desjardins, que le co-créateur de la série “H” nous a parlé de son rôle dans “Roulez jeunesse”. Pour son premier long-métrage, Julien Guetta a d’abord pensé à Guillaume Canet ou Jean Dujardin. Finalement c’est Eric Judor qui leur a volé la vedette. « J‘ai croisé Julien en me baladant à Paris, on a discuté et il m’a dit que c’était moi qu’il voulait en acteur principal, parce que je collais parfaitement au personnage », se souvient l’acteur français.
Dans le film, il incarne donc Alex, un dépanneur automobile de 43 ans qui travaille dans l’entreprise de sa mère. Le pitch ? Un jour, il répare le véhicule d’une cliente sur le bord de la route et passe la nuit chez elle. Le lendemain matin, elle disparaît lui laissant 3 enfants sur les bras. « L’abandon du foyer, le désintérêt qu’a une mère pour ses enfants, c’est un sujet très fort chez Julien Guetta », continue Éric qui incarne un personnage victime de toutes “les pires galères”. « Tout le monde connaît des journées merdiques, mais celle d’Alex, je n’aimerais pas la vivre ! (rires). »
L’importance de la mère, c’est l’autre thème crucial du film et en particulier le côté “étouffant” de certaines d’entre elles. Cela, Éric l’a vécu : « À 27 ans, je végétais, j’étais comme un Tanguy chez mes parents et je trouvais ça confortable. On a tous besoin d’un évènement pour se dire : “Allez, faut que je démarre ma vie professionnelle !”. C’était un rôle qui me parlait beaucoup dans ce sens. »
« J’ai tellement l’habitude de faire des vannes sur le plateau, là on me l’interdisait »
À l’instar des humoristes comme Jim Carrey, dans leur changement de carrière, avec ce film, Eric Judor a décroché un rôle plus touchant et plus mature. « Je suis plus ou moins moi-même, je ne me dénature pas complètement : j’essaie de montrer une autre facette de mon jeu, coller aux exigences d’un autre réalisateur », explique l’acteur avant d’ajouter qu’il fallait changer de jeu de scène comme de costume. « Ce n’était pas difficile à faire techniquement, mais il fallait porter la cape de tristesse. Ça, c’est parfois difficile. »
À savoir s’il aimerait se tourner davantage vers des rôles plus “sérieux”, il répond que non. « J’adore faire rire les gens, j’adore la comédie. Tant que je ferai rire au moins 100 personnes, je continuerai. En dessous (NDLR: de 100 personnes), je change de métier », annonce-t-il en riant. Faire rire, amuser la galerie, il l’a d’ailleurs toujours fait, c’est dans sa nature : mais sur le tournage, il a dû s’en priver. « J’ai tellement l’habitude de faire des vannes, là ce n’était pas possible. Julien m’interdisait de continuer et d’improviser sur les scènes. C’était frustrant. »
Pour endosser correctement ce rôle, il a dû puiser dans son vécu personnel, certains moments difficiles qu’il a pu traverser dans sa vie. Et d’après lui, les rôles dramatiques sont un peu comme des tatouages. « Je ne me suis jamais fait tatouer, mais je pense que si tu te fais tatouer tout le temps, tu deviens chelou. Je ne pourrai pas m’habituer à cette douleur tout le temps, je n’en ferai pas un métier. »
Montréal depuis l’âge de 23 ans
Avant de former le célèbre duo avec “Éric et Ramzy”, Éric Judor, du haut de ses 23 ans, était accompagnateur pour les touristes français au Canada. « On faisait un circuit en bus de l’Ontario jusqu’au Québec, en passant par Toronto, Montréal et parfois New-York. » Il a exercé son activité d’accompagnateur une dizaine de fois avant de rentrer définitivement à Paris et de rencontrer Ramzy Bédia.
En 2007, c’est à Montréal qu’il a tourné pour le premier film déjanté de Quentin Dupieux (Mr Oizo), où il a endossé le rôle de Blaise dans “Steak” avec Ramzy. Enfin, son acolyte Ramzy Bédia, réalise le tournage de sa première comédie intitulée “Hibou” à Montréal, en 2015. Éric y interprète Marius. Comme quoi, tous les chemins mènent à Montréal…
À l’issue de l’entrevue, une question nous taraudait encore : un possible retour de “H” est-il possible ? « Laissons H à sa place : dans le passé des gens, dans leur enfance. Cela a marqué les années 90-2000, mais la série vieillit plutôt bien. Ce serait une erreur de faire H aujourd’hui, avec nos gueules de vieux (rires). En revanche, on a très envie de refaire quelque chose avec Jamel et Ramzy. » Alors là, j’hallucine !