Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les relations franco-canadiennes. Les seules et vraies qui vaillent sont celles des couples franco-canadiens. Chacun à leur manière, ils ont réussi à surmonter leurs différences, à transformer leurs attentes, à faire fi de leurs accents respectifs et surtout à parler la même langue : celle de l’Amour. Rencontre avec ces héros quotidiens.
Yann Berhault, co-fondateur d’OMQ – On Mange Quoi (dont on a parlé ici) et Sébastien Laverdière sont ensemble depuis maintenant 3 ans, et s’ils ne sont pas (encore) mariés, ils sont conjoints de fait depuis presque 2 ans. “Mes parents sont très contents, ils adorent tout ce qui se rattache de près ou de loin au Québec. Alors un gendre québécois…“, plaisante Yann, 28 ans, originaire de Bretagne. “Certains de mes amis ont trouvé ça drôle, en me disant qu’ils auraient du mal à sortir avec un Québécois à cause de “l’accent”. Mais dans l’ensemble, mes proches ont vu ça comme une preuve, s’il en fallait une, que je m’étais bel et bien intégré au Québec.”
“Tu ne me le ramènes pas en France !”
Sa belle-mère québécoise n’a, en revanche, pas mâché ses mots lors des présentations : “Tu ne me le ramènes pas en France !”. Ce n’était déjà pas une option pour les tourtereaux qui ont toujours eu envie de faire leur vie au Québec. “La question de rentrer en France ne s’est jamais posée et je pense que ce n’est pas pour demain ! Sébastien avait déjà une bonne situation professionnelle lorsque l’on s’est rencontrés et n’a jamais envisagé de s’expatrier définitivement.”
D’après Yann, être en couple mixte, c’est avoir accès à une seconde culture mais aussi comprendre sa propre culture. “Je n’ai jamais autant appris sur la France que depuis que je suis en couple avec un Québécois !”, rapporte le Français qui précise que leurs apports culturels mutuels sont aussi très vastes. “Par exemple, maintenant j’adore les côtes levées et il raffole des galettes bretonnes, Sébastien adore Stéphane Bern et on regarde aussi bien Le Meilleur Pâtissier qu’Infoman !”
Quant à savoir qui a le plus influencé l’autre avec sa culture d’origine, la question fait débat. “Sébastien est beaucoup plus français qu’avant, c’est une évidence! (…) Il a compris qu’une pâte brisée est bien meilleure quand elle est faite avec du beurre et non avec du Crisco. Il fait aussi la bise à tout le monde, mon père inclus. (…)”, constate Yann.
Pogner des expressions toulousaines
Cécilia Defer, originaire de Toulouse, et Emilie Dagenais sont ensemble depuis trois ans et mariées depuis juin 2017. Pour elles non plus, l’idée de vivre en France n’a jamais fait débat. “Cécilia vivait ici quand on s’est rencontrées mais on s’est déjà dit qu’on ne voulait pas habiter en France”, raconte Emilie dont Cécilia confirme les propos. “L’avancée sociale que possède le Canada en matière d’égalité et de diversité m’a convaincue en un instant. Les seuls regrets sont ceux de ne pas voir ma famille quand j’en ai envie mais merci FaceTime !”, confie la développeuse web.
Quant à leurs éventuelles différences culturelles, elles n’y voient que du bon. “Elle est bonne pour parler, il me semble que c’est très français”, lance Emilie. “Elle a cette attitude très affirmative et cette confiance en soi que je remarque souvent chez les Québécoises“, lance Cécilia en retour.
Qui influence qui ? Les deux, à leur manière. “Cécilia est clairement plus canadienne qu’avant ! Surtout si on met de côté sa manière de parler. Elle a compris comment gérer le climat et s’organiser autour de ça. Elle est devenue plus décontractée et plus dégourdie”, rapporte fièrement Emilie qui, d’après Cécilia, a “pogné” des expressions toulousaines. “C’est drôle de la voir sacrer en occitan parfois !”, plaisante la Française de Montréal.
“Je pense faire ma vie avec cette personne là !
Mélodie Lupien, 24 ans, originaire de l’Estrie est en couple avec son amoureux alsacien, Thibault Desvernes, depuis 3 ans. “Quand Thibaut est arrivé dans ma famille, c’était un peu drôle la petite rivalité entre la culture française de mon chum et la culture italienne de mon beau-père (NDLR : le conjoint de sa mère). À table, il ne fallait pas apporter de vins français mais italiens”, lance Mélodie en riant. Très bien accueillie par sa belle-famille française, l’étudiante en théâtre musical à l’UQAM a même entendu dire qu’elle était apparemment “la première blonde qui avait l’air faite pour lui”. Flatteur.
La plus grande différence culturelle qu’elle a pu remarquer : l’affection en public. “Je trouve Thibault plus démonstratif que certains Québécois”, raconte Mélodie qui constate aussi que la notion de couple – en tant que duo – est plus marquée du côté français que québécois. “Quand Thibaut est invité à une soirée avec ses amis français, je suis forcément conviée ! Si je ne viens pas, on se demande où je suis ou s’il y a un problème”, confie Mélodie en riant, consciente qu’en France la notion de “fréquentation” n’est pas la même.
“Je pense faire ma vie avec cette personne là ! Notre histoire c’est celle d’un coup de foudre. C’était chimique”, lance Mélodie qui pense déjà au mariage. Haut les coeurs…