Lorsque des sportifs français expatriés remuent ciel et terre pour représenter leur pays, impossible de ne pas souligner leur détermination. Antoine Sambin et son équipe 100 % française s’apprêtent à participer aux Championnats de France de curling le mois prochain, en Suisse… sous la bannière de Saint-Pierre et Miquelon. Voici l’histoire de cette collaboration inattendue.
Antoine Sambin a découvert une passion inattendue pour le curling en s’installant à Montréal il y a sept ans. « Ça fait très pétanque sur glace, ça m’a attiré. J’étais le petit Français au milieu des Québécois, et c’était parfait pour m’intégrer et rencontrer du monde », confie le sportif de 45 ans.
D’abord le seul de l’Hexagone dans son club, il a vu plusieurs compatriotes le rejoindre au fil des années. Il a rassemblé l’an dernier une équipe composée de trois autres Français pour participer à des compétitions québécoises. Très vite, une idée ambitieuse a germé : pourquoi ne pas concourir aux Championnats de France ? Après tout, bien qu’expatriés, ils n’en demeurent pas moins Français !
Pour concourir, chaque équipe doit être affiliée à un club de curling basé en France et enregistré auprès de la Fédération française des sports de glace. C’est là que Saint-Pierre et Miquelon entre dans l’arène. Avec son club de curling, le Curling club Saint-Pierre (l’un des plus actifs, si ce n’est le plus actif de France) la connexion est vite parue évidente. « On s’est dit : on est tous les deux du même côté de l’Atlantique, ce serait amusant qu’il y ait un représentant en France pour les championnats », raconte Antoine Sambin, capitaine (dit « skip ») de l’équipe.
Le club de Saint-Pierre et Miquelon n’avait aucune équipe locale en lice cette année. L’opportunité était donc parfaite. Après avoir vérifié le sérieux de l’équipe et s’être assuré que les coéquipiers montréalais assumeraient tous les frais liés au championnat, les responsables saint-pierrais ont donné leur feu vert : « C’est une opération blanche pour nous, puisque les frais sont entièrement pris en charge par les joueurs », explique le président du club, Michel Cambray.
L’équipe montréalaise participera donc aux Championnats de France à Genève du 6 au 9 février avec les équipements de Saint-Pierre, et pour Saint-Pierre. Et cette chance, les curleurs de Montréal la prennent très au sérieux : « On s’est vraiment pris au jeu avec les gars, en se disant qu’on est les représentants de Saint-Pierre. Quelque part c’était un délire de copains au début, mais maintenant on n’a pas envie de décevoir le club », confie le capitaine, une pointe de fébrilité dans la voix.
Le club de Saint-Pierre ne sera pas sur place le jour-J, mais Michel Cambray assure que le club est derrière eux, et qu’ils les soutiendront sur les réseaux sociaux. « Nous attendons un podium pour avoir l’occasion de les rencontrer à Saint-pierre, lorsqu’ils viendront présenter leur médaille lors de notre tournoi international du 2 et 3 mai prochain », promet le président du club. L’invitation n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. En plus, Antoine Sambin n’avait encore jamais eu l’occasion de visiter Saint-Pierre et Miquelon : « Si on gagne quelque chose, cela mériterait quand même qu’on fasse le déplacement jusque là-bas. »
Cette nouvelle participation aux Championnats de France est aussi une belle opportunité de visibilité pour le club de l’archipel, qui espère que ces événements pourront lui donner plus de reconnaissance. La quarantaine d’adhérents du club s’entraîne actuellement sur un aréna de hockey, comme la plupart des clubs de curling en France, où les patinoires dédiées restent rares. Des installations adaptées, comme des glaces exclusivement réservées au curling, pourraient permettre au club d’obtenir davantage de créneaux d’entraînement et de développer encore plus la pratique de ce sport à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Le curling a été inventé en Écosse autour du 16ème siècle. Lorsque les Écossais ont traversé l’Atlantique pour s’installer au Canada, ils cherchaient à occuper les longs hivers. Ils ont ramené ce sport avec eux et l’ont ancré dans la culture canadienne.
Le curling reste un sport méconnu en France, où il ne compte que 400 licenciés auprès de la Fédération française des sports de glace. Au Canada, c’est une toute autre histoire : ce sport emblématique est presque aussi populaire que le hockey sur glace. Chaque semaine, des centaines de milliers de curleurs envahissent les glaces du pays. Une vraie passion nationale ! Le Canada a d’ailleurs disputé la finale des championnats du monde l’an dernier, confirmant une fois de plus son statut de place forte du curling.
En France, les clubs de curling peinent souvent à obtenir des créneaux sur les glaces pour s’entraîner. Un grand nombre d’entre eux s’entraînent d’ailleurs sur des patinoires, faute de vraies pistes. Alors, si vous vivez au Canada, toutes les conditions sont réunies pour vous lancer !
« C’est un sport très stratégique, on le surnomme “échecs sur glace”. L’objectif est de placer ses pions pour se protéger, pour attaquer ou pour défendre », explique Antoine Sambin, qui assure qu’on peut s’y mettre à tout âge.
Si cette aventure éveille votre curiosité, direction la glace du club de Ville Mont-Royal, où Antoine Sambin s’entraîne régulièrement. Que ce soit entre amis, en famille ou avec vos collègues, profitez d’une initiation unique. Petit détail : il faudra réunir huit joueurs pour réserver votre session. Prêts à défier la glace ? Plus d’infos ici.