Bientôt le temps des fêtes, des cadeaux, des menus, de la magie… Mais en ayant changé de pays, il se peut que la manière de célébrer cette fin d’année soit différente de votre culture, comment jongler avec votre identité et vous intégrer également à l’esprit des fêtes québécoises ?
En ayant immigré au Québec, c’est une opportunité unique de tisser un lien entre deux mondes aux traditions riches et diverses. Ici point de marrons grillés, de 13 desserts de Provence, de St Nicolas, peu de champagne et de foie gras. Ici, pas de santons, de Père Janvier comme en Bourgogne mais plutôt des « bas de Noël », des parties de bureau, sucre à la crème, fudge…
Explorons l’importance de créer de nouvelles traditions une fois arrivés au Québec, tout en honorant l’héritage français. C’est l’occasion de mettre en lumière la liberté de vivre dans un nouveau pays, loin des pressions sociales et familiales. Cela offre la possibilité de façonner des traditions qui reflètent votre évolution, celle ou celui que vous avez envie d’être, ici et maintenant.
Faire évoluer les traditions, cet ancrage dans notre culture
Les traditions relèvent de la transmission, c’est un trait d’union social et temporel souvent affectif dans nos vies. Souvenirs d’enfance, clin d’œil générationnel face aux cadeaux, préférences culinaires selon votre région. Il s’agit d’une mémoire partagée par les membres d’un groupe, d’un pays, d’une religion ou tout simplement de la famille, de votre famille !
Les traditions du temps des fêtes peuvent être reliées à la religion, même si vous êtes athées, de quelque confession que vous soyez, ou pas, c’est un repère partagé. Venant de France vous avez les références de Noël – qui est à la base une fête religieuse chrétienne par excellence, ne l’oublions pas – et également les cadeaux pour les enfants, un esprit festif, peut-être la dinde aux marrons, huîtres, bulles et la bûche… de Noël justement. Mais, même la France est un pays avec une diversité culturelle riche. Il se peut que vous viviez déjà de multiples références à propos des fêtes, selon votre histoire, vos racines… Vous savez alors déjà conjuguer les cultures !
La magie des traditions, c’est ce que l’on en fait qui compte !
Il y a les traditions dont on hérite et celles que l’on choisit, qu’on s’approprie ou carrément que l’on crée pour qu’elles nous ressemblent ! Partir à l’étranger permet de ne garder que ce qui nous convient, de faire le tri. Et puis, quand on fait sa marque sur un nouveau territoire, c’est aussi l’opportunité d’adopter un mode de vie qui nous correspond intimement. L’un des aspects les plus libérateurs de s’installer au Québec est l’absence de pressions sociales et familiales préalables. Parce que justement nous sommes loin de la France, au sens propre comme au sens psychologique ! Cela est parfois difficile, mais on oublie trop souvent que c’est également une grande liberté qu’on peut embrasser pour bâtir une vie qui nous ressemble.
Il est vrai qu’il peut y avoir une certaine nostalgie de ne pouvoir vivre en famille, avec la tribu, ce moment magique. Mais cela peut vous offrir un espace de liberté pour vous réinventer, ne garder que ce qui est important pour vous, intégrer la culture du Québec et laisser ce qui ne vous convient pas, de la France comme du Québec !
L’interculturel des fêtes
Créer de nouvelles traditions ne signifie pas nécessairement abandonner celles qui ont été chéries en France, qui ont fait vos plus beaux souvenirs d’enfance. Au contraire, c’est l’occasion de les réinterpréter, de les adapter à la vie au Québec. Les racines françaises peuvent être le socle solide sur lequel bâtir de nouvelles pratiques, résultant en une fusion harmonieuse de deux héritages culturels. À vous la tourtière, les truffes au cacao et sirop d’érable, la musique traditionnelle québécoise en fond sonore. Mais irez-vous jusqu’à intégrer la tradition des « pulls moche de Noël » ? Là encore, prenez ce qui vous convient, et laissez le reste!
Anna, qui habitait dans un quartier plutôt anglophone, a eu le plaisir de faire du « caroling » avec un groupe d’amies anglophones, chaque année en décembre au bénéfice de Chez Doris, un refuge pour femmes.
Thibault, qui en arrivant au Québec n’avait pas un grand réseau, a été bénévole durant son premier Noël pour Opération Nez Rouge. Une expérience qu’il réitère chaque année tant cela était enrichissant. Pour lui, le bénévolat est devenu une autre manière de vivre le temps des fêtes.
Voici quelques pistes pour partager avec vos Français préférés, pour enrichir le lien, si vous restez au Québec pour les fêtes :
Cartes-cadeaux pour un restaurant qui fait de la poutine – de Montpellier à Paris en passant par Rennes ou Lyon -, des livres (pour petits et grands) à la Librairie du Québec à Paris qui livre partout en France, des décorations/objets d’artisanat du Québec, pistez les artistes du Québec qui passent en France pour offrir des places… Pas besoin de dépenser des fortunes, vous pouvez également faire du « DIY » avec une playlist de vos chanteurs préférés québécois pour votre neveu, des suggestions de 12 films québécois pour vos amis cinéphiles, un livret de recettes locales que vous avez déjà expérimentées pour votre belle-mère…
L’important est de partager, même les menues aventures de votre quotidien. Le temps des fêtes est une période très émotive, pour les enfants comme pour les adultes, prendre soin du lien encore plus qu’à une autre période de l’année est primordial et fait chaud aux cœurs !
Autant comprendre, pour mieux trouver vos marques et prendre votre place !
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A propos de l’auteur: Cécile Lazartigues-Chartier, consultante en inter-culturel, et montréalaise d’adoption depuis 25 ans, partage chaque semaine sur Maudits Français ses conseils pour bien vivre l’expérience québécoise.